Lundi 24 novembre 2014

Lundi 24 novembre 2014
«Le secteur des nouvelles technologies est obsédé par les corps et la mort »
 Molly McHugh
Ce mot du jour est d’abord inspiré par la lecture d’un article trouvé sur le Monde et que joins au message : “Le high tech c’est la santé (20/11/2014)”
Mais le mot du jour proprement dit vient d’un article anglais du daily dot : http://www.dailydot.com/technology/new-technology-quantified-self-death/?tw=dd
Cité par <Slate> :  «Des bracelets connectés qui relèvent votre rythme cardiaque et le nombre de pas réalisés dans la journée; des capteurs qui tracent votre sommeil ou votre stress; des fourchettes qui examinent vos bouchées… Pour The Daily Dot, tous les objets actuellement produits par les nouvelles technologies démontrent une seule et même chose: le secteur est obsédé par la mort. Bien sûr, écrit le site spécialisé américain, ni Apple (qui vient de sortir son kit d’e-santé), ni Fitbit (du nom d’un bracelet connecté) ne font la promotion de leurs produits en ces termes «parce que ce serait inexact et stupide». «Mais c’est ce que nous essayons bien de faire ici, ajoute The Dailydot: essayer de retarder l’inévitable, essayer de “hacker” la mort.» »
Toutes ces études et surtout la philosophie que sous-tend cette quête proviennent du mouvement du «transhumanisme» évoqué par le mot du jour du Jeudi 18 septembre 2014.
Mais revenons à l’article du site du Monde où nous apprenons que  ” Un patient qui choisit son praticien en ligne, un diagnostic rendu par une machine… Un avenir pas si lointain pour la « médecine exponentielle ».”
L’article nous informe de l’organisation de la “troisième conférence sur la « médecine exponentielle », organisée à San Diego (Californie) du 9 au 12 novembre. Exponentielle comme l’accélération des progrès de la technologie numérique. […]
Les organisateurs sont des adeptes de la disruption (déstabilisation), le concept en vogue dans la Silicon Valley. Après avoir révolutionné l’industrie musicale (iTunes), les transports (Uber), l’hôtellerie (Airbnb), etc., les « techies » entendent perturber le secteur de la santé, ses conventions et ses rentes de situation. « Aucun domaine ne va être autant réinventé que la médecine dans la décennie qui vient, assure Peter Diamandis, cofondateur de Singularity University. Le patient va devenir le patron de sa propre santé. »
[…] Les visionnaires californiens pensent que le docteur tout-puissant a vécu. « Dans trente ans, on n’aura plus besoin du médecin pour les diagnostics » […]
L’intelligence artificielle permettra de saisir des situations beaucoup plus complexes, de considérer l’entier profil génomique d’un patient avant de faire un diagnostic. « Ce qui ne veut pas dire qu’il faut éliminer les médecins, rassure-t-il. On aura besoin d’eux pour d’autres fonctions : la compassion, l’empathie. On choisira les individus les plus humains, pas les diplômés de Stanford.»
Grâce aux Big Data, la médecine sera personnalisée à l’extrême. « Il n’est pas possible que la même aspirine ait la même efficacité pour les 7 milliards d’habitants de la planète, critique l’homme d’affaires. [Une équipe a déjà (Curely) ] mis au point une plate-forme où médecins et patients entrent en relation. « Nous avons voulu répondre à la frustration des médecins confrontés à la bureaucratie du système de santé », explique le cardiologue Christian Assad. Et frustrés par le cloisonnement de plus en plus grand de leurs disciplines : dans les années 1970, on comptait une vingtaine de spécialités ; aujourd’hui, la profession en recense 170.
Curely doit être lancée en janvier. Le patient-consommateur pourra trouver le spécialiste qui lui convient, où qu’il soit dans le monde, et proposer un prix pour la consultation. Les praticiens seront « évalués par le marché » et récompensés par des points. « On a travaillé avec un expert des jeux vidéo [sic] , explique Paul Lee, le cofondateur de Curely. Les médecins gagneront des points de réputation, ce qui leur donnera plus de visibilité auprès des consommateurs. » “
Pour le reste je vous invite à lire l’article joint.
Je ne sais pas quoi penser après la lecture de cet article. L’expérience des uns et des autres montre que les médecins peuvent être défaillants, peut être que des outils peuvent pallier ces défauts.
Alors que j’adhérais totalement à l’évolution du patient-expert [mot du jour du 14 novembre 2014], j’ai plus de mal non pas avec ces évolutions qui sont probablement inéluctables et sur certains points sans doute utiles, mais avec la philosophie qu’elle sous-tend. Quand on ajoute à la “transhumanité”,  “le marché” on ne peut avoir que l’intuition que demain plus encore qu’aujourd’hui, la santé sera avant tout une affaire de riches.
Et puis plus fondamentalement notre vie a une fin. Parfois cette fin est trop brutale, pas assez éloignée du début. La médecine doit nous aider à diminuer ces accidents, ces ruptures.
Mais vouloir, sans cesse augmenter la durée de la vie au-delà des 100, 120 ans voire tenter de rendre le fantasme de immortalité accessible, me semble une quête vaine et manquant singulièrement de sagesse.
Ce n’est pas plus le nombre d’années que nous aurons eu à vivre au-delà du raisonnable que l’accumulation des richesses terrestres dans les mêmes proportions qui nous rendront plus heureux, mais notre faculté à dissocier ce qui est important de ce qui est futile, de vivre pleinement l’instant et le présent,  d’essayer de rester le plus possible en harmonie avec les valeurs auxquelles nous croyons et non celles que tentent de nous imposer la société de la consommation, de l’accumulation et du paraître.