Mardi 7 avril 2015
«Nourrir l’Humanité »
Bruno Parmentier
Bruno Parmentier est Ingénieur des Mines de Paris, ancien directeur général de l’ESA (Ecole supérieure d’agriculture d’Angers) et grand spécialiste de l’agriculture.
Nourrir l’humanité qui constitue un exaltant mais difficile projet est aussi le titre d’un de ses ouvrages. Plus récemment en 2014 il a publié « faim zéro » en finir avec la faim dans le monde.
Je l’ai découvert grâce à cette émission de France Inter <http://www.franceinter.fr/emission-un-jour-dans-le-monde-nourrir-lhumanite>
Mais je vous conseille plutôt de le découvrir à travers cette vidéo <Nourrir l’humanité, conférence à Angers>
Regarder cette conférence où cet homme truculent, maîtrisant souverainement son sujet explique simplement les défis, l’Histoire et les solutions de l’agriculture mondiale.
On démarre le XXème siècle avec 1,8 milliards d’humains aujourd’hui nous sommes à 7,2 milliards mais il y a le même nombre de gens qui ont faim : 800 millions. L’agriculture est donc parvenue à nourrir un beaucoup plus grand nombre d’humains avec les mêmes terres cultivables.
Les démographes attendent encore l’arrivée de 2 milliards et demi d’humains au-delà de 2050, puis la population mondiale devrait stagner à 9,5 milliards.
Mais au XXème siècle « c’était facile », on a prélevé énormément de ressources non renouvelables pour produire de plus en plus : on a utilisé de plus en plus de terres, d’eau, d’engrais, de pesticides, d’énergie et de tracteurs.
Au XXIème siècle il faudra produire plus avec moins : moins de terre, moins d’eau et moins d’énergie : il faudra promouvoir une agriculture écologiquement intensive et non plus chimiquement intensive.
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Il remet en cause le labour qui lui semble une aberration et qui ne prend pas en compte le cycle naturel et écologique de la terre, ainsi les vers de terre, les bactéries et les champignons remplacent avantageusement cette activité peu utile et très consommatrice d’énergie et d’engrais. Les agriculteurs au lieu d’être laboureur doivent devenir éleveur de ver de terre ce qui est vraiment un autre métier.
Il explique bien d’autres choses absolument passionnantes notamment le rapport étroit entre les révolutions et les difficultés agricoles : en 1789 l’élément déclencheur fut une mauvaise récolte de blé et les révolutions arabes ont aussi fait suite à des crises alimentaires.
Il raconte notamment la crise des céréales de 2007 et ce qui s’en suivit.
Et puis il révèle tout le gâchis à la production, comme à la consommation qui est encore aujourd’hui à l’œuvre dans le monde de l’alimentation (on jette chaque année 1/3 de la récolte mondiale, dans le Sud parce qu’on ne dispose pas des moyens de conservation moderne, dans le Nord parce qu’on jette des produits non consommés).
Et puis, il parle de la viande et du laitage : Si tous les pays du monde font comme nous : saucisson, côte de veau plus camembert c’est ruinant :
Un français dans sa vie mange 7 bœufs, 33 cochons, 1300 poulets, 20 000 œufs 32 000 litres de lait. Manger autant n’est ni bon pour notre santé et n’est pas soutenable pour la planète.
Un français consomme ainsi annuellement par personne 85 kg de viande, un américain 125 kg, un chinois 60 kg (contre 14 en 1980 !), un indien 6 kg, un africain 11 kg.
Le problème est mathématique, il s’exprime très simplement et se fonde sur la problématique suivante : pour que nous puissions manger de la viande il faut que les animaux qui nous nourrissent consomment des céréales.
et…un végétarien qui se nourrit bien consomme 200 kg de céréales par an.
Un carnivore pour le même résultat consomme 800 kg de céréales, celles qu’ils mangent directement plus celles qu’ont mangé les animaux consommés. Donc quatre fois plus
Dans le premier type de consommation on peut parvenir à nourrir l’humanité, dans le second non. C’est aussi simple que cela.
La conclusion est rassurante : la situation est grave mais pas désespérée.
et il préconise notamment :
Ne plus rien gâcher ! tout est matière première
Modifier nos habitudes alimentaires
Inventer une agriculture écologiquement intensive qui fasse plus et mieux avec moins
Chercher « nos OGM » à notre manière
Promouvoir l’agriculture vivrière dans le monde
Et pour finir une intervention très intéressante et émouvante d’une jeune agricultrice très volontaire et confrontée aux problèmes d’aujourd’hui : <J’ai beaucoup de chance>