J’avais déjà parlé de la nuit américaine lors du mot du jour du <7 octobre 2014> qui rendait hommage à François Truffaut et à son film qui portait ce nom.
J’expliquais alors que « la nuit américaine » est le nom d’une technique, au cinéma, qui consiste à tourner des scènes nocturnes en plein jour.
Par chance je n’avais pas utilisé cette expression comme exergue, elle est donc disponible pour décrire cette nuit qui s’achève et au cours de laquelle les résultats des présidentielles américaines nous arrivent peu à peu.
Au moment où j’écris cet article, je ne connais rien du résultat.
France Inter a donné pour titre à l’émission qu’elle consacre à cet évènement « la nuit américaine ».
Il peut aussi être donné un autre sens à cette expression.
Le 20 janvier 2017, Donald Trump prenait les clés de la Maison Blanche.
J’avais écrit un mot du jour le <23 janvier 2017> en m’appuyant sur un dessin.
Dessin dans lequel, Obama sort de la pièce et éteint la lumière.
Les Etats-Unis étaient plongés dans la nuit.
Quatre ans sont passés.
Il n’y a pas eu de guerre provoquée par Trump, heureusement.
Mais pour le reste ce fut un désastre pour l’intelligence, pour la vérité, pour la décence, pour la raison . La première vraie crise qu’il a eu à traverser fut celle du COVID 19. Il a alors montré toutes les limites de ses méthodes et de sa manière d’agir.
J’espère profondément qu’il n’y aura pas de quatre ans de plus de Trump.
Je sais bien que Biden, s’il est élu, ne fera pas jaillir une lumière éclatante chassant l’obscurité. Mais il mettra un peu de décence dans tous ce chaos.
Lors du mot du jour du 23 janvier je concluais de manière optimiste :
« Trump est déjà impopulaire, il ne sera probablement qu’une parenthèse dans le temps long de l’Histoire. »
Mais comme je l’avais dit tantôt, les prévisions sont périlleuses, surtout lorsqu’elle concerne l’avenir.
Et je crois que si Trump est battu, les problèmes et la colère profonde d’une partie des citoyens blancs américains ne cessera pas.
Daniel, dans un commentaire récent a écrit :
« Je ne suis pas totalement sûr que Trump soit le problème de la division de l’Amérique, je pense plutôt qu’il en est le symptôme »
Je crois qu’il a raison, même si l’attitude, le comportement, la personnalité de Trump en tant que président des Etats-Unis est un problème en soi.
Mais les éléments de symptômes qui ont conduit à l’élection de Trump resteront après cette élection qu’elle que soit le résultat de ces élections transatlantique.
Sur le site de la Radiotélévision Belge, divers intervenants essayent d’expliquer le trumpisme et les symptômes de cette maladie.
D’abord qu’est ce que le trumpisme ?
« Le trumpisme c’est un style, un mode de gouvernance, lié à la personnalité de Donald Trump. Selon Bernard Rimé, professeur de psychologie sociale à l’UCLouvain, « aux enfants on apprend certaines règles qui permettent de maintenir le consensus social. Chez Trump il y a une recherche de la satisfaction immédiate, c’est un comportement infantile, il n’y a pas de contrôle interne. Son comportement viole un certain consensus social, un consensus qui impose certaines règles donc un renoncement mais ça, renoncer, cela demande un certain effort. […] Normalement on intériorise ces règles mais chez lui c’est inexistant. […] un autre trait de caractère qui définit la personnalité de Donald Trump, c’est le narcissisme. »
Mais d’où vient le trumpisme ?
« « Donald Trump semble être un symptôme plutôt qu’une cause, il n’est pas arrivé là par hasard, et les conditions de son élection de 2016 sont toujours là », décrypte Hélène Landemore.
Le contexte est favorable à l’émergence d’un « populiste » comme Donald Trump, estiment de nombreux observateurs. En effet, beaucoup estiment que les Etats-Unis sont en train de traverser une crise profonde à plusieurs niveaux : identitaire, une crise de la mondialisation, et une crise institutionnelle qui remet en cause un système favorable aux élites. Et cette crise qui a rendu possible l’élection de Donald Trump en 2016, n’a pas été créé par lui. […]
Selon Bertrand Badie, professeur émérite à Science-Po Paris, la crise identitaire est profonde, « il y a une peur de l’évolution démographique, une peur de devenir minoritaire, de l’inversion de la majorité ». A cela s’ajoute « une découverte qui est vraie. Les classes moyennes s’aperçoivent qu’elles n’ont pas profité de la mondialisation, qu’elles ne se sont pas enrichies ». Et d’ajouter, « avec Trump c’est le versant populiste du républicanisme ».
Et c’est ce versant qui fonctionne car il y a « une vague de dégagisme liée à une vraie perte de confiance dans les élites. Lorsque l’on regarde, par exemple, la composition du Congrès aux Etats-Unis, on se rend compte que 82% de la population est représentée par 10% des plus riches. […] 90% des gens n’obtiennent pas les politiques publiques liées à leurs préférences, ce qui crée un fossé », analyse Hélène Landemore. »
Trump me semble, en effet, répondre à 3 sentiments de l’Amérique profonde :
- Le constat par la classe moyenne américaine que la globalisation lui est devenu défavorable ;
- La crainte par les hommes blancs de perdre le leadership au profit des autres habitants des Etats-Unis ;
- L’hystérie d’évangélistes et de conservateurs qui veulent aller aussi loin que possible dans le maintien voire le retour en arrière vers des valeurs religieuses et familiales archaïques.
Bien sûr si Trump est le symptôme; il n’a pas le début d’une solution à moyen et long terme pour régler ces problèmes et apaiser la société américaine.
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Je suis loin d’être un spécialiste de la spiritualité juive mais, à ma connaissance, il existe un concept dans la kabbale appelé Tsimtsoum qui décrit un processus précédant la création du monde selon lequel Dieu s’est lui-même contracté dans le but de permettre l’existence d’une réalité extérieure à lui. Le 1er acte serait ainsi un acte de restriction.
Apparemment, Trump n’est pas sensible à cet enseignement, c’est ce que le professeur belge de psychologie Bernard Rimé nous confirme en décrivant le comportement infantile du président