On les appelle « les rassuristes ». Il s’agit de scientifiques et de médecins qui prétendent que les précautions contre le COVID sont excessives et que la pandémie est en déclin.
Ainsi, l’épidémiologiste de l’Inserm Laurent Toubiana, affirme qu’une partie énorme de la population a été exposée à ce virus. Il pense donc que nous disposons d’une immunité collective.
Ce à quoi répond sur un site de presse canadien, Florian Krammer, professeur de microbiologie à l’école de médecine Icahn de l’hôpital Mount Sinaï à New York :
« L’immunité collective par infection naturelle n’est pas une stratégie, c’est le signe qu’un gouvernement n’a pas réussi à contrôler une épidémie et qu’il en paie le prix en vies perdues ».
D’autres comme Jean-François Toussaint, directeur de l’Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport (Irmes), affirme que la pandémie régresse :
« Les autorités sanitaires parlent « d’explosion », alors que «la pente actuelle [du nombre de cas positifs] est quinze fois plus faible que celle que nous avons connue en mars».
<Libération> a publié un article le 4 octobre dans lequel il fait le point sur les propos des rassuristes et tout en reconnaissant la réalité de certains constats ne partage pas la stratégie et les conséquences qu’en tirent ces scientifiques optimistes.
Le Professeur Didier Raoult, et le professeur Christian Perronne considèrent que le virus a muté et qu’il est devenu moins dangereux.
Dans les matins de France Culture de Guillaume Erner, chaque vendredi à 7h12, Nicolas Martin, producteur de l’émission « La méthode scientifique », tient une chronique qui s’appelle Radiographie du coronavirus.
Dans celle du 25 septembre, il essaie de répondre à la question « le SARS-CoV2 a-t-il muté ? ». Avec une équipe qui l’entoure, il lit les publications scientifiques avant d’en faire la synthèse pour sa chronique. Et sa conclusion et sans appel : le virus a muté de façon très marginale et :
« Donc, il n’est pas vrai de dire qu’aujourd’hui, la version qui circule et qui nous contamine est une version moins virulente que celle qu’on avait au mois de mars. C’est a priori strictement la même. »
Nicolas Martin
Pour cette chronique il a été très attaqué sur les réseaux sociaux et aussi par des courriers à la médiatrice de France Culture.
Il défend sa position devant ses accusateurs sur cette page : « Le rendez-vous de la médiatrice de France Culture du 1er octobre 2020»
Enfin le confinement est remis en cause.
Laurent Toubiana avait affirmé sur RT France, le 24 août
« On s’aperçoit que cette épidémie se propage exactement de la même manière partout, et notamment, une chose très remarquable, indépendamment des mesures prises. »
Et Jean-François Toussaint, sur Sud Radio, évoque, lui, une étude britannique prouvant l’inefficacité du confinement :
« L’université d’Oxford a démontré que dans le monde entier, il n’y avait aucun lien entre l’importance du confinement et la réalité de la mortalité pour chacun des pays qui ont défini des cas.»
Sur le premier point l’exemple de la Suède montre le contraire.
Car il faut comparer les choses comparables et donc la Suède qui n’a pratiqué aucun confinement et pas d’obligation de porter le masque, avec ses voisins immédiats, le Danemark, la Norvège et la Finlande qui ont pratiqué la politique inverse.
Sur ce <Site> vous pouvez voir la mortalité du COVID pour 100 000 habitants :
- Suède 59,15 / 100 000
- Danemark 11,83 / 100 000
- Finlande 6,30 / 100 000
- Norvège 5,17 / 100 000
Le mot du jour <du 17 juin 2020> soulignait que ces 3 derniers pays étaient gouvernés par des femmes.
Pour compléter le tableau, la France est à 48,37 / 100 000.
Le responsable scientifique de cette stratégie, l’épidémiologiste suédois Anders Tegnell, de l’Agence de santé publique, a reconnu que la mortalité était « vraiment » trop élevée.
Concernant spécifiquement le confinement, le généticien et président de la Ligue contre le cancer Axel Kahn affirme que le confinement cela marche.
Et la Chine s’en sort bien. Car même si les chiffres officiels sont faux, ce n’est pas une hécatombe et l’activité et les voyages à l’intérieur de la Chine montrent que ce pays est en train de sortir de la pandémie.
Pour Axel Kahn l’explication est évidente :
« Il y a deux raisons à cela. La première raison est que, évidemment, l’épidémie l’a frappée avant tout le monde. Et la deuxième raison, c’est qu’elle a utilisé plus massivement l’arme, qui est l’arme absolue contre le virus : le confinement, le confinement complet total prolongé. On l’a vu d’ailleurs en France, il n’y a pas plus efficace. […] C’était un confinement bien pire que ce que l’on a connu en France. La Chine, évidemment, a pâti économiquement durant le confinement. Maintenant, elle a repris sa marche en avant et elle peut faire des fêtes sans masque. Et donc, elle peut dire « nous, par rapport à l’Amérique qui n’arrive pas à se tirer de ce désastre dû à une gestion épouvantable, cataclysmique ; nous, notre modèle est meilleur ». Ce à quoi on a assisté à l’occasion de cette pandémie, c’est une accélération de la bascule du monde vers l’Orient. »
C’est ce qu’il a déclaré dans l’émission du Matin de France Culture du <06/10/2020>
Dans une tribune sur le site de France Culture du 30 septembre dans laquelle il s’exprime assez longuement sur la stratégie suivie en France et sur son analyse de l’évolution de la pandémie depuis mars, il prétend que sans les gestes barrières, les masques et les autres restrictions l’épidémie repartirait comme en mars.
Il dénonce « la brochette d’abrutis qui disent que rien ne se passe »
Dans l’émission du 6 octobre après avoir fait le constat que le confinement en France a bien freiné considérablement la diffusion de la pandémie, il ajoute :
« En France, la grosse erreur a été le déconfinement. Le déconfinement a fait perdre une partie de ce que le confinement avait permis. »
Il faut préciser qu’il ne remet pas en cause la décision de déconfiner, mais la stratégie et les conseils qui ont été ou n’ont pas été donnés pour accompagner un déconfinement plus responsable.
Et son analyse c’est que :
« La France prend des bonnes mesures, mais elle est toujours un peu en retard. C’est ça le problème. Il est certain que le problème économique est majeur. Le problème de choix de la joie d’y vivre également. Mais parce qu’on veut en tenir compte un peu trop, on est obligé de serrer la vis. »
Nous sommes dans une situation très compliquée.
Il faut, je crois, rester très humble dans ses prises de position et ses affirmations.
L’article de Libération me semble très intéressant et assez nuancé.
<1470>
Merci pour cet intéressant tour d’horizon.
Dommage qu’en France nos dirigeants aient manqué de transparence et d’humilité pour partager les constats au départ de l’épidémie, cela n’aurait pas empêché leur pouvoir légitime de décision mais probablement permis des solutions plus consensuelles