C’est la revue de Presse de Claude Askolovitch de lundi, le 15 juin, qui a rappelé cette information de première importance:
« Je lis dans un bel édito du New York Times que les pays gouvernés par des femmes ont eu cinq fois moins de morts du coronavirus que les pays dirigés par des hommes. »
Le New York Times confirme donc ou répond à la question que posait le site de TV5 Monde le 20 avril qui lui-même rapportait une question de FORBES : « Covid-19 : les pays dirigés par des femmes gèrent-ils mieux la crise ? »
« De Taiwan à l’Islande, en passant par l’Allemagne ou la Nouvelle-Zélande, quelques pays sont parvenus à limiter le bilan de la pandémie de coronavirus. Qu’ont-ils en commun ?
« Ils sont dirigés par des femmes », titre le magazine Forbes, daté du 13 avril 2020. Et elles ont fait face en déployant sans tergiverser franchise, détermination, empathie, réactivité et anticipation, qui sont aussi les clés d’une gestion efficace. Et sans jamais prononcer le mot « guerre »… »
Reprenons chacun de ces cas.
D’abord l‘Islande.
« Anticiper pour ne pas se laisser prendre de court – tel semble avoir été le mot d’ordre du gouvernement de Katrín Jakobsdóttir. Lorsque le premier malade est confirmé sur son territoire, le 28 février 2020, l’Islande dépistait déjà depuis un mois, ayant commencé alors que la maladie causée par le coronavirus n’était même pas encore baptisée Covid-19, ni la pandémie déclarée. »
Dans ce pays selon Wikipedia, au 22 avril 2020, le nombre total de cas enregistrés était de 1 785, dont 1 462 se sont rétablis et 10 sont décédés. Le taux d’infection est d’un cas pour 245 habitants, l’un des plus élevés au monde. Mais avec un taux de létalité lié au Covid-19 qui est le deuxième plus bas au monde, en avril.
J’ai trouvé cette mise à jour au 16 juin :
« Avec 1 810 infections dont seulement quatre en juin, l’Islande a presque éradiqué le Covid-19 de son territoire grâce à une politique de dépistages massifs. »
Au 16 juin, le nombre de décédés était resté à 10 soit un taux de létalité pour un pays de 362 860 habitants de 27,5 pour 1 000 000 d’habitants. En France nous en sommes à 435 pour 1 000 000 d’habitants
Voilà donc le bilan de Katrín Jakobsdóttir !
Ensuite Taiwan
« Dès le mois de janvier, soit bien avant que l’alerte ne soit lancée à l’échelle mondiale et que l’OMS reconnaisse la transmission humaine du virus, et 21 jours avant la détection du premier cas de personnes contaminées à Taiwan, la présidente Tsai Ing-wen avait imposé 124 mesures fortes pour bloquer l’épidémie. Des prises de température sont mises en place à l’atterrissage de tous les vols en provenance de Wuhan dès le 31 décembre 2019, par exemple. Bilan à ce jour, 6 décès et moins de 400 personnes contaminées pour près de 24 millions de Taiwanais, et ce sans confinement de la population. »
J’ajoute que Taiwan est vraiment tout près de la source de l’épidémie : la Chine. Elle a donc de bien meilleurs résultats que la Chine totalitaire avec un régime démocratique !
Une information du 16 juin porte le bilan de Taiwan à 445 personnes contaminées et sept décès.
Voilà donc le bilan de Tsai Ing-wen
Pour l‘Allemagne je n’insiste pas, nous avons eu suffisamment de précisions qui nous renvoyaient à nos faiblesses françaises.
Le bilan de Angela Merkel est remarquable, concernant ce point précis du COVID-19.
Juste une petite précision Merkel n’a pas parlé de guerre à ses concitoyens mais dès le 11 mars elle a fait cette déclaration solennelle
« La situation est sérieuse, alors prenez-la au sérieux. »
C’est que les Allemands ont fait, suivant à la lettre les ordres de leur dirigeante.
En Norvège :
Au 16 juin le nombre de décédés pour le coronavirus est de 242 soit un taux de létalité de 45 pour 1 000 000 d’habitants..
Erna Solberg, n’a pas non plus parlé de guerre. Elle s’est en revanche adressé directement aux enfants à la télévision pour leur dire :
« Je sais que ça fait peur et c’est normal d’avoir peur quand tout est bousculé, comme en ce moment »
En Finlande
Au 16 juin le nombre de décès s’élevait à 326 soit un taux de létalité de 59 pour 1 000 000 d’habitants.
TV5 donne ces informations :
« En décembre 2019, Sanna Marin devenait la plus jeune cheffe d’Etat du monde, à la tête d’une coalition exclusivement composée de femmes. Consciente que les médias traditionnels et les communiqués gouvernementaux ne sont pas les plus porteurs, surtout parmi les plus jeunes, elle a fait établir une liste d’influenceurs à suivre – bloggeurs, rappeurs, chroniqueurs, instagrameurs…. Sana Marin fait appel à ces « key workers » (acteurs essentiels) pour l’aider à partager l’information destinée à juguler la pandémie.
Les messages du gouvernement sont distribués au réseau de quelque 1500 influenceurs, qui restent libres de les relayer, ou non, à leur manière. La plupart ont eu à cœur de participer à cet effort national à leur échelle et se sont prêtés au jeu sans songer à demander de contrepartie, à l’instar d’Inari Fernández, une influenceuse professionnelle avec 34 000 followers sur Instagram. »
Au Danemark
Le taux de létalité est un peu plus élevé à 102 pour 1 000 000 d’habitants. Mais au Royaume-Uni du flamboyant Boris Johnson nous en sommes à 630 !
Le pays a fermé ses frontières dès le 13 mars, puis les autorités ont fait confiance aux Danois et cela a marché : « Les commerces ne sont pas engorgés et la distance sociale de deux mètres est respectée, y compris dans les parcs. Même à un feu, les piétons et les cyclistes reculent d’eux-même s’ils sont trop près les uns des autres, » expliquait un journaliste sur France Info le 13 avril.
C’est le bilan de Mette Frederiksen
Il reste la Nouvelle-Zélande de Jacinda Ardem
« Solidarité, proximité, empathie – les qualités que la Première ministre néozélandaise déploie dans la gestion de la crise sanitaire sont aussi celles qui avaient été remarquées il y a un an, dans l’onde de choc de la tragédie de Christchurch.
Jacinda Ardern et ses ministres ont décidé de réduire leurs rémunérations de 20 % en solidarité avec les victimes de la pandémie en Nouvelle-Zélande.
Dès les six premiers cas détectés, la Première ministre a ordonné la fermeture des frontières et le confinement. Elle a clairement annoncé à ses compatriotes le pourquoi et le comment de l’état d’alerte maximum dans lequel elle plaçait le pays. Il semble que l’intégrité de ses décisions et sa détermination ait épargné à son pays des milliers de morts : mi-avril la Nouvelle-Zélande ne déplorait que 4 décès dus au Covid-19 sur une population de 4,8 millions. »
Au 16 juin le bilan est monté à 22 décès, d’où un taux de létalité de 4 pour 1 millions.
Cependant, une information datant de quelques heures, au moment de cette rédaction, font état de nouveaux cas en Nouvelle Zélande après 25 jours de répit.
Comme le rappelle TV5, Jacinda Ardem est devenu célèbre dans le monde entier après la tragédie de Christchurch. Le 15 mars 2019, un suprémaciste blanc australien de 28 ans est entré dans deux mosquées de Christchurch a tué 51 personnes et blessé plusieurs dizaines d’autres.
Elle a su à la fois allier fermeté et une extraordinaire empathie pour ses compatriotes musulmans.
Elle a décidé d’aller à leur rencontre en portant le voile par signe de solidarité.
Quand Donald Trump lui a demandé ce qu’il pouvait faire pour la Nouvelle Zélande, elle a répondu :
« Avoir de la compassion pour les musulmans néo-zélandais »
Vous pouvez lire cet article de l’Obs : « L’appel de Christchurch » : 10 choses à savoir sur Jacinda Ardern, Première ministre de la Nouvelle-Zélande :
« Son attitude exemplaire après les attentats de Christchurch contre deux mosquées avait été saluée dans le monde entier. »
Ou cet article de France 24 : « Jacinda Ardern, première ministre, « le réconfort et l’acier » de la Nouvelle-Zélande »
Et encore cet article du Monde « Après les attentats de Christchurch, les Néo-Zélandais unis derrière Jacinda Ardern »
Plus globalement sur la capacité des femmes à bien gouverner, je partage cette conclusion de TV5Monde pleine de nuance et de pertinence :
« Est-ce qu’être une femme prédispose à la bonne gestion de crise ? Le syllogisme serait sexiste et, comme le souligne le quotidien britannique The Guardian, « une corrélation n’est pas un lien de cause à effet. Etre une femme ne donne pas automatiquement l’avantage dans la gestion d’une pandémie mondiale. Cela ne fait pas non plus de vous un meilleur chef d’Etat. » D’autres facteurs entrent en compte, souligne le Guardian, comme les politiques de santé mises en place par les gouvernements précédents ou la situation géographique d’un pays – moins il a de frontières terrestres, plus il est épargné. […] Il n’en reste pas moins que la gestion de crise exemplaire de certaines dirigeantes politiques devrait s’inscrire dans les annales. Et puis les femmes, dans un milieu politique majoritairement dominé par les hommes, ne doivent-elles pas être meilleures pour y arriver… ? »
Et puis quand même elles n’ont pas toujours le mot «guerre» et «combat» à la bouche, elles sont probablement plus pragmatiques et savent elles mieux ce que «prendre soin» veut dire
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Est-ce le fait d’etre dirigé par une femme ou le fait de choisir une femme comme dirigeante qui est important? Je pencherai plutot pour le deuxième point. En bon latins que nous sommes, nous sommes obnubilés par le role du dirigeant (et non de la dirigeante). Mais, à mons sens, c’est le comportement des citoyens qui compte. Je dirai donc que le fait de choisir un femme comme dirigeante, et surtout une femme posée et réfléchie, est un signe de maturirté politique qui ne peut que présager de bons résultats face à une crise comme celle que nous avons vécu.
Bonjour Alain. Je pense que ces analyses sont à préciser. la Corée du Nord est en partie sous la coupe de la sœur de kim il jung. Pas sûr qu’elle soit efficace.
Autre point de vue : les pays qui savent élire des femmes seraient plus responsables que les pays machistes. Ce n’est pas la femme au pouvoir qui ferait la bonne réponse, mais le peuple « féministe ».