A la suite de l’écoute d’une émission de France Culture, j’ai été convaincu de l’intérêt du livre d’Eloi Laurent : « Nos mythologies économiques ».
Il pose cette question : « Comment sortir l’économie de la croyance ? ».
L’économie se donne les apparences d’une science dure, d’une science du chiffre, de la rationalité, mais elle est avant toute chose une science sociale.
Et beaucoup de cette science sociale particulière appartient au domaine de la croyance, des mythologies.
L’inoubliable, Bernard Maris disait : [l’économie] :
« C’est du jargon, c’est de la rhétorique, ce n’est pas de la science, c’est un peu de statistiques, c’est beaucoup de psychologie et pas mal de bavardages».
J’ai ainsi consacré cinq mots du jour pour essayer de partager ce que ce livre m’a apporté.
1. « Nos mythologies économiques »
Éloi Laurent
Mot du jour du lundi 12 juin 2017
Le premier mot a été consacré à une présentation générale du livre et à la présentation de l’auteur.
L’auteur qui explique aussi le rôle que joue la mythologie économique auprès des décideurs politiques qui se soumettent à ce qu’ils considèrent comme une autorité.
2. « Qui assume les risques et les coûts de l’économie de marché ? Qui en possède les rentes ? »
Éloi Laurent « Nos mythologies économiques » page 18
Mot du jour du mardi 13 juin 2017
Je trouve cette question très éclairante : Qui assume les risques ?
Daniel Cohen avait mis en lumière cette question dans un entretien à Challenges en 2006, en soulignant la supercherie actuelle : « Pendant longtemps, être salarié c’était justement profiter de la sécurité de la condition salariale, le risque étant laissé aux entrepreneurs qui avait en contrepartie la possibilité de s’enrichir. Le capitalisme contemporain a inversé cette équation. C’est désormais le salarié qui est exposé aux risques industriels et c’est l’entrepreneur, l’actionnaire, qui en est protégé. C’est un des éléments de la rupture du contrat implicite qui liait auparavant les salariés aux entreprises. »
Eloi Laurent aborde aussi le lien entre les marchés économiques et l’État et tous les rideaux de fumée, selon sa propre formule, qui veulent camoufler l’intérêt de ceux qui profitent de l’État tout en prétendant qu’il faut s’en méfier.
3. «La poursuite de l’efficacité crée nécessairement des inégalités. Et ainsi la société est confrontée à un arbitrage entre égalité et efficacité»
Arthur Okun
Mot du jour du mercredi 14 juin 2017
Éloi Laurent cite l’économiste Arthur Okun pour le livre qu’il a écrit : « Egalité versus efficacité. Comment trouver l’équilibre?»
Il en conteste la thèse centrale à savoir que la poursuite de l’efficacité ne peut que se réaliser par un creusement des inégalités.
4. « Le grand remplacement »
Mythologie inventée par Renaud Camus
Mot du jour du jeudi 15 juin 2017
Éloi Laurent s’attaque aussi à la mythologie inventée par Renaud Camus : « Le grand remplacement »
Il définit cette mythologie de la manière suivante : « les flux migratoires actuels sont incontrôlables et conduiront sous peu au ” grand remplacement ” de la population française. »
Il explique qu’il s’agit de l’évolution du discours xénophobe des extrêmes droites qui ont ajouté à leurs fantasmes d’identité nationale l’idée que l’immigration menacerait l’attachement des Européens à leur modèle social.
5. «Il faut qu’une parole politisée fasse retour pour que le charme des mythologies économiques soit enfin rompu.»
Éloi Laurent
Mot du jour du vendredi 16 juin 2017
Dans le dernier article de cette série, Éloi Laurent insiste sur la nécessité de retrouver une volonté politique pour domestiquer les mythologies économiques.
Il lui apparait nécessaire de renouveler le récit politique.