« Nous ne nous verrons plus sur terre »
Guillaume Apollinaire

L’Adieu
J’ai cueilli ce brin de bruyère
L’automne est morte souviens-t’en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t’attends
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913

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Bonjour, Je ne sais pas vraiment par où commencer, j’ai été l’élève de Mr Klam dans les années 90, j’ai voulu retrouver ou en était mon ancien prof et je tombe sur votre page, toutes mes condoléances, des centaines de souvenirs remontent à la surface du coup, votre frère il était…dur !!!oh oui au conservatoire à Nantes il en a dégagé plus d’un/e qui ne lui plaisait pas…
Mais avec beaucoup de recul j’avais beaucoup d’affection et un énorme respect pour lui, je n’ai jamais été l’élève parfait qu’il aurait aimé voir mais je pense qu’il m’aimait bien.
Je me rappellerai toujours lors de mon année de diplôme quand il vu que ça ne le ferait pas il a fait un truc qu’il n’avait jamais fait avant je crois, il m’avait fait venir chez lui au boulevard des belges et on avait essayé de rattraper le coup.
Votre frère était une belle personne ,doté d’un caractère de cochon râleur et je ris et je pleure en repensant à ça.
Il était dur parce que « rien ne t’es donné » « travaille, travaille, travaille » …il m’a donné énormément malgré mon côté nonchalant et peu intéressé par la musique classique.
Ma famille venait des quartiers nord de Nantes et mon père a toujours voulu que nous nous en sortions par le travail, le savoir ,l’école et le respect.
J’ai un peu les larmes aux yeux en vous écrivant parce que Gérard à toujours été un modèle pour moi, je l’ai connu grâce à Paul Hieu qui m’a fait rentrer sur concours en 1990 ou 1991, et c’est la que j’ai eu Gérard en tant que prof.
Je vais m’arrêter la parce que les émotions sont un peu trop fortes, sachez juste que vous aviez pour moi une très belle personne à vos côtés et que mon respect pour lui je le porterai toujours.
Dites vous bien que c’est une des personnes qui a changé ma vie, des quartiers nord de nantes ou tout semblait si difficile si dur j’ai rencontré quelqu’un qui même si au niveau violon ça n’allait pas,ma fait voir le monde sous un autre angle, aujourd’hui si je suis administrateur système et réseaux dans une belle boîte je suis sur que Gérard y est pour quelque chose.
Bonjour Nguyen,
Je suis très ému par votre témoignage. J’y reconnais mon grand frère avec ses immenses qualités mais aussi son intransigeance et son impatience.
Les réseaux sociaux et le web véhiculent beaucoup de choses négatives, mais il y a aussi beaucoup de bienveillance et la possibilité de rencontre et d’échanges qui nourrissent et nous enrichissent.
Ces quelques mots pour un partage avec ceux qui auront la bonne idée de lire votre témoignage.
Je vous écrirai en privé pour approfondir cet échange autour de Gérard.
Bonjour,
Je suis dans la même situation que Nguyen et j’ai aussi été un élève de Gérard Klam au conservatoire de Champigny lorsqu’il était violon à l’Opéra.
J’ai débuté avec lui à l’âge de 21 ans, 45 ans après je joue toujours avec cette passion qu’il a su me transmettre en dépit de l’âge tardif de mes débuts.
Je l’ai connu exigeant et particulièrement bienveillant à mon endroit. Quelques semaines après mes débuts, alors que je ne travaillais que quelques minutes avant le cours hebdomadaire, il m’a passé un savon avec les mots justes pour me signifier qu’avec l’âge auquel je commençais l’instrument n’était pas compatible avec le rythme de travail que j’adoptais, et que je devais choisir, travailler ou quitter son cours.
J’ai vite choisi. J’ai revu Gérard en 2010 alors qu il venait à paris pour être jury au CNSM, nous avons diné ensemble et je garde le souvenir ému d’un être attentif généreux encourageant qui a marqué profondément le cours de ma vie en semant la graine d’une passion qui ne m’a jamais quittée. C’est avec émotion et tristesse que j’ai appris son décès aujourd’hui plus de deux ans après sa mort.
Il fait partie de ces êtres, qui comptent, et avec lesquels on entretient un lien ineffable, un presque rien qui résiste au temps et qui sans nous en rendre compte habitent positivement notre inconscient.
J’aurais tellement aimé le revoir.
Bien à vous.
Philippe
Bonjour Philippe,
Merci pour ces mots pour mon grand frère qui résonnent si justement pour décrire un homme généreux et au grand cœur tout en étant rigoureux et intransigeant quand il était question de violon et de musique.