Vendredi 11 février 2022

« Bigger Than Us »
Film documentaire de Flore Vasseur

« Bigger Than Us » : « Plus grand que nous. » est un documentaire planétaire réalisé par Flore Vasseur et qui raconte ce que des jeunes filles et des jeunes garçons ont su entreprendre pour que l’Humanité, la nature, la vérité se portent mieux.

La caméra va d’abord à Bali à la rencontre de <Melati Wijsen> qui a 18 ans au moment du film.

Mais c’est depuis l’âge de 12 ans que Melati avec sa sœur Isabel lutte contre la pollution plastique.

Avec sa sœur, elle est à l’initiative de Bye Bye Plastic Bags. Ensemble, elles ont mobilisé des milliers d’enfants et de touristes et ont obtenu par décret l’interdiction de la vente et de la distribution de sacs, d’emballages et de pailles en plastique sur leur île, Bali.

C’est ensuite Melati qui va accompagner et être le lien du tour du monde de Flore Vasseur à la rencontre de jeunes qui se sont levés pour agir et contribuer à ce que leurs actions soient positives.

Le film nous fait voyager au Malawi, au Liban, au Brésil, aux Etats-Unis, en Grèce, en Indonésie et en Ouganda, à la rencontre de Rene, de Memory, de Winnie, de Xiuhtezcatl, de Mohamad et de Mary

Tous se sont levés pour une cause qui est plus grande qu’eux, la lutte pour les droits humains, la dignité, le climat, la liberté d’expression, la justice sociale, l’accès à l’éducation ou l’alimentation.

Annie poursuit une collaboration féconde avec une institution lyonnaise remarquable sur laquelle je reviendrais probablement un mot du jour prochain : « La maison de l’apprendre ». Et c’est La maison de l’apprendre qui organise sur Lyon « le Festival de l’Apprendre » présente partout en France pour célébrer tous les apprentissages, tous les acteurs et tous les lieux qui les permettent dans chaque territoire.

Le Festival de l’Apprendre s’inscrit dans la dynamique Learning Planet impulsée par le Centre de Recherches Interdisciplinaire et l’Unesco. Je ne développe pas, peut être ultérieurement…

Toujours est il que cette année le festival de l’apprendre se terminait à Lyon, par la projection de ce documentaire en présence de Flore Vasseur. Nous y sommes donc allés et avons pu échanger à la fin du film avec la réalisatrice.

Flore Vasseur est une femme singulière, issue  du monde des start up et de la Finance et qui va basculer dans tout à fait autre chose que l’on pourrait décrire par «changer le monde par l’écriture et le témoignage.». Témoignages de la rencontre avec des femmes et des hommes qui ont agi ou agissent non pour la gloire, non pour devenir milliardaire, mais pour ce qui est plus grand qu’eux, leur communauté, la préservation de la biosphère, rendre l’humanité plus raisonnable et plus résiliente.

J’ai déjà évoqué Flore Vasseur lors du mot du jour consacré à « Aaron Schwartz », ce génie de l’informatique qui voulait un monde ouvert et une connaissance partagée. Il s’est heurté aux puissances de l’argent, à celles et ceux qui veulent la marchandisation de toutes chosse. Devant l’ampleur de l’assaut et la menace de condamnation très lourde, il s’est suicidé à 26 ans. Flore Vasseur avait écrit le livre : <Ce qu’il reste de nos rêves> entièrement dédié à cet humaniste blessé et dont elle dit : « Aaron était le meilleur d’entre nous. »

Flore Vasseur est née en 1973 à Annecy. Elle fait de brillantes études qui la conduisent à intégrer HEC Paris.

À l’issue de ses études, Flore Vasseur est recrutée par un groupe de l’industrie du luxe. Elle s’installe à New York en 1999 et fonde une société de marketing.

Elle raconte son parcours dans sa bio qu’elle a publié sur son site https://florevasseur.com/bio/

« Je m’installe à New York à 25 ans pour créer mon cabinet d’études marketing. Je vis la bulle Internet, le 11 Septembre, un système capitaliste qui craquèle de toute part. Depuis, j’écris pour comprendre la fin d’un monde, l’émergence d’un autre et le travail de celles et ceux qui, peut-être, le feront.
Je m’attaque à l’emprise de la finance et à la folie d’un monde assis sur la technologie. J’interroge notre rapport au pouvoir, l’élite en mode panique, nos consentements. En fait, je tire le fil qui, depuis le 11 septembre, ne m’a jamais quitté : qui gouverne ?
Pour y répondre, j’apprends à utiliser tous les autres supports (articles, film, roman, chroniques, séries) et tous les espaces (presse, livres, TV, cinéma) : JE CHERCHE.

J’entreprends un travail au long cours sur la piste des activistes, des défenseurs des droits et des lanceurs d’alerte.
A Moscou, je réalise MEETING SNOWDEN avec ancien contractant de la NSA. Arte qui a commissionné ce travail m’a autorisé à « libérer » ce travail, accessible gratuitement sur Internet.
Puis mon roman-enquête, CE QU’IL RESTE DE NOS REVES, tente de retracer l’histoire méconnue et réelle d’Aaron Swartz, enfant prodige du code qui nous voulait libre, persécuté par l’administration Obama.
BIGGER THAN US, produit avec Marion Cotillard et Denis Carot, est mon premier film documentaire de cinéma. »

Elle écrit aussi des chroniques dans les journaux français et réalise une chronique sur France Culture.

Sur le site de la télévision belge elle explique :

« Il y a eu des tonnes de documentaires donnant la parole aux adultes, aux experts. Ces productions ont fait leur travail, mais je pense qu’il faut maintenant tendre le micro à d’autres personnes, explique la journaliste et romancière Flore Vasseur, réalisatrice du film. Il faut sortir de ce récit dominant et montrer que l’intelligence de situation est partout. On ne fait juste pas l’effort d’écouter. »

Et elle finit l’article par cette harangue :

« Par leurs actions, ces jeunes posent un acte profondément politique, avec un grand  » P « . Ils tendent un miroir à ceux qui nous gouvernent et qui font de la petite politique électorale. Je pense que les jeunes sont totalement désintéressés et complètement dans l’action. Ce qu’ils veulent c’est aider leurs semblables à survivre, tout simplement. […]
La question des victoires est presque annexe. La victoire c’est d’être debout, être dans la vie, dans la joie. »

Ce film documentaire Bigger Than Us est un moment d’émotion, de questions et de remise en cause de la manière dont nous autres humains vivons et agissons sur notre biosphère et sur les autres humains. Ce que des traditions séculaires dans certaines communautés engendrent comme violence.

Memory Banda du Malawi est une fille d’une énergie, d’une lucidité et d’une intelligence extraordinaire.

Elle a osé défier la tradition du viol institutionnalisé des jeunes filles dans des camps d’initiation dédiés. Elle a fait cesser cette pratique dans tout le pays, puis a fait modifier la constitution du Malawi pour relever l’âge légal de 15 à 18 ans afin de protéger les filles du mariage forcé.

Au Malawi, 42% des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans. Dans le monde, c’est 1 fille sur 5 (Unicef).

Elle raconte :

« Ma petite sœur a dû aller au camp d’initiation. Quand vous avez vos premières règles, vous devez y aller pour en apprendre plus sur les traditions et devenir ‘femme’. Et un jour, la communauté engage un homme qui va au camp et viole les filles. C’est le rite traditionnel de passage vers l’âge adulte. Elles ont 11 ou 12 ans. Lorsqu’elle est revenue de là, ma petite sœur est tombée enceinte et a été forcée d’épouser la personne qui l’avait mise enceinte. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que cela n’avait pas à m’arriver, que cela n’était pas une chose normale. Et aussi que personne ne parlerait pour nous. »

Elle dit :

« La plupart du temps, nous les jeunes nous nous sous-estimons, nous et nos capacités. Mais, par mon expérience, j’ai appris que ce sont les jeunes les vrais moteurs du changement. Ici par exemple, ce sont les jeunes qui ont réveillé leurs communautés, porté le message jusqu’au parlement et vu ce changement incroyable pour le Malawi. Ce sont les jeunes qui instillent le changement. »

Vous pourrez lire cela sur <la page> qui lui est consacrée sur le site du film remarquablement riche

Le site du film : « Bigger Than Us » consacre ainsi une page à chacun des protagonistes de ce film.

Je ne peux les citer tous mais je voudrais revenir sur Melati Wilsen qui ouvre le film puis sera le fil conducteur ou plutôt « la fille conductrice » du film. Elle dit :

« Dans l’Histoire, il y a toujours eu des grands rassemblements de personnes qui s’unissent réellement. Au point où il n’y avait plus de moyen de voir les choses autrement. C’était le résultat de gens qui se sentaient à nouveau à leur place et à nouveau vivants et qui avaient trouvé un but plus grand. »

Aujourd’hui elle développe <Youthtopia>, une plateforme d’éducation et de partage d’outils pour des jeunes souhaitant s’engager.

Elle le présente ainsi :

« Mon projet Youthtopia s’est construit depuis quatre ans dans ma tête, dans mon cœur. Ma rencontres avec les différents personnages du film et au-delà, les histoires que j’ai entendues, les problèmes du monde et solutions que je perçois rendent tout cela encore plus évident pour moi. Ma prochaine étape est de créer ce lieu pour ma génération, pour nous réunir et nous donner une éducation de pair à pair. Ce dont nous avons vraiment besoin en ce moment, c’est d’un espace pour nous retrouver de manière authentique. Un espace construit et animé par des jeunes, pour des jeunes, à une échelle universelle. Cet endroit est un besoin urgent pour notre génération. Et c’est un Youthtopia. »

Alors, si vous voulez voir ce film, la manière traditionnelle de trouver une salle de cinéma où est projeté ce film est possible mais très restreinte. Nous sommes dans la modernité et il y a de nombreuses possibilités de le voir. Tout est expliqué sur la page du site du film : https://biggerthanus.film/voir-le-film

Du souffle, de la fraîcheur, de la force de vie…et une invitation à s’engager.

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