Depuis une tradition ancestrale qui remonte au moins au début des années 2000, Annie et moi fabriquons dans notre cuisine des gâteaux de Noël alsaciens appelés dans le langage de là-bas les « Bredele ».
Faire ces gâteaux, c’est d’abord un plaisir des yeux et une satisfaction olfactive délicate et harmonieuse.
C’est aussi un plaisir du goût et de la saveur.
Et puis c’est un plaisir du partage et du don.
Certaines et certains qui ont bénéficié de ce don les années passées, quand arrive la période de Noël, réclament d’ailleurs le renouvellement de l’offrande.
Mais faire des gâteaux de Noël prend du temps et nécessite une attention assez exclusive.
Je ne peux pas faire des bredele et en même temps écrire des mots du jour sur la Chine.
Alors j’avais deux solutions :
- Suspendre l’écriture des mots du jour
- Ou écrire des mots du jour sur le sujet qui m’occupait en ce moment avec Annie.
Je vais donc décliner, avec l’aide d’Annie, dans les jours qui viennent les recettes de certains gâteaux de Noël.
Il y a quelques questions techniques.
Comme celle par exemple du poids d’un œuf alsacien.
J’avais déjà consacré un mot du jour, celui du <25 décembre 2017> à ce détail technique.
En effet, quand on vous dit pour une recette il faut prendre 600g de farine, 500g de sucre et 6 œufs, la dernière mesure est imprécise.
Vous n’arriverez pas au même résultat si ces 6 œufs pèsent comme le prévoit les alsaciens 300 g ou s’ils pèsent 350 g ou plus rarement 250 g.
Mais la technique ne suffit pas, il faut aussi savoir prendre son temps et y mettre… un supplément d’âme et de générosité.
Nous avons été initiés par notre inoubliable amie Françoise.
Avant Noël, elle venait à Lyon et pendant plusieurs jours faisait des gâteaux pour ses enfants, pour nous, un tout petit peu pour elle.
C’était le moment le plus heureux et le plus magique de la période de Noël.
C’est elle qui nous a transmis, ce secret du poids de l’œuf alsacien, révélation qui lui avait été donnée par une vielle alsacienne.
Elle nous a aussi offert ce livre : « Bredele et gâteaux de Noël » de Thierry Kappler.
Mais comme je l’ai écrit la technique est indispensable mais ne suffit pas.
Elle nous a aussi montré le supplément d’âme, la joie de faire pour que cette joie puisse se retrouver dans les gâteaux offerts et savourés.
J’ai trouvé sur <ce site> quelques explications alsaciennes :
« En dialecte, leur nom varie selon que l’on est Haut‐rhinois (Bredala) ou Bas‐Rhinois (Bredele) et, à Strasbourg, on les appelle bredle »…
J’exprime un doute sur ce dernier point, à Strasbourg j’ai toujours entendu parler comme pour le reste du Bas-Rhin de Bredele.
L’article poursuit :
« Bredele vient du mot allemand « Brot »qui signifie « pain ». Ce sont donc littéralement des « petits pains ». Leur petite taille est leur point commun à tous, puisqu’elle ne dépasse pas 3‐4 cm, que ce soit en hauteur, en largeur ou en diamètre.
Il existe des bredele spécifiques, ceux que l’on confectionne à l’approche de Noël (Winàchta) : on les appelle les Winàchtsbredele, ou petits gâteaux de Noël. Selon un dicton alsacien : « Quand au crépuscule rougeoie l’horizon, on dit que c’est le Christkindel (l’enfant Jésus) qui allume le four pour faire cuire les bredele… ». Traditionnellement, la confection des bredele commence dès la fin novembre et se poursuit tout au long de l’Avent.
Cela s’explique par le fait que, jusque dans les années 1950, les bredele servaient aussi à décorer le sapin de Noël. Pendant longtemps, les décorations du sapin faisaient office de cadeaux : les bredele et les petits pains d’épices étaient souvent les seuls présents que recevaient les enfants puisque les ingrédients entrant dans leur composition étaient rares et chers (farine blanche, fruits confits, épices, sucre de canne, beurre).
Les théories sur l’origine des bredele sont nombreuses. De mémoire d’Alsacien, « Ça existe depuis toujours ! ». Certains indices laissent à penser que la fabrication des bredele viendrait des traditions des peuples païens qui ont vécu en Alsace. En effet, les Celtes et les Romains offraient aux dieux des petits gâteaux à base de farine et de miel.
D’autres indices sur la fabrication des bredele sont révélés par les moules qui servaient à les façonner. Les plus anciens retrouvés aux abords du Rhin datent du 14e siècle. Et la première recette de bredele à être mentionnée dans des écrits du 16e siècle est celle du « Anisbrod « , littéralement « pain à l’anis « , l’ancêtre des actuels Springerle et Anisbredele.
Au 16e siècle, les moules à bredele étaient fabriqués en terre cuite, un matériau permettant plus facilement des décors fantaisie et résistant à la cuisson. Puis, à partir du 18e sont apparus les moules métalliques et les emporte‐pièces et, avec eux, d’innombrables formes différentes.
A partir du 19e siècle certains ingrédients de base deviennent plus accessibles, comme le sucre de canne, la farine, le beurre, les fruits à coques et les épices. La créativité et l’inventivité des boulangers alsaciens n’a alors plus de limites, et de multiples recettes de petits gâteaux très variés voient le jour. »
Je vais tenter, humblement, de transmettre un peu de cette tradition dans les prochains mots du jour.
Cette année sera pour moi particulière, puisque convaincu que «les cellules de trop de vie» qui se sont développées dans mon organisme sont particulièrement friandes de sucre, je ne mange plus de sucre raffiné depuis le 18 janvier.
Il reste le plaisir des yeux et la satisfaction olfactive délicate et harmonieuse et surtout la joie du partage et du don.
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Merci pour cet article plein de poésie culinaire . Pour avoir eu des parents ayant fini leurs jours en Alsace je ne peux que confirmer tes propos sur le partage et le don autour des bredele