Mardi 27 juin 2017

« La chambre forte du Jugement dernier est-elle menacée par le réchauffement climatique ? »
La réserve mondiale de graines, en Norvège, a été menacée par une inondation en raison de la fonte du permafrost naturel

Les records sont synthétisés par des chiffres, ils ont vocation à être battus. C’est ce qui se passe pour les températures presque partout dans le monde et en France en particulier.

Ces derniers jours en France de nouveaux records ont été ainsi établis. Le problème c’est qu’il s’agit d’une évolution qui se confirme d’année en année.

L’article des Echos que je cite ci-après rappelle que l’année 2016 a constitué l’année la plus chaude sur Terre depuis le début des relevés de températures en 1880.

Mais c’est mon amie Martine qui a attiré mon attention sur un incident préoccupant qui s’est passé en Norvège. Les esprits curieux et attentifs sont probablement au courant. Je dois avouer, pour ma part, que j’ignorais l’existence, de la « chambre forte du jugement dernier » jusqu’à mes recherches récentes suite à l’information de Martine.

Ces informations montrent à la fois la prudence des homo-sapiens, en même temps leur angoisse devant l’avenir.

En février 2008, dans l’archipel de Svalbard, cachée sous une montagne sur l’île du Spitzberg, à 1000 km du pôle Nord a été inaugurée la réserve mondiale des semences de l’humanité.

Le site Huffington Post nous apprend que:

« Dans ce caveau enterré dans l’Arctique sont stockées des milliers de graines, mais aussi de documents. Au cas où le pire arriverait.

[…] La réserve de semences, créée en 2008, contient 541 millions de graines de plus de 843.000 espèces différentes de plantes et se situe dans une zone démilitarisée. Elle a d’ailleurs servi lors du conflit syrien, pour reconstituer les stocks dans les pays voisins de la Syrie, dévastés par la guerre. »

Cette réserve mondiale a été, en effet, conçue en 2006 sous l’égide de l’ONU, pour protéger des catastrophes les graines de toutes les cultures vivrières de la planète et préserver la diversité génétique.

Creusée dans le flanc d’une montagne, à 120 mètres de profondeur, Les graines sont stockées dans des caisses ou des caissons alignés sur des étagères dans des pièces où la température ne dépasse pas -18°C, pour une conservation optimale.

Ce lieu de stockage qui est une ancienne mine, est désigné par plusieurs appellations, « Banque des semences de l’humanité », « Arche de Noé  souterraine » et ce nom un peu plus fantasmagorique : « La chambre forte du Jugement dernier » que j’ai eu la faiblesse d’utiliser dans l’exergue de ce mot du jour.

Cette réserve est entourée de glace permanente qu’on appelle le « permafrost » et a été conçue pour être autonome, c’est-à-dire qu’elle puisse fonctionner et perdurer sans intervention humaine. Au cas où le pire arrivait…

Les températures de 2006 ont fait fondre une grande partie du permafrost et l’eau a inondé le tunnel d’entrée, le mois dernier. La chambre forte et les semences ont été préservées. Mais cette information a inquiété les spécialistes qui ne s’attendaient pas à une telle évolution en 10 ans.

Je cite :

Huffington Post :

« L’État norvégien, qui a participé à la création de cette réserve de graines, n’avait pas prévu de devoir s’occuper du site en permanence. Ce qui explique qu’ils ne se sont pas rendu compte plus tôt de cette fuite d’eau.»

Libération :

« La hausse des températures a provoqué une fonte du permafrost naturel, censée rester gelé toute l’année, provoquant des inondations dans le hall d’entrée de quinze mètres de long. «L’Arctique et surtout Svalbard se réchauffent plus vite que le reste du monde », a expliqué Ketil Isaksen, de l’Institut météorologique norvégien, au journal Dagbladet, repris par The Guardian. Le climat change radicalement et nous sommes tous étonnés de la rapidité avec laquelle cela se passe.»

Le courrier international cite le Guardian qui a interrogé Hege Njaa Aschim, membre du gouvernement norvégien, propriétaire de la réserve :

«Nous n’avions pas prévu que le permafrost ne serait plus là et qu’il subirait un climat aussi extrême »

Il n’y a pas lieu de tenir des propos catastrophistes car l’eau fondue n’a pas atteint la réserve. Mais je cite les Echos :

« Les précieuses graines restent en lieu sûr dans l’entrepôt, stockées à une température de -18°C, optimale pour la conservation. Les variétés de semences sont stockées 100 mètres sous la montagne, dans des emballages sous vide. Censée protéger les graines pendant des centaines d’années. Mais cet incident sème le doute sur la capacité de cette « Arche de Noé végétale » à résister au changement climatique. »

Bien entendu le gouvernement Norvégien a pris des mesures pour l’amélioration de la sécurité du site

Par ailleurs il existe dans d’autres endroits du monde des banques de semence, moins importantes que la réserve de Svalbard, mais qui sont des compléments à cette prudence qui s’est emparée d’homo sapiens depuis qu’il sait que la nature et le climat terrestre sont en train de changer à grande vitesse.

J’ai écrit ce mot en m’inspirant ou en citant les articles suivants :

Les Echos : « La réserve mondiale de graines est menacée par le réchauffement climatique «

https://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/030354054730-la-reserve-mondiale-de-graines-est-menacee-par-le-rechauffement-climatique-2089931.php

Huffington Post : « « L’arche de la fin du monde » prend l’eau avec le réchauffement climatique »

http://www.huffingtonpost.fr/2017/05/22/larche-de-la-fin-du-monde-prend-leau-avec-le-rechauffement-c_a_22103054/

Libération : « En Norvège, la réserve mondiale de graines rattrapée par le réchauffement »

http://www.liberation.fr/planete/2017/05/26/en-norvege-la-reserve-mondiale-de-graines-rattrapee-par-le-rechauffement_1572264

Le Courrier International : « Changement climatique. Le permafrost entourant la banque mondiale de graines a fondu »

http://www.courrierinternational.com/article/changement-climatique-le-permafrost-entourant-la-banque-mondiale-de-graines-fondu

France Inter : « La banque de graines prend l’eau »

https://www.franceinter.fr/emissions/la-une-de-la-science/la-une-de-la-science-22-mai-2017

<Lien vers le site de la réserve de Svalbard>

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Entrée et intérieur de la réserve

 


Vendredi 24 Juin 2016

«Les technocrates, si on leur donnait le Sahara, dans cinq ans il faudrait qu’ils achètent du sable ailleurs.»
Coluche

Souvent les mots du jour se moquent des technocrates.
Mais ce n’est pas le cas de celui du jour. Cela étant, il n’en fera pas l’éloge non plus.

Coluche est mort il y a 30 ans, exactement le 19 Juin 1986 à 41 ans.
Coluche était drôle et souvent ses blagues cognaient juste.

Il voulait faire une nouvelle blague sur les technocrates et il a donc eu ce mot qui signifie que si on donnait un désert aux technocrates, ils ne pourraient pas exploiter intelligemment le sable qui s’y trouve à profusion.

Seulement Coluche se trompait, cette blague tombe à plat dès que l’on approfondit un peu ce sujet à savoir l’importance du sable dans l’activité humaine et la qualité du sable du désert.

Les anglais ont aussi une expression : « C’est comme vendre du sable aux arabes » qui veut signifier qu’un acte est inutile avec cette idée que vendre du sable aux arabes ne présente aucune pertinence économique puisque « les Arabes » sont en grande partie un peuple du désert et qu’ils ont donc du sable à satiété.

C’est tout aussi faux, d’ailleurs aujourd’hui les peuples arabes de Dubaï, du Qatar et des autres états pétroliers achètent massivement du sable ! Notamment aux Australiens.

J’ai été sensibilisé à cette problématique lors de cette émission de France Inter : https://www.franceinter.fr/emissions/un-jour-dans-le-monde/un-jour-dans-le-monde-23-septembre-2015-0

On y apprend trois choses :

  • Le sable est une matière première essentielle pour l’économie contemporaine :
  • Le sable du désert est inutilisable pour ces activités
  • Le sable est surexploité et cette surexploitation constitue un problème écologique considérable dont on parle peu.

On y apprend en outre que le sable est la ressource naturelle la plus consommée après l’eau et les hydrocarbures.

<Un premier article donne des détails techniques :> :

« Le sable est la 3ème ressource la plus utilisée au monde, après l’air et l’eau. Il représente un volume d’échanges internationaux de 70 milliards de dollars par an. Plus de 15 milliards de tonnes utilisées dans le monde chaque année. Sur la planète, 2/3 de ce qui est construit est en béton armé et le béton est constitué de 2/3 de sable.

Chaque année en France, ce sont plus de 7 millions de tonnes de sable qui sont puisées dans l’océan Atlantique et dans la Manche. A 95 %, ce sable est destiné à la fabrication de béton pour la construction.

Il faut 200 tonnes de sable pour construire une maison de taille moyenne.
Un bâtiment comme un hôpital, consomme environ 3000 tonnes,
Chaque kilomètre d’autoroutes engloutit au moins 30 000 tonnes de sable,
Pour construire une centrale nucléaire, il faut compter environ 12 millions de tonnes.

Entre 75 et 90% des plages de la planète sont aujourd’hui menacées de disparition. Si on ne fait rien d’ici 2100, les plages du monde seront de l’histoire ancienne.

A Dubaï, la presqu’île artificielle autoproclamée « 8e merveille du monde » a coûté plus de 12 milliards de dollars et a ingurgité près de 150 millions de tonnes de sable pompé au large des côtes de Dubaï.

3500 sociétés australiennes exportent vers la péninsule arabique. Leurs bénéfices ont triplé en 20 ans et le sable représente aujourd’hui un jackpot annuel de 5 milliards de dollars pour l’Australie.
L’existence même de Singapour dépend de ses importations de sable. Sa superficie s’est agrandie de 20% ces 40 dernières années. »

Evidemment une telle ressource avec tant d’intérêts financiers suscite des convoitises et même des délinquants : « En Inde, les pirates du sable agissent au grand jour sur plus de 8000 sites illégaux d’extraction, disséminés sur les côtes et rivières du sous-continent. Au Maroc, le sable volé représente à ce jour, aux alentours de 40% à 45% des prélèvements. »

En outre, il y a des exemples de gabegie :

« En Chine, 65 millions de logements sont vides, pourtant la construction est florissante et engloutie 1/4 du sable extrait sur la planète <

L’Espagne détient le triste record du pays qui a utilisé le plus de sable en Europe… pour rien. Alors qu’elle connaît une crise du logement sans précédent, 30% des habitations construites depuis 1996 sont inoccupées. Des aéroports entiers ont été édifiés, mais n’ont jamais vu un passager. »

Mais d’où vient le sable ?

« Depuis 5 000 ans, les hommes ont extrait des roches que ce soit par l’exploitation de mines, la déforestation ou encore l’extraction de granulats.

L’extraction de granulats (sables, graviers et galets) est majoritairement effectuée dans des carrières de sable et de gravier (granulats roulés) et de roches massives (granulats concassés, roches ornementales). Mais face à l’épuisement des ressources terrestres en granulats alluvionnaires et aux désordres engendrés par la surexploitation dans les rivières (approfondissement du lit, déchaussement d’ouvrages d’art), les industriels se sont tournés vers des ressources de substitution, notamment les granulats marins.

L’exploitation de sable marin s’est développée depuis les années 1970 et est en plein essor depuis. Certains navires de drague peuvent pomper par jour entre 4 000 et 400 000 m3 de sable au fond de la mer.

Pour résumer, le sable provient de deux origines principales : d’origine éruptive dans les carrières et surtout le sable marin. »

Les impacts sur l’environnement sont immenses et alarmants. La disparition du sable est une question qui se pose.

Denis Delestrac a réalisé un documentaire pour ARTE : « Le sable : enquête sur une disparition ».

Documentaire que vous pouvez acheter sur la boutique d’Arte : http://boutique.arte.tv/f9016-sable_enquete_disparition

<Ici vous trouverez un extrait du documentaire ARTE de Denis Delestrac : Le sable en quête sur une disparition>

Et ci-après un autre documentaire : http://future.arte.tv/fr/le-sable-va-t-il-vraiment-disparaitre#article-anchor-14781

Le site écologiste terraeco : http://www.terraeco.net/Les-marchands-de-sable-menacent,51075.html donne les informations suivantes :

« Le biologiste Pierre Mollo s’inquiète d’un autre impact, plus immédiat, sur le plancton. En remuant les fonds marins, l’extraction de sable crée un panache dans lequel remontent des minéraux et métaux lourds enfouis depuis des millénaires, explique l’enseignant chercheur, cela peut contribuer à rendre le plancton toxique. »

De quoi ajouter à l’inquiétude des ostréiculteurs. Elle-même moindre que celle des pêcheurs.

Car, par sa seule présence, la bruyante élingue des extracteurs fait fuir les poissons, tout en aspirant leur alimentation. Alors à Lannion, les professionnels de la pêche crient au conflit d’usage. « C’est insoluble car les zones qui présentent le plus grand nombre de sédiments marins, généralement les estuaires, sont aussi des niches de biodiversité », soupire Pierre Mollo.»

Il y a encore les articles suivants :

http://www.rfi.fr/afrique/20130604-le-business-marchands-sable

http://www.humanite.fr/environnement/marchands-de-sable-les-autres-pilleurs-d-ocean-542170

https://fr.sott.net/article/20862-L-Extraction-de-sable-Un-enjeu-environnemental-et-economique-majeur

Il existe donc bien des marchands de sable, peut-être même veulent-ils nous endormir pour qu’ils puissent faire leur business tranquillement, mais nous apprenons par toutes ces informations que ces marchands de sable ne sont pas de gentils bisounours.

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Vendredi 18 mars 2016

Vendredi 18 mars 2016
«la glace flotte [contrairement à] la plupart des corps [qui] sont plus denses à l’état solide ; [sans ça,] nous ne serions pas là ! »
Hubert Reeves – « Là où croît le péril… croît aussi ce qui sauve »
« La belle histoire » Page 38 & 39

Hubert Reeves écrit :

« Parfois les phénomènes les plus familiers s’avèrent être les plus étonnants.

Comme chacun le sait, la glace flotte à la surface de l’eau. Ce fait, qui a causé la catastrophe du Titanic en 1912, sa collision avec un iceberg, s’avère être d’une importance primordiale pour l’existence de la vie sur Terre.

La glace, à la surface des lacs, isole du froid les couches aquatiques profondes. Elle permet à l’eau d’y rester liquide à très basse température ambiante si la glace s’enfonçait, les lacs gèleraient entièrement et les organismes qui y vivent périraient sûrement.

En quoi cette propriété est-elle étonnante sur le plan de la physique ?

Il est bien connu que la chaleur dilate les corps et que le froid décontracte et augmente l’intensité. Ainsi, la plupart des corps sont plus denses à l’état solide qu’à l’état liquide. Quand l’huile se fige à cause du froid, elle coule au fond de la bouteille et le plomb fondu surnage sur le solide. Si la glace, plus froide que l’eau liquide était aussi plus dense, elle coulerait à basse température. Alors ? Pourquoi flotte telle ?

Effectivement, comme la presque totalité des substances, l’eau se densifie quand on la refroidit. Mais quand on approche du point de congélation, aux environs de 4 °C, cette tendance s’inverse et l’eau devient progressivement moins dense : la glace flotte.

Cette propriété s’explique en termes de physico-chimie, de façon complexe d’ailleurs. Rien de mystérieux jusque-là. Pourtant, en rapprochant la clarté de cette propriété exceptionnelle dans le monde des substances chimiques avec l’importance de l’eau pour l’élaboration de la vie, il est peut-être justifié de s’étonner.

Peut-on inclure ce phénomène dans la liste de nos « sans ça » ?

Encore une fois, j’observe le phénomène et je réserve mon jugement…»

Il y a encore bien d’autres coïncidences dans cette belle Histoire :

Ainsi l’orbite quasi circulaire de la terre autour du soleil alors que la grande majorité des orbites observées dans l’univers sont beaucoup plus elliptiques et dans ce cas les différences de température, selon la position par rapport à l’astre, sont beaucoup plus grandes rendant la vie beaucoup plus difficile ou impossible.

Il y a encore les neutrinos, la croissance de l’oxygène et la formation de la couche d’ozone …

Et puis après, au bout du bout, tout ce qui a permis à la complexité d’émerger et à homo sapiens de coloniser la terre.

Bref tout ce qui a permis la belle histoire de l’humanité, notre histoire.

Hubert Reeves va aussi développer, dans son livre, la moins belle histoire, celle où homo sapiens va énormément créer, inventer et imaginer.

Nous profitons de tout cela, la vie humaine est devenue moins dure, la santé s’est améliorée et des maladies peuvent être guéries et nous sommes souvent envahis d’émotion devant toutes les manifestations créatrices de l’homme dans les divers arts dans lesquels elles se sont épanouies.

Mais il a réalisé ces choses, en partant du postulat que la terre et la nature pouvaient être utilisées sans limite et qu’il était possible de prélever tous les éléments nécessaires à son confort, sans tenir compte des équilibres naturels et sans appréhender la disproportion entre le temps extraordinairement court dans lequel il consommait l’énergie fossile, au regard des millions d’années qui ont été nécessaire pour la fabriquer.

Arrivé à ce stade, nous sommes confrontés à deux positions très tranchées :

Celles de tous ceux qui expliquent que l’homme est en train, par son comportement, son industrie et sa technique de perturber si fortement l’équilibre naturel que les conditions qui ont permis l’apparition de l’humanité vont disparaître.

Celles de ceux qui dans les traditions religieuses

« Soyez féconds, emplissez la terre et soumettez-la ; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux de la terre »
(Genèse 1, 28)

ou scientifique comme René Descartes qui espère que le développement des sciences permettra aux êtres humains de devenir « comme maître et possesseur de la nature » ont mis l’homme au centre, les premiers considérant que toute la création a été faite pour l’homme sous la soumission de Dieu et les autres que l’intelligence et les « droits de l’homme » sont à un tel niveau que la nature et les ressources terrestres sont à sa seule disposition. Pour les seconds, en outre, la critique de la sauvagerie et du côté impitoyable de la nature, interdit de lui reconnaître une préséance à l’histoire de l’homme qui outre les guerres a quand même développé la compassion, la médecine, la science, l’art qui ont su embellir et corriger les rudesses de la nature.

Il existe des extrémistes dans ces deux thèses.

Les premiers pourraient déboucher sur un régime totalitaire où la religion de l’écologie justifierait des actes de contraintes et de restriction des libertés fondamentales.

Les seconds arcs boutés sur leur confort et leur égoïsme, ne croient pas aux avertissements des scientifiques ou pensent que le génie humain trouvera toujours de nouvelles solutions leur permettant ainsi de continuer à ne rien changer dans leur comportement de vie et de consommation.

Les premiers sont dangereux et liberticides et les seconds sont aveugles et tout aussi dangereux.

Car si les scientifiques poursuivent la quête de l’existence d’autres formes de vie dans l’univers, il est clair que si elles existaient elles ne seraient pas dans une proximité atteignable par nos moyens de transport.

Notre terre constitue donc une oasis entourée d’un immense désert stérile dans l’univers.

Et nous serions donc bien inspiré de nous en préoccuper vraiment, sans ça, nos descendants ne seront plus là pour en parler.

Je vous redonne le lien vers la conférence donné dans le mot du jour de lundi (il faut se positionner à 30 mn sur la vidéo) : <ici>

Et un lien vers le livre  <La où croit le péril…>

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Lundi 11 Janvier 2016

« DEMAIN »
Film de Cyril Dion et Mélanie Laurent

La nouvelle année c’est le moment de fermer la porte à l’ancien et de penser à demain.

Alors je voudrais partager avec vous «Demain» qui est un film documentaire que je suis allé voir lors de mon abstinence épistolaire.

Beaucoup d’informations et de constats nous conduisent à nous inquiéter pour le demain que nous aurons à vivre ou que nous laisserons à nos enfants. Mais le film «Demain» apporte beaucoup d’optimisme. C’est un demain positif car Cyril Dion, Mélanie Laurent et quelques amis sont allés chercher dans le monde et même en France des expériences qui existent déjà et qui constituent une part de la solution aux défis que nous avons à affronter : diminuer notre empreinte carbone et notre dépendance aux énergies fossiles; être en mesure de nourrir de plus en plus d’habitants sur la planète bleue, surmonter l’impasse économique dans laquelle nous nous enfonçons et où la richesse produite est accaparée par une caste de plus en plus étroite.

Le film s’ouvre sur les conclusions d’une étude de la NASA publiée dans la revue Nature et annonçant un effondrement probable de notre civilisation dans les 40 années à venir. Les savants de Stanford qui ont piloté cette étude sont d’ailleurs interviewés au début du film.

Le film est ensuite divisé en 5 chapitres qui abordent les défis, les dysfonctionnements actuels et les pistes d’ores et déjà trouvées :

Le chapitre 1 concerne l’alimentation et tend à démontrer qu’il est possible de produire plus de nourriture, sans engrais ni pesticides, avec peu de mécanisation et en réparant la nature plutôt qu’en la détruisant. Nous voyons comment nos villes peuvent réintégrer l’agriculture et nos campagnes se repeupler. On voit ainsi l’expérience de la ville de Détroit qui est passée de 2000 000 d’habitants à 700 000 habitants lors de la crise de l’industrie automobile et où, dans un premier temps pour survivre, les habitants qui sont restés ont développé le concept de l’agriculture dans la ville. Cette expérience a débouché sur une nouvelle manière de vivre la ville et son approvisionnement avec 1600 fermes urbaines. Le film présente aussi des expériences en Angleterre en particulier la ville de Todmorden près de Manchester (14 000 ha) dont les habitants sont en train de reconstruire leur autonomie alimentaire (objectif 2018).

Le chapitre 2 traite de la transition énergétique. Ainsi des villes et même des pays s’organisent pour se passer totalement de pétrole, de charbon et d’énergie nucléaire. Ainsi le film montre Copenhague qui vise à n’émettre plus aucun CO2 en 2025 et qui a construit un modèle d’urbanisme où 50% des habitants de la ville se déplacent en vélo et où ils habitent à moins de trois cent mètre d’un espace vert. En 2010, elle arrivait en première place des villes les plus résistantes au changement climatique, dans l’étude du chercheur américain, Boyd Cohen. À l’horizon 2025, 75% des tous les déplacements devront être effectués, à pied, en vélo, ou en transports publics.

Le chapitre 3 aborde la question de l’économie et nous apprenons l’existence de monnaies locales (complémentaires aux monnaies classiques) qui ont pour effet d’améliorer la circulation locale de l’argent et donc les circuits courts et l’économie locale. C’est d’abord, à ma grande surprise, La Suisse qui possède l’un des exemples les plus solides de monnaies complémentaires dans le monde et qui s’appelle WIR. Créé en 1934 par 16 entrepreneurs subissant de plein fouet la crise de 1929 et la frilosité des banques, elle propose un système de crédit mutuel, permettant aux entreprises de continuer à fonctionner même lorsque les crises paralysent le système bancaire et de réaliser leurs investissement à bien plus faible coût.

Aujourd’hui, 70 ans plus tard, elle est utilisée par une PME suisse sur cinq (75.000 membres). Une étude américaine qui a porté sur une quinzaine d’années démontre que cette monnaie contribue à la solidité de l’économie nationale. En effet, en cas de crise monétaire, les entreprises échangent davantage de WIR, échappant ainsi au phénomène d’assèchement du crédit. En revanche, quand l’économie va bien, les entreprises ont moins tendance à utiliser le WIR, et utilisent davantage le Franc Suisse. Le WIR montre donc, chiffres à l’appui, qu’une monnaie complémentaire peut non seulement se développer à grande échelle, mais que l’existence d’un véritable écosystème monétaire permettrait de mieux faire face aux aléas économiques et financiers. Mais de telles monnaies existent aussi aux Etats Unis et en Angleterre. Cette vision est complétée par les pratiques de l’économie circulaire : créer des chaînes de production sans déchets où le recyclage des matières est quasiment infini et où les déchets des uns deviennent les ressources des autres.

Le chapitre 4 donne des exemples d’éducation et d’enseignement innovants qui apprennent aux enfants à coopérer, à résoudre pacifiquement leurs conflits, à vivre harmonieusement avec eux-mêmes, les autres et la nature, à réapprendre des savoir-faire indispensables. C’est cette fois la Finlande qui démontre son excellence dans ce domaine.

Le chapitre 5 enfin parle du réenchantement de la démocratie par des initiatives qui impliquent vraiment les gens.

Je ne peux que vous inciter à aller voir ce beau film plein d’espoir et de pistes que chacun peut compléter par ses idées créatrices.

Gandhi disait :

« Soyez-vous même le changement que vous voudriez voir dans le monde »

En attendant il y a le site de crowfunding, c’est à dire de financement participatif qui a assuré une partie du budget du film qui présent cette belle réalisation et dont j’ai tiré une partie des précisions que je vous ai donné dans ce message : http://www.kisskissbankbank.com/demain-le-film

Et puis il y a le site spécifique au film qui est très riche d’enseignements : http://www.demain-lefilm.com/le-film

<Et ici la bande d’annonce du film>

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Mardi 13 mai 2014

« Anthropocène »
Paul Crutzen

Enfin un mot du jour qui est un «mot».

Peut-être savez-vous ce qu’il signifie, comme ça vous n’aurez pas à lire la suite.

Mal nommer les choses est ajouté du malheur au monde disait Camus (mot du jour du 22/08/2013). Donc nommons bien les choses : Anthropocène est le nom de l’ère dans laquelle vous et moi vivons.

«Anthropocène» est un terme proposé par Paul Crutzen, chimiste et météorologue néerlandais nobélisé pour ses travaux sur la couche d’ozone.

Il signifie que l’espèce humaine est devenue la principale force géophysique de la Terre, capable de modifier définitivement son environnement.

L’impact de ses activités l’emporte en effet, pour la première fois dans l’histoire de notre planète, sur toutes les autres, c’est-à-dire l’ensemble des facteurs naturels.

Dans cet anthropocène –du grec anthropos, être humain–, l’homme modifie le climat planétaire ainsi que les grands équilibres de la biosphère, essentiellement par la masse de gaz polluants qu’il produit.

Nous voilà donc passés de l’ère de l’holocène, période géologique d’environ 10.000 ans, stable et relativement chaude, qui suit la dernière ère glaciaire et permet notamment l’agriculture et l’expansion des civilisations, à l’ère de l’anthropocène, qui débute à la fin du XVIIIe siècle avec les prémices de la révolution industrielle.

L’usine remplace alors le travail agricole et artisanal. Le volume de la production industrielle et fumante s’en trouve considérablement augmenté tandis que la révolution des transports tend à raccourcir les distances du marché mondial, bien avant Internet. Suit alors, dans les années 1950, ce que bon nombre de scientifiques appellent la «grande accélération» avec l’avènement de l’actuelle société de consommation au menu désormais bien connu: mondialisation, industrie, pub et tourisme.

Nos colocataires? On s’en fiche!

Bon. A supposer que nous prenions conscience de l’impact de nos faits et gestes industriels sur la nature qui, semble-t-il, n’a rien demandé, cette nouvelle ère à l’équilibre fragile nous expose à un défi majeur. Les premiers effets économiques de notre espèce sur la planète Terre sont loin d’être globalement positifs. Le bilan commence même à s’alourdir sérieusement.

Appauvrissement de la biodiversité, flux d’azote, pollution chimique, charge des aérosols dans l’atmosphère, surconsommation d’eau douce, diminution de la couche d’ozone, flux de phosphore, exploitation de sols, acidification des océans, changement climatique. Autant d’écueils causés par des activités humaines et reconnus par nombre de responsables scientifiques qui n’ont aucun intérêt à jouer les Cassandre (voir à ce sujet le dernier rapport du Giec…).

Si voulez en savoir plus sur ce sujet voici un <Article de Slate sur l’anthropocene>

Pour les plus curieux un matin de France Culture consacré au même thème <Les matins avec comme invité Christophe Bonneuil et Herve Le Treut 2013-11-14>

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