La France est donc confinée.
Des règles strictes ont été édictées et si on peut penser que le grand nombre les applique, tout le monde ne le fait pas.
Alors, des critiques apparaissent sur l’impréparation des gouvernants, sur les masques de protection qui ont disparu ou n’ont pas été renouvelés, sur les tests qui sont mal organisés ou pas assez nombreux, sur des décisions qui n’ont pas été prises assez rapidement.
Toutes ces questions sont à poser et seront à résoudre lorsque la crise aura été surpassée.
Mais ce n’est pas le temps d’aujourd’hui.
Et je voudrais, aujourd’hui, partager la réflexion du philosophe Pierre-Henri Tavoillot, l’auteur de l’essai : « Comment gouverner un peuple-roi ? »
Invité du grand entretien du matin sur France Inter <Le 7 février 2020> il a parlé de
« L’extraordinaire difficulté de gouverner une démocratie aujourd’hui.
Aujourd’hui c’est la démocratie qui est complexe
Il faut écouter les gens, les individus, faire preuve de sollicitude, écouter les experts, prendre en compte les contraintes internationales et autres.
Il n’a jamais été plus difficile de gouverner dans l’histoire de l’Humanité qu’aujourd’hui [dans les démocraties libérales]. […]
L’art de gouverner est aussi un art d’être gouverné.
C’est un art d’obéir, à condition bien sûr que l’obéissance ne soit pas perçue comme la servitude.
L’étymologie d’obéissance c’est « ob » « audire » c’est-à-dire « prêter l’oreille ». J’écoute les autres.
Jean-Jacques Rousseau disait : « Un peuple libre obéit mais ne sert pas. Il a des chefs mais il n’a pas de maître ».
Très important comme formule.
L’obéissance est la condition de la liberté. Vous ne pouvez pas vivre avec les autres si vous n’obéissez pas à un certain nombre de règles.
La citoyenneté ne se définit pas comme la désobéissance mais comme l’obéissance pour être libre. »
Je crois ces paroles d’une profonde sagesse. Dans un monde d’individualisme sans règle, ou ce qui est la même chose de règles non respectées, la vie devient rapidement intenable.
Il faut savoir obéir aux règles si on veut faire société.
J’entends et je lis que ce serait Macron le responsable de tous les problèmes.
De manière très tranquille j’affirme qu’on peut remplacer Macron et les problèmes resteront.
Le 18 mars, Pierre-Henri Tavoillot, écrivait sur son <Blog>
« Le danger qui nous guette est de déplacer l’objet de notre haine sur nos gouvernants.
On l’entend déjà : « ils n’ont pas pris les décisions à temps » ; « ils nous ont menti » ; « ils sont nuls » ; « ils sont focalisés sur leurs intérêts politiciens ».
Cette haine, si elle se poursuit, sera délétère, car elle nuira à la confiance indispensable à la bonne conduite de la lutte sanitaire. Le défaitisme alors l’emportera.
Or nous entrons dans une période tragique telle que notre pays n’en a pas connu depuis 80 ans.
Ce qui caractérise la tragédie, c’est qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises décisions ; dans le meilleur des cas, il y en a des mauvaises et des pires.
Je trouve dans les Mémoires du Chancelier allemand Schröder cette juste définition du tragique. C’était à l’occasion du très vif débat sur l’intervention militaire allemande au Kosovo (1999) : « Le mouvement de 68 nous a apporté beaucoup de nouveautés et beaucoup de bonnes choses. Mais il en a aussi enseveli certaines, notamment le sens du tragique. Nous en sommes venus à qualifier de « tragique » tout ce qui est triste. Non, une situation est tragique si l’on se rend coupable quoi qu’on fasse. Bien sûr qu’on devient coupable quand on largue des bombes. Mais la seule question qui vaille, c’est de savoir comment on peut se rendre plus coupable encore. »
Un gouvernement ou un président, par définition, est coupable, car il prend des décisions ; et décider, c’est trancher dans le vif du réel. Faut-il le lui reprocher ? Faut-il le haïr pour cela ? Non, car on finirait ainsi par se condamner à l’impuissance et in fine à se haïr soi-même.
Quand le temps sera venu, pour lui, de rendre des comptes, alors on pourra évaluer s’il a fait les choix les plus judicieux ou les plus malheureux.
En attendant, il faut accepter ses mauvaises décisions, forcément mauvaises … »
Il n’y a pas que le problème des gouvernants, il y aussi celui des gouvernés.
C’est cette réflexion féconde, absolument non démagogique ni populaire de Pierre-Henri Tavoillot qu’il me semblait utile de partager.
Si vous voulez en savoir davantage sur ce philosophe : il existe cet article de la <Revue Politique et parlementaire> qui analyse son ouvrage : « Comment gouverner un peuple roi ? »
Etienne Klein a partagé ce dimanche une nouvelle anagramme de Jacques Perry-Salkow :
<1375>
Merci de ce mot que je prends comme une réponse à tout ce qui circule en ce moment sur le réseau de critiques, de thèses complitistes, de vidéos anxiogènes avec des mélanges d’informations exactes, d’utilusation de travaux sérieux et d’opinions et croyances personnelles
Restons confiants, la peur n’est pas la bonne réponse, faisons appel à notre cœur et restons centrées sur l’essentiel et bien sur respectons les consignes
Cette notion de liberté est souvent mal perçue, elle signifie originellement que, contrairement à l’animal qui est prédéterminé par ses gênes, l’être humain est à la naissance totalement libre, il est à construire, c’est un projet disait Sartre.
Sous cet aspect on comprend que l’obéissance à des règles est incontournable, la seule question concerne l’établissement de ces règles