Le 30 Juin 2017, Simone Veil a quitté la communauté des vivants.
Elle fut une sorte de conscience, de référence de la vie politique française tout au long de sa vie.
Je me souviens comme les gens de mon âge, quand le 26 novembre 1974, Simone Veil était montée à la tribune de l’Assemblée nationale pour défendre le projet de dépénalisation de l’avortement.
Je me souviens de sa dignité, de sa force de conviction et de cette phrase :
« Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme. Je m’excuse de le faire devant cette assemblée presque exclusivement composée d’hommes. Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. C’est toujours un drame, cela restera toujours un drame ».
<Vous trouverez ici ce discours>
Chaque fois qu’elle s’exprimait on ressentait sa dignité, ses convictions et ses grandes qualités humaines.
Robert Badinter avait été invité le 5 juillet par France Inter pour lui rendre hommage.
Et en peu de mots il a dit l’essentiel.
La guerre était à peine finie et elle a accepté de suivre son mari Jean pour aller vivre en Allemagne quelques années. Par la suite, elle a invariablement agi pour la réconciliation entre l’Allemagne et la France et pour la construction européenne.
Robert Badinter a dit :
« Elle avait compris encore adolescente qu’il n’y avait pas de place pour la paix, s’il n’y avait pas d’abord l’apaisement intérieur. On ne construit rien sur la haine, c’était ça la leçon de Simone Veil.[…]
Elle a œuvré pour la réconciliation franco-allemande. La construction pour l’Europe, et la réconciliation avec l’Allemagne a été sa grande cause, et « cela transcende tout le reste ».[…]
Elle était pro européenne, une européenne, c’est-à-dire les enfants des assassins ne doivent pas porter le crime de leurs parents ; cette démarche n’est pas si facile que de l’énoncer. Ce travail sur soi c’est la vraie grandeur de Simone Veil. »
En 2010 elle entra à l’Académie française, elle fit graver son numéro de déportée sur son épée. Elle occupera le treizième fauteuil qui fut celui de Racine.
Jean d’Ormesson l’accueillit par un très beau discours qu’il finit par cette phrase :
« Je baisse la voix, on pourrait nous entendre : comme l’immense majorité des Français, nous vous aimons, Madame. Soyez la bienvenue au fauteuil de Racine, qui parlait si bien de l’amour. »
A l’extérieur une centaine de militants anti-IVG manifestaient pour protester contre cette élection, contre la femme qui symbolisait le droit à l’avortement. A sa mort, plusieurs d’entre eux exprimaient encore leur haine à son égard.
Pour ma modeste part, je fais partie de l’immense majorité des français
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