L’Empire ottoman était l’empire des Turcs.
Wikipedia nous apprend que
« La plus ancienne mention du terme « Türk » qui nous soit parvenue, provient des Göktürks du VIe siècle. Une lettre de l’Empereur de Chine […] l’identifie comme le « grand khan turc » en 585. Les stèles d’Orkhon, dans l’actuelle Mongolie, font usage du terme « Türük » (ancienne forme du pluriel de türk = fort, donc « Les Forts ») pour désigner les ancêtres des peuples turcs. Cette même étymologie a cours en Turquie moderne, où le mot « turc » signifie « fort » ou « puissant ». […]
La quasi-totalité du domaine scientifique pense que les peuples turcs sont originaires d’Asie centrale et de Sibérie (anciennement Turkestan). Une petite minorité, comprenant les idéologistes panturcs, envisagent une origine plus à l’ouest, suivie d’une migration vers l’Asie centrale durant la préhistoire. »
On parle « des » peuples turcs ou peuples « turciques ». Ainsi les Ouïghours de Chine, ou encore les Kirghizes, les Oghouzes qui vivent au Kazakhstan et les Turkmènes, c’est-à-dire des peuples qui habitaient en Union Soviétique sont des peuples turciques.
Les ottomans sont donc une tribu des peuple turcs qui va avoir un grand destin historique.
<Ils entrent en contact avec l’Islam> au 9ème siècle et deviennent à la fin du Xème siècle un élément essentiel de l’Islam parce qu’ils sont très présents dans les armées musulmanes.
Historiquement c’est Osman Ier qui va fonder l’empire ottoman à la fin du XIIIe siècle au nord-ouest de l’Anatolie, dans la commune de Söğüt (actuelle province de Bilecik). L’Anatolie est donc le cœur de l’Empire Ottoman qui va se déployer en Asie et en Europe.
Une carte de 1330, montre la région d’origine des Ottomans et laisse poindre qu’ils vont affronter l’empire des byzantins avec sa capitale Constantinople.
Il faudra un peu de temps mais en 1453, c’est fait ! Mehmet II a conquis Constantinople qui va devenir Istanbul et la nouvelle capitale de l’Empire Ottoman, l’empire byzantin n’existe plus.
Aux XVIe et XVIIe siècles, à son apogée, sous le règne de Soliman le Magnifique, l’Empire ottoman était un empire multinational et multilingue contrôlant une grande partie de l’Europe du Sud-Est, des parties de l’Europe centrale, de l’Asie occidentale, du Caucase, de l’Afrique du Nord et la Corne de l’Afrique.
Son apogée se situe donc à la fin du XVIIème siècle.
Mais les Ottomans subirent de graves défaites militaires à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle.
Et on attribue au tsar Nicolas Ier alors qu’il discutait avec l’ambassadeur britannique Sir G.H. Seymour en 1853 l’expression « l’homme malade » pour désigner l’empire Ottoman. Cet empire va se rapprocher de l’Allemagne notamment pour l’encadrement de l’armée et va très naturellement être de son côté au début de la grande guerre. C’était d’autant plus naturel que son grand ennemi, la Russie, était dans l’autre camp.
Malgré quelques victoires, la guerre sera un désastre pour l’Empire.
Ce sera aussi un désastre moral, puisque « Les Jeunes-turcs » qui ont pris le pouvoir vont perpétrer notamment le génocide arménien auquel j’ai consacré plusieurs mots du jour comme celui du <24 avril 2015> . Ce massacre de chrétiens soupçonnés d’être des traitres va aussi se réaliser pour des chrétiens assyriens et grecs.
La défaite de l’empire ottoman est acquise par l’armistice de Moudros qui sera signée le 30 octobre 1918.
Mais l’armistice n’est pas la paix. La paix aurait dû être la conséquence du traité de Sèvres, conclu le 10 août 1920 et qui sera signé par le sultan Mehmed VI. Mais il ne sera jamais ratifié ni appliqué.
Ce traité présentait notamment les conséquences suivantes :
- Renonciation définitive aux provinces arabes et maghrébines
- Mais aussi des reculs territoriaux au sein même de l’Anatolie.
- À l’ouest, la Thrace orientale, sauf Constantinople et ses environs, est donnée à la Grèce.
- À l’est, une grande Arménie est créé
- En outre un État kurde devient indépendant.
- Les détroits sont par ailleurs démilitarisés.
Mais si le sultan règne à Constantinople, un général Mustafa Kemal a pris la tête d’un gouvernement émanant d’une Grande assemblée nationale de Turquie créée à Ankara le 23 avril 1920. Et Mustafa Kemal ne reconnait pas la validité de ce traité qui menace l’intégrité territoriale notamment de l’Anatolie qui est, comme écrit ci-dessus, le cœur de l’empire des turcs. En effet le projet de créer un État Kurde et un grand État arménien impacte directement l’intégrité territoriale de l’Anatolie turque.
Mustafal Kemal avec ses partisans va faire chuter le sultan et reprendre le combat notamment contre les grecs. Les Turcs se soulèvent en masse, s’enrôlent dans l’armée kémaliste et déclenchent la Guerre d’indépendance turque en mai 1919. Au bout de quatre années de conflit, les kémalistes sont victorieux et obtiennent la négociation d’un nouveau traité.
Ce traité sera le traité de Lausanne (24 juillet 1923). Il y aura un autre traité moins connu celui de Kars, conclu en octobre 1921 avec la Russie soviétique.
Wikipedia nous apprend que
« [Le traité de Kars] lui permet de récupérer le territoire de Kars perdu en 1878 par les sultans et de bénéficier de l’armement soviétique dans sa lutte contre les Arméniens, les Grecs et la Triple-Entente. Les traités de Kars et de Lausanne sont en revanche désastreux pour l’Arménie, ainsi partagée à nouveau entre Turquie et Russie, et pour la Grèce. Cette dernière qui, après s’être émancipée de la protection obligatoire que les grandes puissances lui avaient imposée à la suite de la guerre d’indépendance grecque et après avoir été à deux doigts de réaliser sa Grande Idée, perd tous ses acquis et doit, en plus, accueillir un million et demi de réfugiés grecs d’Asie mineure (tandis que plus de 300 000 autres, notamment dans la région du Pont et en Cilicie, doivent se convertir à l’islam et passer à la langue turque pour survivre) : c’est ce que les Grecs appellent la « Grande Catastrophe ». »
Le traité de Lausanne est signé le 24 juillet entre la Turquie d’une part et la France, le royaume d’Italie, le Royaume-Uni, l’empire du Japon, le royaume de Grèce, le royaume de Roumanie, le royaume des Serbes, Croates et Slovènes d’autre part.
Concernant le Moyen Orient, rien ne change. En revanche la Turquie reste maîtresse de l’Anatolie. Aucun territoire n’est cédé à l’Arménie et notamment pas le Mont Ararat, lieu sacré des arméniens reste en Turquie.
Les Kurdes n’auront aucun État. Ils formaient une nation homogène dans l’empire Ottoman. Sa dislocation va distribuer ce peuple entre plusieurs États : La Turquie, L’Irak, la Syrie et l’Iran.
Aujourd’hui encore on entend Erdogan pester contre les Kurdes, les attaquer, les bombarder sans relâche en Syrie, les traiter de terroristes, enfermer les responsables en Turquie.
Toutes ces difficultés d’aujourd’hui sont directement issues de la fin de la guerre 14-18 et de la gestion de la fin de l’empire Ottoman.
Parallèlement, il va y avoir des millions de réfugiés et de déplacés, car Mustafa Kemal bientôt appelé Atatürk va créer un état laïc, mais le plus possible homogène religieusement autour de l’Islam. Il n’y aura pas un autre génocide arménien, mais des mesures qui vont obliger les arméniens à quitter le territoire de la Turquie.
Les échanges de populations obligatoires seront organisés violemment entre la Grèce et la Turquie (1,6 million de Grecs ottomans contre 385 000 musulmans de Grèce ).
Atatürk va en outre souhaiter « rapatrier » des Turcs de Bulgarie, de Roumanie ou du Dodécanèse italien et se débarrasser des populations chrétiennes de Turquie.
Wikipedia précise :
« Près d’un demi-million de Grecs de Turquie sont morts (pour la plupart dans les camps ou en route) et 400 000 musulmans, en majorité Turcs, ont quitté, eux, la Grèce pour la Turquie. L’échange de population était strictement basé sur l’appartenance religieuse. Le traité prévoyait quelques exceptions : Istanbul et les îles de Gökçeada (Imbros) et de Bozcaada (Tenedos), où les minorités grecques (300 000 personnes) étaient autorisées à rester, et la Thrace occidentale, où la minorité musulmane (230 000 personnes) était aussi autorisée à rester. Mais, dans les décennies suivantes, les discriminations et persécutions déterminèrent aussi ces populations à quitter leurs territoires »
Mustafa Kemal fut pour la Turquie, un héros et un sauveur.
De notre point de vue, c’est un homme beaucoup moins recommandable.
Il ne reconnut jamais le génocide arménien, pourtant perpétré par un gouvernement qu’il a combattu. Il a ainsi débuté un déni qui continue aujourd’hui.
Il a, par une politique de terreur, vidée la Turquie du plus grand nombre possible de citoyens chrétiens, pour créer une Turquie musulmane la plus pure possible. Son Etat laïc est une mascarade, il signifie simplement que le gouvernement n’a pas à recevoir d’ordre des autorités religieuses. Il est très facile d’être laïc, dans la Turquie de Mustafa Kemal, à partir du moment où on est musulman.
Enfin sa politique intransigeante a interdit à la nation kurde d’accéder au statut d’État nation au même titre que les autres.
Elle n’a pas acquis sa souveraineté et fait partie des nations qui restent sacrifiées de la grande guerre. Vous pouvez aussi regarder cette <vidéo> sur une chaine Youtube «L’histoire par les cartes» et qui évoque en 8 minutes la fin de l’empire Ottoman.
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