Mardi 24 mai 2016

«La vérité est qu’entre 2 millions d’années et 10 000 ans, le monde a hébergé, en même temps, plusieurs espèces humaines.»
“Yuval Noah Harari
Sapiens : Une brève histoire de l’humanité, Pages 15 à 30”

La première information étonnante que le livre « Sapiens » m’a apprise, est la cohabitation de notre espèce avec d’autres espèces humaines, alors que j’avais compris qu’il y avait eu succession des espèces.

Harari explique d’abord la classification utilisée par les scientifiques :

«  Les biologistes classent les organismes en espèces. On dit d’animaux qu’ils appartiennent à la même espèce s’ils ont tendance à s’accoupler l’un avec l’autre, donnant naissance à des rejetons féconds. Juments  et ânes  ont un ancêtre commun récent, et partagent maints traits physiques. Sexuellement cependant ils ne s’intéressent guère les uns aux autres. Ils s’accoupleront si on les pousse, mais ils donneront des mules ou des mulets stériles. […] Les deux types d’animaux sont considérés comme des espèces différentes. […] En revanche, un bouledogue et un épagneul paraissent très différents, mais ils sont membres de la même espèce, partageant le même vivier d’ADN.
Les espèces issues d’un ancêtre commun sont réunies sous le vocable de genre. lion, tigre, léopard et Jaguar sont des espèces différentes du genre « panthera ».
Les lecteurs de ce livre sont vraisemblablement tous des Homo sapiens : de l’espèce sapiens (sage) et du genre homo (hommes).
Les genres sont à leur tour regroupés en famille : ainsi les [félins] : Lions, guépards, chats domestiques. »

Il poursuit en rappelant que l’homme a une famille :

« Homo sapiens appartient lui aussi à une famille. […] Homo sapiens a longtemps préféré se croire à part des autres animaux : un orphelin sans famille, privée de frères et sœurs et de cousins, et surtout, sans parents. Or, ce n’est pas le cas. Qu’on le veuille ou non, nous sommes membre d’une grande famille particulièrement tapageuse : celle des grands singes. Parmi nos plus proches parents vivants figurent les chimpanzés, les gorilles, et les orangs outans. Les plus proches sont les chimpanzés. Il y a 6 millions d’années, une même femelle eue deux filles : l’une qui est l’ancêtre de tous les chimpanzés; l’autre qui est notre grand-mère. »

Et puis il révèle un secret, au moins une réalité qui n’a pas été pleinement explicitée jusqu’ici, parce que il nous a été raconté une évolution du genre humain quasi linéaire, d’un homo très proche du singe jusqu’à l’homo sapiens. Depuis quelques années cependant, l’histoire de la cohabitation ou au moins de la présence simultanée sur terre de l’homme de Neandertal et d’homo sapiens a été révélée et interrogée. Mais Yuval Noah Harari va beaucoup plus loin dans cette description d’espèces voisines.

« Les humains sont apparus en Afrique de l’Est voici environ 2,5 millions d’années, issus d’un genre antérieur de singe, l’« australopithèque », qui signifie « singe austral ». Il y a environ 2 millions d’années, une partie de ces hommes et femmes archaïques quittèrent leurs foyers d’origine pour traverser et coloniser de vastes régions d’Afrique du Nord, d’Europe et d’Asie. La survie dans les forêts enneigées d’Europe septentrionale n’exigeant pas les mêmes qualités que la survie dans les jungles fumantes d’Indonésie, les populations humaines évoluèrent dans des directions différentes il en résulta divers espèces distinctes, auxquels les savants ont assigné des noms latins pompeux. […]
Les humains d’Europe et d’Asie occidentale ont donné l’Homo neanderthalensis (l’homme de la vallée de Neander), plus communément connu sous le nom de « Neandertal ». Plus trapu et plus musculeux que le sapiens, le Neandertal était bien adapté au climat froid de l’Eurasie occidentale à l’âge glaciaire.
Les régions orientales de l’Asie étaient peuplées par l’Homo erectus, ou «homme dressé, droit » qui survécut près de 2 millions d’années – ce qui en fait l’espèce humaine la plus durable qui ait jamais vécu. Il est peu probable que ce record ne soit jamais battu, même par notre espèce. […]
Sur l’île de Java, en Indonésie, vivait l’homo Soloensis, « hommes de la vallée de solo », mieux armés pour vivre sous les tropiques. […]
En 2010, un autre frère perdu fut arraché à l’oubli, quand les chercheurs fouillant la grotte de Denisova, en Sibérie, découvrirent une phalange fossilisée. La génétique prouva que le doigt était celui d’une espèce humaine encore inconnue, qu’on a baptisé du nom d’Homo Denisova.. »

et il en cite encore d’autres et conclut enfin :

« un sophisme commun est d’imaginer une ascendance linéaire, [d’un premier] qui engendre erectus, qui engendre Neandertal, qui lui-même mène à nous. Or, ce modèle linéaire donne l’impression fausse qu’à tout moment un seul type d’humains aurait habité la terre, et que toutes les espèces antérieures ne seraient que des modèles plus anciens de nous-mêmes, la vérité et qu’entre 2 millions d’années et 10 000 ans, le monde a hébergé, en même temps, plusieurs espèces humaines. […] Nous le verrons sous peu, nous, les sapiens, avons de bonnes raisons de refouler le souvenir de nos frères et sœurs. »

Il existe deux théories :


  • la théorie du métissage qui pense que sapiens se mêla à d’autres espèces
  • la théorie du remplacement qui raconte une histoire très différente

[Histoire] « d’incompatibilité et de répulsion, voire de génocide. Dans cette optique sapiens remplaça toutes les populations humaines antérieures sans se mêler à elle. Si tel est le cas on peut faire remonter tous les lignages humains contemporains à la seule Afrique orientale voici 70 000 ans. Nous sommes tous de « purs sapiens »[…] dans les dernières années, la théorie du remplacement a été communément reçue. […] Mais cette situation a pris fin en 2010, quand ont été publiés les résultats de quatre années d’efforts pour dresser la carte du génome néandertalien. […]
Il est apparu que de 1 % à 4 % de l’ADN unique des populations modernes du Moyen-Orient et d’Europe est de l’ADN de Neandertal. Ce n’est pas énorme, mais c’est significatif. Un second choc survint quelques mois plus tard, quand il apparut que l’ADN extrait du doigt fossilisé de Denisova partageait jusqu’à 6 % de son ADN unique avec les mélanésiens et les aborigènes d’Australie actuels !
[…] On ne saurait parler de « fusion » entre sapiens et d’autres espèces humaines. [Il s’agit simplement de traces. La théorie du remplacement reste la plus vraisemblable.]

Au fil des 10 000 dernières années, Homo sapiens s’est si bien habitué à être la seule espèce humaine que nous peinons à envisager toute autre possibilité. […] Quand Charles Darwin expliqua qu’Homo sapiens n’était qu’une espèce d’animal parmi les autres, les gens poussèrent de hauts cris. Aujourd’hui encore, beaucoup refuse d’y croire. Si les Néanderthal avaient survécu, nous considérerions nous encore comme une créature à part ? Peut-être est-ce précisément ce qui incita nos ancêtres à effacer les Néanderthal. Ils étaient trop familiers pour que l’on feigne de les ignorer, trop différents pour qu’on les tolère. »

Et  l’auteur sans, bien entendu, être capable d’expliquer comment ce phénomène se produisit, montre la coïncidence entre l’arrivée dans une région d’Homo sapiens et la disparition quasi concomitante de l’autre espèce humaine qui était présente sur ce lieu…

Peut-être qu’il y eut des génocides bien avant la folie nazi ?

<Cette hypothèse cependant n’a pas trouvé pour l’instant d’indice>

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