Mardi 23 mai 2017

«Il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace»
Danton

C’est le 2 septembre 1792 que Danton devant l’Assemblée Législative a prononcé ces paroles devenus célèbres.

La France révolutionnaire était très mal, attaqué de partout, Verdun était tombé aux mains des prussiens cette fois-là et Danton est monté à la tribune pour se lancer dans un discours enflammé qui finit par ces mots : «Il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ». Puis, le 20 septembre 1792, avec la bataille et la victoire de Valmy sur les Prussiens, l’armée française, commandée par le général Charles-François Dumouriez, a arrêté l’invasion.

Vous en lirez davantage sur cette page de l’Assemblée Nationale : <Danton 2 septembre 1792>

Le Président de la République nouvellement élu, Emmanuel Macron s’est exclamé dans son discours au Louvre :

« Oui ce soir nous avons gagné un droit, un droit qui nous oblige. Vous avez choisi l’audace. Et cette audace nous la poursuivrons. Et chaque jour qui vient nous continuerons à la porter, parce que c’est ce que les françaises et les français attendent. Parce que c’est ce que l’Europe et le Monde attendent de nous »

Ce passage du discours, vous le retrouverez (à 14:23) dans l’émission de France 5 « C Polémique », derrière ce lien : <ICI>

Le journaliste Bruce Toussaint se tourne alors vers Jacques Attali et lui pose cette question : « Moi je dirais que c’est du Attali non ? »

Jacques Attali se défend d’abord en disant « Je n’y suis pour rien dans tout ça », puis dit sa confiance en Emmanuel Macron qui appliquera enfin les réformes dont la France a besoin et que lui-même préconise depuis si longtemps. Il pense que Macron aura cette audace et raconte comment les prédécesseurs d’Emmanuel Macron réagissaient lorsqu’il leur demandait des réformes audacieuses : « Si je fais ce que tu dis, ils vont venir me couper la tête ». Il rappelle de manière malicieuse que si aucun n’a été décapité, ils ont tous été virés par les électeurs.

En résumé Jacques Attali pense que nous sommes enfin sur la bonne voie et qu’Emmanuel Macron est l’homme de la situation.

Mais après, Bruce Toussaint donne la parole à Edgar Morin qui est également invité dans cette émission. Et Edgar Morin tient un autre discours (17:00) dont je tente ci-après de vous donner la substance :

« La question de l’audace, c’est l’audace pour qui ? Pour quoi ?

Moi je crois que c’est quelqu’un qui est capable évidemment de faire des grandes choses. […]

Ce petit bonhomme tout seul, cette sorte de Tintin a fait sauter l’énorme édifice. Il n’y est pas arrivé tout seul, dès le début il a eu d’énormes ralliements. Il est arrivé à rassembler ces ralliements hétéroclites.
La question aujourd’hui est que ce côté hétéroclite va avoir une convergence ?
Est-ce qu’il va arriver à donner une convergence à ça ?
Il sera obligé de donner une voie, un chemin qu’il n’a pas encore donné.
Il reste dans le flou, peut-être qu’il aura intérêt à rester dans le flou.
Mais à supposer qu’il ait des véritables pouvoirs après avoir passé l’obstacle des législatives…
Reste à savoir, ce pays qui souffre, il a besoin d’une nouvelle voie, ce qu’il appelle la transformation.

Nous connaissons la direction qu’il faudrait prendre. Nous savons qu’il faut réduire le pouvoir du calcul, de l’argent. Nous savons qu’il faut profiter de problèmes écologiques [à surmonter] pour redonner de la santé, de la vitalité à notre société.

Nous savons qu’il faut donner de la véritable solidarité qu’il faut insuffler par tous les moyens possibles dans un monde où domine le pour soi et l’égoïsme.
Nous savons que la France n’est pas isolée dans le monde.
Il a d’ailleurs dit que le monde attend quelque chose de la France.
Il faudrait que la France renouvelle un message comme celui que Dominique de Villepin avait adressé à l’ONU, lors du refus de participer à la guerre en Irak.
Qu’on sente que la France existe autrement qu’à la remorque des Etats-Unis. »

Voilà ce que ce vieil homme de 95 ans dit avec passion au jeune Président de 39 ans :

L’audace pour qui, pour quoi ?

Dans quel sens allons-nous ?

Sommes-nous convaincus qu’il faut faire reculer le calcul et l’argent et redonner des lettres de noblesse à la solidarité contre l’égoïsme et l’individualisme forcené ?

Bien sûr il faut des réformes de fond, on ne peut continuer comme cela.

Mais quelles sont les valeurs en œuvre ?

Je partage les interrogations d’Edgar Morin.

Je redonne le lien vers l’émission : <ICI>

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