Ce 1er février 2023 est mon premier jour de retraite.
C’est un drôle de nom que celui de « retraite ».
La première définition que j’avais comprise, dans ma jeunesse, de ce mot était sa réalité militaire : « battre en retraite ». Autrement dit fuir devant l’adversaire, abandonner le champ de bataille, abandonner la position.
Il existait des retraites en bon ordre de généraux ingénieux qui évitaient ainsi une défaite. Mais le plus souvent « retraite » était synonyme de « fuite », « débâcle », « débandade » « déroute ».
Dans la Lorraine de mon enfance et plus précisément le bassin houiller lorrain, il n’était pas question de « retraité » mais de « pensionné », celui qui touchait une pension.
C’était assez clair dans mon esprit : un salarié touchait un salaire, un pensionné touchait une pension.
Dans les cours de religion, on parlait d’une autre retraite, la « retraite spirituelle » pour s’éloigner du tumulte de la vie séculaire et commerçante.
Quand on se tourne aujourd’hui vers le « Larousse » il est clair que la première définition du mot retraite et la deuxième aussi, correspond à ma réalité d’aujourd’hui.
« 1. Action de se retirer de la vie active, d’abandonner ses fonctions ; état de quelqu’un qui a cessé ses activités professionnelles : Prendre sa retraite.
2. Prestation sociale servie à quelqu’un qui a pris sa retraite : Toucher sa retraite. »
Puis on arrive à la retraite spirituelle et une déclinaison :
« 3. Période où l’on se tient loin des préoccupations profanes pour se recueillir ; lieu où se déroulent ces exercices.
4. Lieu où quelqu’un se retire pour vivre dans le calme, la solitude, ou pour se cacher : Un appartement qui a servi de retraite à un fugitif. »
Il faut arriver au rang 5 pour parler d’une armée en retraite :
« 5. Marche en arrière d’une armée qui ne peut se maintenir sur ses positions. »
Et puis il y a des cas spécifiques :
« Bâtiment
6. Diminution donnée à l’épaisseur d’un mur, étage par étage, à mesure que l’on s’élève.
Militaire
7. Signal (sonnerie de clairon, batterie de tambours) marquant la fin d’une manœuvre ou d’un tir.
Vénerie
8. Sonnerie de trompe qui marque la fin de la chasse. »
Dans « le Robert » l’ordre n’est pas le même on commence par la retraite militaire.
Mais le juge de paix est le vieux « Littré » dont la première définition est : « Action de se retirer. ». Si vous voulez en savoir davantage voici le lien : https://www.littre.org/definition/retraite
Si on s’intéresse à l’étymologie du mot retraite on constate qu’il est formé de deux mots :
- du préfixe re, retour en arrière
- et du latin trahere, tirer, traîner, tracter
Et c’est donc le Littré qui commence par expliquer que c’est l’action de se retirer qui semble le plus proche de cette origine.
Mais comment appelle t’on la « retraite » des salariés dans les autres langues ?
En anglais, il s’agit toujours de se retirer : « retirement ».
L’italien semble plutôt utiliser « pensione».
Alors que l’allemand utilise « Ruhestand » ce qui signifie, en version littérale, Position (stand) de Repos (Ruhe).
Mais c’est ma belle-sœur Josiane qui m’a appris que l’espagnol utilisait un terme à la consonance. étonnante.
J’ai quand même voulu vérifier auprès du meilleur traducteur en ligne « DeepL »
Et pas de doute, l’espagnol utilise bien le mot « Jubilación »
Alors je suis bien incapable de produire l’exégèse de ce mot en espagnol.
Toutefois cette langue comme la langue française sont des langues latines.
Or l’excellent dictionnaire du CNRS nous apprend que « jubilation» vient du latin jubilaciun « chant d’allégresse » (Psautier Oxford, éd. F. Michel, p. 127 [= Psaume 88, 16])
Et à la fin du XIVème siècle on trouve :
« « réjouissance, joie vive » (Roques t. 2, 6319 : iubilacio, cionis jubilacion. c’est chançon joieuse. grant joie). Empr. au lat.jubilatio « cris », lat. chrét. « cris, chants, retentissement d’un instrument de musique (exprimant la louange, la joie, le triomphe; Vulgate, Psaumes 88, 16 et 150, 5) », dér. de jubilare (jubiler*). »
Il me semble donc qu’il faut bien entendre ce mot comme jubilatoire.
Si un peu d’Histoire ne peut nuire, il faut rappeler que le système de retraite français est mis en place à la Libération par les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945 qui instituent la Sécurité sociale.
Les pères de cette réforme furent Ambroise Croizat, ministre du Travail de 1945 à 1947 et Pierre Laroque , Haut fonctionnaire.
J’avais évoqué ces deux visionnaires de l’État social dans un mot du jour de 2016 en mettant en exergue une phrase d’Ambroise Croizat :
Mais il semble que l’ancêtre de tous les régimes de retraite français est « La Caisse des Invalides de la Marine Royale ». Le ministre des Finances de Louis XIV, Jean-Baptiste Colbert, a créé une pension de retraite pour les marins dès 1673.
Donc finalement, en un mot et en conclusion : Jubilation !
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Cher Alain, je te souhaite une bonne retraite et de profiter le plus longtemps possible du temps qui s’offre désormais devant toi pour cette nouvelle partie de ta vie.
Merci Corine, je vais pleinement vivre toute la vie qui me sera offerte !