Alain Minc, ne fait pas partie de mes auteurs préférés.
Je ne le cite que très rarement.
Mais en continuant mon libre butinage à travers les médias et les réseaux sociaux, je suis tombé sur cette interview d’Alain Minc par Libération et publié le 8 juillet 2018.
Il défend la politique et les choix de Macron mais y met une nuance qui me semble lucide et prémonitoire.
Dans ce cas je veux bien le citer :
« Le capitalisme est le système le plus efficace et le plus inégalitaire. Pendant cette période, les 1 % plus riches aux Etats-Unis ont fini par capter 25 % du revenu national. C’est un pourcentage hallucinant. En Europe, les «1 %» reçoivent 8 % du revenu, ce qui est plus raisonnable, mais toujours excessif. Je ne cesse de tirer la sonnette d’alarme auprès de tous les dirigeants. Une telle inégalité est insoutenable. Mais si l’on cherche à y remédier par les mécanismes classiques de la redistribution égalitaire, on a besoin de sommes énormes, qui seront prélevées sur la classe moyenne, ce qui n’est guère plus satisfaisant. Il faut instaurer le principe de l’équité : réserver la redistribution à ceux qui en ont le plus besoin en révisant les méthodes de l’Etat-providence. Quant aux salariés, ils doivent bénéficier d’un partage du capital, sous la forme d’une distribution d’actions qui leur garantit un patrimoine. […]
Il faut aller plus loin. En tout état de cause, on ne peut pas continuer comme cela, l’inégalité est trop forte. On risque l’insurrection. Elle a déjà commencé dans les urnes, avec la montée des partis populistes. »
Les choses sont bien compliquées. Quand Emmanuel Macron regarde le monde, il constate que, quasi partout, les inégalités sont beaucoup plus fortes qu’en France. Et il a même commencé son quinquennat par des réformes symboliques qui montrent de manière sous-jacente que le problème de la France, selon lui, est que les riches ne sont pas assez riches. Pour ma part je pense que le vrai problème du monde et aussi de la France c’est l’explosion des inégalités. Dans ce monde inégalitaire, il est très difficile de vouloir réaliser une révolution écologique. Probablement même qu’en démocratie c’est impossible, je veux dire dans une démocratie avec ce niveau d’inégalité.
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Au delà de l’enrichissement exorbitant de certains, ce qui est grave est que l’essentiel de la richesse est siphonnée et ne profite pas à l’économie
Quand tu dis que, probablement, la révolution écologique est impossible en démocratie, je te suis tout à fait.
La situation est devenue tellement grave, et les efforts pour y remédier sont si importants qu’il sera difficile à n’importe quel gouvernement démocratique ordinaire de faire accepter les profondes modifications de la société qu’il faut réaliser.
Mais déjà remédier sans attendre à cette plaie que sont les inégalités serait un premier pas vers un début d’acceptation. Si les citoyens voient qu’ils sont traités avec justice, et que les sacrifices sont partagés par tous en fonction des revenus de chacun , l’acceptation des efforts serait plus facile à obtenir.
Pour cela il faut d’urgence réparer la société avec autre chose que des mots.
Sinon nous allons vers les pires difficultés dès maintenant.