Mercredi 15 Juillet 2015

Mercredi 15 Juillet 2015
« le mot “environnement” est un mot qui, philosophiquement, […] dit le contraire de ce qu’il veut dire.
Il implique que l’homme est au centre et que le reste est dans l’environ. »
Michel Serres.
On en parle beaucoup, la  France va accueillir et présider la COP 21 du 30 novembre au 11 décembre 2015 à Paris.
La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, dite « CCNUCC » (« UNFCCC » en anglais), a été adoptée au cours du sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992. Elle est entrée en vigueur le 21 mars 1994 et a été ratifiée par 196 « parties » prenantes à la Convention.
La Conférence des Parties (COP), composée de tous les États « parties », constitue l’organe suprême de la Convention. Cette conférence est la 21ème depuis sa création d’où le nom COP21.
Il existe bien sûr un site dédié à cette manifestation et qui est très pédagogique : <Site COP 21>.
C’est l’occasion pour revenir sur une réflexion de Michel Serres qu’il avait développé dans son livre le <Le Contrat naturel>
Le contrat naturel est pour la nature l’équivalent du contrat social de Rousseau qui s’intéressait aux relations sociales et politiques des humains et pose le principe de la souveraineté du peuple.
Le mot que Serres interroge dans sa réflexion est celui d’«environnement». En effet si pour parler de la nature nous utilisons le terme d’environnement, nous posons l’homme comme extérieur à la nature. Alors que l’homme est bien sûr composant de la nature.
Soucieux de discuter les concepts liés aux débats actuels,  Michel Serres souligne que « le mot « environnement » est un mot qui, philosophiquement, peut être aussi juridiquement, dit le contraire de ce qu’il veut dire. Il implique que l’homme est au centre et que le reste est dans l’environ. Donc l’homme est déjà maître et possesseur ; par conséquent il n’y a plus de contrat possible.
Michel Serres dit :  L’« environnement » est un très mauvais concept. Il est anthropocentriste. Tout mon effort dans Le Contrat naturel consistait à dire qu’il ne faut pas mettre l’homme au centre. »
Je tire les réflexions suivantes d’un article de la revue Pouvoir :
Peu convaincu par les mesures fiscales du type « pollueur payeur », Michel Serres affirme que « l’économie et la politique ne suffisent pas. Le droit suppose une norme et une sanction. En l’espèce, la sanction ne viendra pas de l’homme mais du monde. Ainsi le rythme de pollution des industries chinoises conduira à la punition de la population. Face à la situation actuelle, il y a un retour au réel. »
« On est en train de revenir au monde. Jusqu’à présent, la politique et la philosophie ignoraient le monde. Cela change, on le découvre. Le philosophe engagé ne se contente plus de penser les rapports humains. J’ai une seconde utopie. L’opinion publique devient mondiale. Le connectif remplacera le collectif » précise Michel Serres.
« Cette opinion mondiale qui est en train de se former va devenir aussi puissante que le monde. Il y a une démocratie en formation. Une vague qui va dans le bon sens. Souvent la population d’un pays est plus sage que ses gouvernants. Il est possible que, pour l’environnement, il se passe quelque chose de ce genre. Voilà une seconde sanction comprise dans cette seconde utopie. Après la sanction par le monde, la sanction par l’opinion publique. Maintenant au juriste de prendre le relais des utopies du philosophe », ajoute Michel Serres.
Voici d’autres articles sur cette réflexion de Michel Serres :