Nous ne sommes pas sortis de la pédophilie, de l’inceste, de la violence faite aux femmes et aux enfants.
Le mot du jour a souvent parlé de ces sujets, en montrant combien ces crimes sont incroyablement nombreux et ont été odieusement banalisés.
Aujourd’hui c’est Judith Godrèche qui occupe le devant de la scène.
Je l’ai écoutée sur France Inter <Je n’ai jamais été attirée par Benoît Jacquot mais j’ai été son enfant femme>
Elle raconte, l’emprise, la violence, les coups, la peur à la journaliste Sonia Devillers dont j’ai apprécié la qualité d’écoute et la sensibilité pour accompagner ce témoignage avec dignité et douceur.
Interrogé par Le Monde, Benoît Jacquot nie l’ensemble des accusations. Il insiste sur le caractère « amoureux » de cette relation longue.
Et puis, il y eut aussi Jacques Doillon.
Elle a exprimé une parole forte aux César 2024 : <Je parle mais je ne vous entends pas>
La rentrée littéraire fut marquée par un livre remarquable de Neige Sinno : « Triste Tigre », dans lequel elle raconte son inceste subi entre l’âge de 4 à 7 ans.
Entre temps, il y eut les accusations nombreuses et cohérentes contre Gérard Depardieu et aussi Gérard Miller pour des viols et des violences faites aux femmes. Dans le monde du journalisme il y a PPDA
J’ai écouté le témoignage d’Anouk Grinbert, <Depardieu est comme ça parce que tout le monde lui permet d’être comme ça>
L’émission <L’Esprit Public> du 25 février est revenue, de manière plus globale, sur ces sujets : <Metoo du cinéma : le procès d’une époque ?> en soulignant notamment le caractère symbolique du cinéma :
« Le 7ème art a aussi une responsabilité particulière en ceci qu’il véhicule les stéréotypes, comme celui de la jeune fille sexy qui séduit les hommes bien plus âgés qu’elle. »
Ce sont souvent des actes qui ont été commis au vu et au su de beaucoup de monde.
Des parents, des adultes, des femmes et des hommes étaient là !
Ils n’ont rien dit, rien fait, ils n’ont rien empêché.
Dans l’interview avec Sonia Devillers, Judith Godrèche exprime cette supplique :
« Pour empêcher cela il aurait fallu une armée d’adultes. Pour résister il faudrait une armée d’adultes. »
Alors, on peut se lancer dans de multiples analyses sur le patriarcat, sur la libération des mœurs de mai 68 qui a été délétère sur certains points pour les femmes et les enfants.
Aujourd’hui j’en resterai uniquement sur ce point-là : « il faut une armée d’adultes ».
Des adultes qui connaissent la Loi et qui empêchent quand un homme qu’ils connaissent et qu’ils voient ne s’empêche pas.
On en revient à ces mots du père d’Albert Camus : « Non, un homme ça s’empêche. Voilà ce qu’est un homme, ou sinon… »
Albert Einstein, n’a pas toujours été un modèle de vertu et d’éthique, mais il a écrit une phrase très juste :
« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire.
Albert Einstein Comment je vois le monde (1934)
Des adultes qui protègent les enfants !
Mais aussi des adultes qui protègent d’autres adultes quand ce qu’ils voient, entendent ou savent n’est pas acceptable.
Encore faut-il être clair dans sa tête sur ces sujets.
Aussi, je partage aujourd’hui une initiative du département de Seine Saint Denis reprise par la maison de l’égalité homme femme de Grenoble et qui tente d’évaluer les violences à l’intérieur d’un couple : <Le violentomètre>
Cet outil utilise un code couleur Vert, Orange et Rouge qui qualifie des comportements.
Le vert, correspond à des attitudes qualifiées de saine, comme par exemple : « le partenaire accepte tes décisions et tes goûts »
L’orange correspond à une situation dans laquelle il faut être vigilant et dire Stop, par exemple : « le partenaire rabaisse tes opinions et tes projets »
Pour le rouge qui est le dernier stade, il faut se protéger, demander de l’aide car il y a danger par exemple « Pète les plombs lorsque quelque chose lui déplait ».
Je ne reproduis pas ici cette échelle que vous trouverez derrière ce lien : <Le violentomètre>
Des adultes ce sont des humains qui posent des limites et avant tout qui se posent des limites à eux-mêmes.
<1795>