Lundi 2 mai 2016
« La Résilience »
Boris Cyrulnik
Je pense que tout le monde a entendu parler de Boris Cyrulnik psychiatre et neurologue français.
Il vient de publier un nouveau livre, plus autobiographique que les précédents : « Ivres paradis, bonheurs héroïques » chez Odile Jacob. Dans ce nouvel ouvrage, il théorise la nécessité d’avoir des héros et aussi le risque qu’il existe à les laisser être pervertis.
Il a été l’invité des matins de France Culture de Guillaume Erner du 20 avril.
Boris Cyrulnik, c’est d’abord une voix enveloppante et douce capable d’expliquer et d’apaiser. Il est né en 1937 dans une famille d’immigrés juifs d’Europe centrale et orientale (son père était russo-ukrainien et sa mère polonaise) arrivés en France dans les années 1930. Il a vécu l’horreur nazi, ses parents ont été assassinés dans les camps
Lui-même a survécu dans des conditions extrêmement difficiles et il raconte combien il était difficile de raconter ce qui s’est passé dans les camps de la mort, les gens ne le croyaient pas.
Je me souviens d’avoir entendu Simone Veil témoigner dans le même sens. Cyrulnik rapporte même que des psychanalystes qui recevaient des rescapés des camps qui racontaient leur vécu, leur auraient dit : mais où aller vous chercher tout cela ?
Le procès Eichmann, puis Shoah de Lanzmann et peut être aussi « Au nom de tous les miens » de Martin Gray qui vient de disparaître, il y a quelques jours, ont peu à peu mis en lumière la réalité des camps.
Et c’est à travers cette expérience terrible que Boris Cyrulnik a développé la résilience.
Souvent on lit que la résilience est un concept qui a été inventé par Boris Cyrulnik, mais ce n’est pas le cas. Il a certainement médiatisé et popularisé ce terme. Mais Wikipedia nous apprend que : « Les premières publications dans le domaine de la psychologie datent de 1939-1945. Werner et Smith, deux psychologues scolaires américaines à Hawaï, travaillent avec des enfants à risque psychopathologique, condamnés à présenter des troubles. À l’occasion d’un suivi effectué pendant trente ans, elles notent qu’un certain nombre d’entre eux « s’en sortent » grâce à des qualités individuelles ou des opportunités de l’environnement.
La notion de résilience s’oppose parfois à la notion de « coping (en anglais to cope = se débrouiller, s’en sortir). La résilience permet de dépasser son état actuel (un orphelin abandonné qui va trouver un métier) et de ne plus être dans une situation précaire (un orphelin qui va faire face en volant ou vendant de la drogue).»
La résilience consiste, pour quelqu’un qui a vécu un très grand traumatisme, à prendre acte de l’événement traumatique pour ne plus, ou ne pas, avoir à vivre dans la dépression et se reconstruire.
Du verbe latin resilio, ire, littéralement « sauter en arrière », d’où « rebondir, résister » (au choc, à la déformation).
La résilience est, à l’origine, un terme utilisé en physique qui caractérise l’énergie absorbée par un corps lors d’une déformation (« Test Charpy »).
La résilience est la voie du renouveau, la capacité à surmonter les traumatismes. C’est le meilleur chemin pour ceux qui ont vécu des drames comme celui des attentats, ou un acte de pédophilie ou de viol, bref énormément d’évènements qui ont occupé une place considérable dans nos médias, ces derniers mois.