Mercredi 23 novembre 2016
«Le Modèle chinois : La méritocratie politique et les limites de la démocratie. »
Daniel Bell
Daniel Bell est canadien et professeur à l’Université Tsinghua de Pékin. « Le Modèle chinois. La méritocratie politique et les limites de la démocratie. » est un livre qu’il a écrit et qui a été cité par Brice Couturier lors de ses chroniques sur la méritocratie. C’est un livre écrit en anglais et édité par l’éditeur de l’Université de Princeton
Brice Couturier rappelle que la méritocratie est, comme bien d’autres choses une invention de la Chine et non des européens : « Comme souvent, les Européens s’imaginent avoir découvert des institutions et des pratiques qui préexistaient depuis longtemps aux leurs. Ainsi, la méritocratie – au sens de sélection des employés de l’Etat par le biais d’examens est, en Chine, une idée aussi vieille que le confucianisme.
Confucius l’avait préconisée, en effet, dès le 6° siècle avant Jésus-Christ. Et elle reçut un commencement de mise en pratique en l’an 136 avant Jésus Christ, par décision d’un empereur de la dynastie han, Wu. Huit ans plus tard, le même empereur Wu créait la première ENA de l’histoire : une Académie impériale, chargée de former et de sélectionner les mandarins à son service… Mais le système mandarinal moderne, avec son examen et ses 15 grades, date de l’an 605 de notre ère. Et il demeura en l’état en Chine jusqu’au début du XX° siècle. »
Le maoïsme s’éloigna de ce modèle dans sa volonté de faire table rase. Mais la Chine actuelle se définit à nouveau comme un système méritocratique.
Bric Couturier cite Daniel A. Bell qui a publié « Le Modèle chinois. La méritocratie politique et les limites de la démocratie. » et qui « définit la méritocratie, dans la tradition confucéenne, comme « un système destiné à sélectionner et à promouvoir des leaders dotés de capacités et de vertus supérieures. En Occident aussi, nous avons notre méritocratie, écrit Daniel A. Bell. C’est le service public, recruté généralement sur la base de concours d’aptitude. Mais ses membres doivent théoriquement obéir et rendre compte à des politiques qui sont, eux, des élus, choisis par le peuple. Le système chinois est différent en ce qu’on n’y fait pas de véritable distinction entre dirigeants politiques et fonctionnaires. Comme, de manière générale, dans les systèmes communistes de parti unique, c’est au sein du même personnel que se recrutent les responsables de la prise de décision et ceux chargés de leur mise en œuvre. »
Brice Couturier explique que Xi Jinping, le numéro un chinois, aime opposer le système méritocratique chinois, incarnation des « valeurs asiatiques » au modèle des démocraties pluralistes occidentales, où la concurrence pour le pouvoir, est arbitrée par l’électorat. Les « valeurs asiatiques » sont censées favoriser l’harmonie par le consensus plutôt que le conflit régulé, la continuité de l’action gouvernementale plutôt que l’alternance, l’intérêt collectif et la famille plutôt que les droits de l’individu. Bref, elles sont présentées comme une alternative aux valeurs libérales démocratiques de l’Occident…
Mais à côté de la Chine existe un autre modèle méritocratique asiatique qui semble beaucoup plus accompli, moins autoritaire et surtout moins corrompu : Singapour.
Car le système méritocratique chinois est miné par la corruption qui atteint toute l’économie chinoise. Car nombre de promotions au sein de l’appareil du PPC ne sont pas fondées sur les mérites, mais sur l’achat pur et simple de la fonction dont le titulaire espère s’enrichir rapidement.
La conclusion de Brice Couturier : « Pas très confucéen, tout ça ! »
Vous trouverez la chronique intégrale derrière ce lien : <Le PCC, méritocratie confucéenne, ou Nomenklatura ?>