Mercredi 16 décembre 2015

Mercredi 16 décembre 2015
« Léon ne veut pas rentrer à la maison ! »
Corine Lesnes
Correspondante du Monde aux Etats-Unis basée à San Francisco
Ainsi un site donne une visibilité à cette initiative : http://www.reviensleon.com/
Un article du Monde nous explique que pour l’instant ce programme n’a pas beaucoup de succès. (Article en pièce jointe)
Nous apprenons que « Reviens Léon a été lancée en mai par Blablacar et une dizaine d’autres start-up (Captain Train, SigFox, LaFourchette, iAdvize…) pour encourager les expatriés à rentrer. Thème de la campagne : la France a « beaucoup changé ». Fini la morosité hexagonale, « c’est là que ça se passe »… Le titre est un clin d’œil à une publicité de 1986 pour les raviolis Panzani. Béret sur la tête, Léon-le-fermier est irrésistiblement attiré par la sauce aux herbes de Provence du fabricant de pâtes. Sa femme tente de s’interposer. « Reviens, Léon ! crie-t-elle. J’ai les mêmes à la maison ! »
Pourquoi un clip aussi franchouillard pour illustrer la modernité de la French Tech ? « Notre cible, ce sont les personnes expérimentées, les cadres seniors », explique Diane Prebay, la coordinatrice des relations publiques de Blablacar. Bref, les éventuels nostalgiques des années Léon. « En France, ce qui nous manque, ce sont ceux qui ont vu des sociétés passer de la taille de Blablacar à dix fois Blablacar, ajoute Nicolas Brusson. Ce type de talents, on n’en trouve plus en Europe. Ils sont ici. » L’entrepreneur sait de quoi il parle. Il a passé sept ans à San Francisco, au début des années 2000. Son ami Frédéric Mazzella, cofondateur de Blablacar, a, lui, suivi un master à Stanford, au cœur de la Silicon Valley. « On a fini par revenir, sourit Nicolas Brusson. En fait, tous les deux, on est des Léon. »
L’association Reviens Léon est financée pour moitié par les start-up qui participent à la campagne (avec une cotisation modulée sur le chiffre d’affaires). L’autre moitié provient de fonds publics par l’intermédiaire de la French Tech, l’initiative du gouvernement français pour développer le numérique. Elle propose des offres d’emploi et des aides personnalisées aux candidats au retour (grande question : seront-ils assujettis à l’ISF ?). En septembre, LVMH a rejoint le groupe initial, dans l’espoir d’attirer vers le luxe des spécialistes du commerce en ligne ou du marketing digital ayant fait leurs classes à l’étranger.
Mais quatre mois après le lancement, le résultat n’est pas particulièrement concluant. Malgré la campagne médiatique (et la promesse du fabricant de desserts frais Michel et Augustin de remplir le réfrigérateur des « revenants » pendant trois mois), les candidats au retour ne se bousculent pas. Pas un Léon ne s’est présenté, confirme Diane Prebay, qui chapeaute l’initiative chez Blablacar.
Selon UBIFrance, l’agence française pour le développement international des entreprises, 135 000 Français ayant une formation équivalente à un master sont installés aux Etats-Unis, dont 40 000 dans la région de San Francisco. Pour ces expatriés, rentrer ou pas est un dilemme récurrent. Grégory Boutté, l’ancien directeur général d’eBay France, a noté deux catégories d’entrepreneurs : « Ceux qui ont fui la France et ce qu’ils estiment être sa réalité dysfonctionnelle. Et ceux qui sont partis pour vivre une expérience intéressante ailleurs. »»
Un interlocuteur pense que c’est peut-être encore un peu tôt pour conclure, les Léons reviendront peut être un peu plus tard.
Mais quelle drôle d’idée de donner le nom de « Léon » à ce programme.