Lundi 12 septembre 2016

Lundi 12 septembre 2016
« L’enfant apprend en étant actif et non passif, quand il est aimé et non jugé »
Céline Alvarez
Il m’arrive de vous parler de personnes que je qualifie de lumineuses.
Souvent, il s’agit de femmes. Je n’en tire aucune conclusion, je constate simplement que pour l’instant ce qualificatif m’est plus souvent venu pour des femmes.
Récemment, je n’ai pas utilisé ce terme pour un homme, Antoine Leiris, mais j’aurais pu le faire,  lui qui a expliqué que dans les retours qui lui ont été faits après son livre « Vous n’aurez pas ma haine », que beaucoup l’ont remercié pour l’élévation qu’il donnait par son témoignage.
Oui, nous avons besoin d’élévation et aussi de lumière !
J’ai entendu, Céline Alvarez dans le 7-9 de France Inter du 1er septembre 2016 et son message, son enthousiasme, son feu intérieur m’a immédiatement conquis.
On rencontre aussi des « allumés », des personnes qui croient ce qu’ils disent, sans jamais interroger leurs croyances et leurs dogmes (et ces croyances ne sont pas limitées au domaine religieux). Eux aussi peuvent être enthousiastes et entraînant, mais pour mener dans des impasses.
Céline Alvarez est le contraire d’une allumée, c’est une scientifique qui interroge l’apprentissage des enfants et confronte ses méthodes avec des analyses scientifiques des résultats de sa méthode et de sa pédagogie.
Elle n’est que trentenaire.
Télérama dans un article de  <février 2016> écrit : « Souleyman, Clarisse, Emma et les autres n’oublieront jamais leurs années de maternelle, à l’école Jean-Lurçat de Gennevilliers (Hauts-de-Seine). C’était de septembre 2011 à juin 2014, de la petite à la grande section – les enfants ayant eu, exceptionnellement, la même classe pendant trois années consécutives, ou les trois sections se trouvaient mélangées. Trois années enchantées, fondatrices, dans une école classée REP (Réseau d’éducation prioritaire). « J’ai vu, en quelques mois, ma fille reprendre confiance en elle, entreprendre des choses qu’elle n’aurait jamais faites, avant », témoigne Christelle Letourneur, la mère de Clarisse, petite fille « introvertie » au départ, qui bégayait, présentait des retards importants de langage. A la fin de son année de grande section, « Clarisse était déjà bien entrée dans la lecture, raconte sa mère. Et c’est elle qui venait en aide aux élèves en difficulté ou aux plus petits. » D’autres – la plupart des enfants de 4 et 5 ans – maîtrisaient parfaitement la lecture. Et certains pouvaient compter jusqu’à mille ou faire des additions à quatre chiffres ! Le tout dans la joie, avec facilité et fierté.
La « maîtresse d’œuvre » de cette classe pas comme les autres – à défaut d’en être la « maîtresse » tout court, enseigner n’ayant jamais été un objectif professionnel – n’en a pas moins démissionné peu après. Originaire d’Argenteuil, banlieue du nord-ouest de Paris, Céline Alvarez, fille d’un ouvrier et d’une employée de banque […]. Titulaire d’un master en sciences du langage, elle n’a passé le concours d’enseignement, en 2008, que pour pouvoir « infiltrer » l’Education nationale, ponctuellement. Son intention ? « Y tester l’efficacité d’une démarche pédagogique nouvelle, uniquement construite autour des grandes lois naturelles de l’apprentissage, révélées par les neurosciences, afin d’aider l’école à évoluer. » Car, elle en est convaincue, « la connaissance du fonctionnement du cerveau, notamment celui des enfants, en bouillonnement permanent, avec ses millions de synapses produites chaque seconde, devrait être le dénominateur commun universel de toute initiative pédagogique. »
L’Education Nationale lui donna donc les moyens de poursuivre son expérience pendant 3 ans puis interrompit brutalement l’expérience. Céline Alvarez démissionna.
  
Patrick Cohen l’a invité parce qu’elle vient de publier un livre « Les Lois Naturelles De L’enfant ; La Révolution De L’éducation »
Livre qu’elle a tiré de son expérience de Gennevilliers.
Et que dit Céline Alvarez ?
Que les méthodes d’enseignement actuellement pratiquées dans nos écoles publiques sont le fruit de croyances, de dogmes, de traditions qui ne tiennent aucun compte des avancées des sciences cognitives, des neuros-sciences et de la connaissance scientifique de l’apprentissage des enfants.
Et elle exprime cette idée si simple que si on veut avancer, il faut tenir compte de ce que la science nous apprend et mettre en œuvre des pédagogies qui sont cohérentes avec ces connaissances.
En deux mots, elle pourrait résumer sa méthode : « Autonomie et amour ».
Elle explique « L’être humain n’apprend pas ce qui ne le motive pas. Tant qu’on impose les sujets, l’enfant ne peut pas apprendre. Les enfants doivent être autonomes pour choisir les activités qui les passionnent, dans un cadre donné ».
Il faut un cadre, il faut une autorité, mais l’autonomie et le respect du rythme de l’enfant va le conduire naturellement à apprendre les savoirs fondamentaux.
Elle a fait tester les résultats de ces méthodes par des analyses scientifiques, l’imagerie cérébrale a notamment été utilisée pour vérifier les résultats et pour orienter les méthodes.
En pratique, et selon les parents eux-mêmes, les résultats ont été remarquables : les enfants ont appris à se concentrer, à grandir dans l’autonomie, à intégrer les savoirs fondamentaux, à lire spontanément etc…
Ces analyses scientifiques ont, en très grande partie, confirmé les intuitions pédagogiques de Maria Montessori  et aussi d’autres pédagogues comme  Steiner et Freinet.
Elle est convaincue qu’« Il faut arrêter les débats idéologiques stériles ! Pourquoi ne se base-t-on pas sur une démarche scientifique ? Tout le monde s’épuise avec ce système, les enfants sont à bout, les enseignants donnent tout, et les parents se fatiguent à la maison avec les devoirs. La démarche scientifique montre que l’enfant n’apprend pas quand il est passif, il apprend mal dans le stress. L’enfant apprend en étant actif et pas passif, quand il est aimé et pas jugé  » 
Et notre vieille Education nationale ?
Tout n’est pas perdu, Céline Alvarez a, peu de temps avant l’émission, été contactée par le cabinet de la ministre et son interlocuteur lui a dit que « Le ministère veut apporter une bienveillance institutionnelle«  aux enseignants qui se basent sur ces méthodes pour construire leurs méthodes d’apprentissage.
Bienveillance, un mot qu’utilise souvent Céline Alvarez.
Et ici sa conférence TED’X où elle explique en 14 mn ses principes de pédagogie : https://www.youtube.com/watch?v=nwVgsaNQ-Hw (Je pense que c’est le meilleur résumé de sa démarche)
Et enfin ci-après son site, extrêmement riche et qui ne peut que passionner celles et ceux qui s’intéressent à la pédagogie, à l’école et aux enfants. : https://www.celinealvarez.org/
Elle réalise d’ailleurs de plus en plus de conférences devant des enseignants conquis par son message et sa démarche.
Lumineuse je vous dis !