Il n’était pas dans mes projets d’écrire tout de suite un nouveau mot du jour consacré à cette enchanteresse des mots et des chansons.
Mais voilà, un vieil homme est mort, il avait été élu président de la république il y a 46 ans, je n’avais pas encore le droit de vote. C’était il y a donc très longtemps.
Et puis hop, toute l’espace médiatique ne parle plus que de lui, il n’y a plus de place pour la chanteuse de « J’aime les gens qui doutent »
J’aime les gens qui doutent, les gens qui trop écoutent leur cœur se balancer
J’aime les gens qui disent et qui se contredisent et sans se dénoncer
J’aime les gens qui tremblent, que parfois ils ne semblent capables de juger
Marc m’a écrit pour me dire qu’il aimait aussi la version de Vincent Delerm : <Ici il la chante avec Jeanne Cherhal, et Albin de la Simone>
Ce n’est pas que celui qui jouait de l’accordéon à l’Elysée fut un homme sans qualité.
Je lui consacrerai peut-être des mots du jour, mais pas aujourd’hui.
Aujourd’hui je veux continuer d’évoquer celle qui a écrit la chanson que ma belle-maman adorait comme me l’a révélée Annie : <Clémence en vacances>
Clémence, Clémence
A pris des vacances
Clémence ne fait plus rien
Clémence, Clémence
Est comme en enfance
Clémence va bien
Elle n’avait jamais fait la Une des magazines
Parce que vous comprenez, ce n’est pas juste !
Cette fois, l’hommage était unanime, tout le monde avait enfin reconnu son talent, tout le monde l’aimait.
Alors Paris-Match, l’Express et tous les autres prévoyaient de mettre l’auteure d’une « sorcière comme une autre » en couverture. Christiane nous a envoyé un lien vers une interprétation de <Pauline Julien>
Mais pour les couvertures, c’est raté !
Nous verrons sur les couvertures le crâne dégarni du châtelain de Chanonat qui s’est retiré dans l’Aveyron.
Alors moi j’ai continué à chercher des vidéos sur internet
Et j’ai trouvé, Patrick Simonin qui l’avait interviewé <Sur TV 5 Monde>; Elle avait 63 ans et fêtait les 40 ans de scène.
Lors de l’émission elle a dit :
« [Mes chansons] c’est la vie, c’est les gens qui m’intéressent.
Ce qui leur arrive. Ce qu’ils disent, qu’ils vivent.
Quand on parle de soi, on parle des autres.
J’ai parfois, l’impression que lorsqu’on parle de soi, on fait une sorte de cadeau aux autres en leur disant : vous voyez vous n’êtes pas seul.
Je me considère un peu comme une sorte d’écrivain public.
Parce qu’il se trouve que j’ai un don de dire les choses.
Alors je dis peut-être les choses à la place d’autres qui ne trouvent pas les mots. »
Et puis j’ai trouvé une trace encore plus ancienne : <Radioscopie de Chancel en 1978>
Et puis ce duo avec Pauline Julien cité ci-avant : < <Rien qu’une fois>
Dans une interview que j’ai regardé, elle reprochait au journaliste de ne parler que de ces chansons sérieuses, alors qu’elle a écrit beaucoup de chansons pleines d’humour.
Et j’ai trouvé son jubilé des 50 ans de scène <Concert au Trianon – 2007> et c’est vrai qu’elle est très drôle
Dans ce spectacle elle chante notamment : <Ça ne se voit pas du tout>
François Busnel l’avait reçu à la Grande librairie parce qu’elle venait d’écrire <Coquelicot> un livre sur ses mots préférés. Ce même soir Daniel Pennac était invité aussi. Vous apprendrez le sens du verbe : « débarouler »
Et puis il y a les cinq émissions de Hélène Hazéra « A voix nue » qui datent de 2002.
Et pour finir un autre moment d’humour : < Petit bonhomme >
<1502>
François Morel a consacré son billet de ce matin à Anne Sylvestre. Comme toujours plein d’intelligence et de poésie : https://www.franceinter.fr/emissions/le-billet-de-francois-morel/le-billet-de-francois-morel-04-decembre-2020 :
«C’était le genre d’artiste unique, enragée, blessée, dont les larmes n’étaient jamais de sensiblerie, dont le rire n’était jamais bas ? Que Juliette a joliment salué en twittant « au revoir sorcière ».
C’était une chercheuse qui ne s’endormait jamais sur les lauriers de l’habileté, dont le projet encore récent était de tenter d’écrire des chansons plus courtes.
C’était une chanteuse que l’on avait envie d’embrasser et qui mérite notre reconnaissance, une amie d’autrefois qui reste une amie de toujours, à qui l’on voudrait dire simplement dans un sourire « merci, merci pour la tendresse ».