Dans notre jeunesse nous pensions que l’évolution vers la démocratie était inéluctable et que si certains Etats mettraient un peu plus de temps, le mouvement était général et allait toujours dans le même sens.
Quand j’étais enfant, L’Espagne, le Portugal, la Grèce, tous les pays de l’Est de l’Europe étaient des dictatures. Ces dictatures sont tombées les unes après les autres.
Avec la chute du bloc soviétique, Francis Fukuyama conceptualisait cette évolution dans un article célèbre intitulé « La fin de l’histoire » où il prédisait le triomphe du modèle démocratique sur toute la planète.
Il semble que nous nous soyons trompés.
Dans « l’Obs », Sara Daniel pose même la question : « La démocratie, un régime politique en voie de disparition ? »
Et elle se réfère à une étude du département de recherche (EIU) de « The Economist »
The Economist est un journal britannique et nous devons reconnaître que concernant la démocratie les anglais nous ont toujours été supérieurs. Nous avons donc affaire à des spécialistes.
The Economist a créé un « indice de démocratie » qu’il évalue chaque année depuis 2006 pour chacun des 167 pays que compte notre Planète.
Le calcul est fondé sur 60 critères regroupés en cinq catégories :
- Le processus électoral et le pluralisme,
- Les libertés civiles,
- Le fonctionnement du gouvernement,
- La participation politique
- La culture politique.
La notation se fait selon une échelle allant de 0 à 10.
À partir de cette note, les pays sont classés selon quatre types de régime politiques :
- Démocraties complètes
- Démocraties imparfaites ou défaillantes
- Régime hybride
- Régime autoritaire.
Le pays le moins démocratique du monde a été depuis plusieurs années : La Corée du Nord.
Mais cette année le classement du journal a trouvé encore pire.
La dernière place du classement est désormais occupée par l’Afghanistan qui est donc 167ème avec un score de 0,32.
Et la Corée du Nord n’est même pas avant dernière, cette place est occupée par la Birmanie dont l’armée a renversé le pouvoir civil dirigé par Aung San Suu Kyi et s’est lancé dans une répression sanglante contre la population en révolte contre ce coup de force.
Du côté le plus vertueux, c’est la Norvège qui occupe la première place avec un score de 9,75 suivi par les autres pays nordiques Finlande, Suède, Islande, Danemark.
Mais la deuxième place est occupée par la Nouvelle Zélande qui s’immisce dans le groupe des nordiques.
Il est à noter que sauf pour la Norvège, les 5 pays suivants ont tous à leur tête une première ministre femme.
Il me semble pouvoir dire que ce n’est pas parce qu’ils ont à leur tête des femmes qu’ils sont vertueux, mais plutôt parce qu’ils sont vertueux ils mettent facilement à la première place des femmes.
La France, est classée au-delà de la 20ème place et a intégré depuis l’année dernière la catégorie des démocraties défaillantes.
Pour l’étude ce sont les mesures mises en place pour freiner la pandémie de Covid-19 qui sont la cause de cette rétrogradation.
« Le Progrès. » rapporte les termes du rapport :
« Imposer des pass et des vaccins pose la question du droit des individus à participer librement à la vie publique de leur pays s’ils ne sont pas vaccinés », peut-on notamment lire dans l’étude, qui pointe également du doigt les propos d’Emmanuel Macron dans Le Parisien, qui a déclaré il y a quelques semaines qu’il voulait « emmerder les non-vaccinés ».
La France n’est pas le seul pays d’Europe de l’Ouest où la restriction des libertés individuelles pose question, selon l’Index. L’Espagne est ainsi passé cette année de « démocratie complète » à « démocratie défaillante » et plusieurs pays voisins, comme l’Italie, le Portugal et la Belgique sont eux aussi considérés comme « défaillants » dans leur système démocratique.
Les États-Unis, Israël, le Brésil et l’Afrique du Sud figurent également dans cette catégorie. »
La Russie et la Chine sont bien évidemment classées dans la dernière catégorie, celle des régimes autoritaires.
En 2021, seuls 6,4 % de la population mondiale ont vécu dans des pays pleinement démocratiques.
Globalement, la démocratie a reculé dans le monde l’année dernière. L’indice de démocratie 2021 est en effet passé de 5,37 en 2020 à 5,28, soit la plus forte baisse annuelle depuis l’année 2010.
Les régimes autoritaires ou hybrides sont largement majoritaires et gouvernent plus de la moitié de l’humanité 45,7 % de la population mondiale vivait dans une démocratie en 2021, contre 49,4 % un an plus tôt.
Sara Daniel développe :
« Plusieurs facteurs expliquent ce reflux démocratique. La multiplication des hommes forts qui, du Russe Vladimir Poutine au Turc Recep Tayyip Erdogan, adossent leur pouvoir à des démocratures. Les guerres sans fin ensanglantant le Moyen-Orient, le Sahel ou l’Afghanistan, qui déloge cette année la Corée du Nord de la dernière place du classement. La progression du modèle chinois qui gagne le monde émergent. Et enfin l’épidémie de Covid qui a creusé le fossé entre dirigeants et citoyens. »
Et elle cite une journaliste américaine :
« Dans un livre récemment publié chez Grasset, « Démocraties en déclin. Réflexions sur la tentation autoritaire », la journaliste américaine Anne Applebaum, déjà autrice d’une passionnante histoire du Goulag, explique comment le mensonge assumé est devenu une arme politique. Selon elle, la tentation de gouverner de manière autoritaire, dont le trumpisme fut l’illustration la plus spectaculaire, est la même partout, de l’extrême droite française au régime de Poutine. »
J’ai pris ces différentes informations des articles suivants :
Wikipedia : <Indice de démocratie>
L’Obs : < La démocratie, un régime politique en voie de disparition ?>
L’Obs : <The Economist classe la France parmi les « démocraties défaillantes »>
Le Progrès <Quels sont les pays les plus démocratiques ou les plus autoritaires au monde ?>
Les Echos : <Le Covid bouscule la démocratie dans le monde pour la deuxième année consécutive>
Le Temps : <Une étude s’alarme d’un recul de la démocratie dans le monde en 2021>
Il me semble, en effet, que la démocratie recule dans le monde. Je ne crois pas que le COVID en soit le principal responsable.
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