Cette ordonnance de 1800 prévoyait aussi que les femmes qui portent un pantalon sans autorisation devaient être « arrêtées et conduites à la préfecture ».
Par la suite, deux circulaires datant de 1892 et 1909 ont « assoupli » cette règle, en tolérant le port du pantalon : « si la femme tient par la main un guidon de bicyclette ou les rênes d’un cheval ».
Cette « règle débile » a fait l’objet de maintes demandes d’abrogation au cours du XXème siècle
Contrairement à ce que vous trouverez sur Internet, cette règle n’a jamais été une loi mais une simple ordonnance du Préfet de Paris et c’est donc le Préfet de Paris qui aurait dû l’abroger.
La plus curieuse des réponses est sans doute celle de Maurice Grimaud, le célèbre préfet de Paris de mai 1968, encensé dans un autre mot du jour, mais qui en 1969, à la demande d’abrogation de l’ordonnance répond qu’il « croit sage de ne pas changer des textes auxquels les variations prévisibles ou imprévisibles de la mode peuvent à tout moment rendre leur actualité ».
Si vous voulez en savoir davantage sur cette histoire vous pouvez aller sur ce site : http://www.laviedesidees.fr/Le-droit-au-pantalon.html
La fin de cette histoire incroyable se trouve sur le site du Sénat : http://www.senat.fr/questions/base/2012/qSEQ120700692.html
Le député de la Côte d’Or, Monsieur Alain Houpert, avait posé une question écrite le 12/07/2012 à la Ministre des droits des femmes.
Cette dernière qui était à l’époque Najat Vallaud-Belkacem lui répondit le 31/01/2013 par le texte suivant que je cite in extenso :
« La loi du 7 novembre 1800 évoquée dans la question est l’ordonnance du préfet de police Dubois n° 22 du 16 brumaire an IX (7 novembre 1800), intitulée « Ordonnance concernant le travestissement des femmes ». Pour mémoire, cette ordonnance visait avant tout à limiter l’accès des femmes à certaines fonctions ou métiers en les empêchant de se parer à l’image des hommes. Cette ordonnance est incompatible avec les principes d’égalité entre les femmes et les hommes qui sont inscrits dans la Constitution et les engagements européens de la France, notamment le Préambule de la Constitution de 1946, l’article 1er de la Constitution et la Convention européenne des droits de l’homme. De cette incompatibilité découle l’abrogation implicite de l’ordonnance du 7 novembre qui est donc dépourvue de tout effet juridique et ne constitue qu’une pièce d’archives conservée comme telle par la Préfecture de police de Paris. »
Il y a donc abrogation implicite, mais n’aurait-on pas pu réaliser une abrogation explicite ?
Ce sujet m’a été inspiré par les spectacle F(l)amme, dont j’avais fait le sujet du mot du jour du 4 décembre 2017 et que nous sommes allés voir, avec Annie, à l’Espace Camus de Bron le mardi 6 février 2018. Spectacle où 10 jeunes femmes qui vivent dans des quartiers périphériques et qui ont des parents qui sont venus d’ailleurs racontent une part de leur histoire et de leur vérité.
C’est fort, drôle, émouvant et d’une grande sincérité.
A un moment, une des jeunes femmes a dit :
« et je vous rappelle que jusqu’à tout récemment les femmes ne pouvaient pas porter le pantalon à Paris, sauf si elles étaient en bicyclette ou à cheval »
J’ai vérifié cette assertion, et c’est ainsi qu’est né ce mot du jour.
Mais ce ne fut pas le moment le plus fort du spectacle.
Ce moment eu lieu lorsque toutes les femmes se sont rassemblées au milieu de la scène, entourant l’une d’entre elle qui va raconter comment à l’âge de 4 ans on emmène une jeune enfant dans un village africain et tout en étant très gentille avec elle, on la met entre les mains d’une vieille femme qui va l’exciser. L’enfant n’a pas compris ce qui s’était passé, car personne ne parle de cela dans la famille. Elle l’a compris alors qu’elle était adolescente et qu’elle a vu une émission de télévision traitant de cette pratique. Elle a alors accédé à la compréhension ce qui s’était passé plus de 10 ans auparavant, entraînant chez elle colère et révolte.
La photo que j’insère dans cet article se situe à ce moment.
La salle était pleine, mais une chose a interpellé Annie et moi.
Par esprit rigoureux nous avons fait le compte de notre rangée et de celle qui la précédait, chacune comptant 20 places toutes occupées :
Les deux rangées avaient une répartition identique 18 femmes et 2 hommes.
Parmi les femmes, il y en avait beaucoup de jeunes, les 3 autres hommes étaient proches de mon âge.
Le reste de la salle confirmait cette constatation avec quelques traces d’hommes un peu plus jeunes.
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J’ignore la situation des autres pays développés dans le domaine des lois et règlements divers mais ce dont je suis à peu près sûr est que notre pays se délecte de légiférer et réglementer sur tout et rien en complexifiant à chaque fois le domaine concerné, tous les efforts de simplification et de nécessaire « nettoyage » n’ont rien changé à l’existant.
Je pense même que la situation s’aggrave car l’autorité publique intervient de plus en plus dans la situation personnelle des gens en leur déniant toute responsabilité d’action au motif de protéger leur intégrité physique et morale.
Nous serons bientôt prêts pour être gouvernés par le big data
Commentaire au commentaire :
Je ne pense pas que les données (le « big data ») vont nous gouverner. Ce devrait être l’utilisation automatisée des données, sous le contrôle souvent naïf des humains, qui devrait le faire. Il ne faut pas se déresponsabiliser en accusant l’outil, aussi puissant soit-il. Les données ne sont que le reflet de nous même, leur utilisation doit nous permettre de mieux vivre …
C’est certainement le grand enjeu du moment, souvent ignoré ou fantasmé par beaucoup.