Mardi 31 mai 2016
« Kushim »
Premier nom d’un Sapiens, conservé sur un support écrit, de l’histoire des Sapiens. « Sapiens : Une brève histoire de l’humanité » pages 151-152
L’écriture est née à Sumer, en Mésopotamie.
Et c’est dans le livre « Sapiens » que j’ai appris que le premier nom de Sapiens conservé sur un support écrit est le nom de « Kushim ».
Car Harari au milieu de théories et hypothèses qui nous interpellent, nous fait aussi découvrir des faits historiques que j’ignorais pour ma part.
Harari introduit d’abord ce sujet en expliquant l’écriture sumérienne :
« L’écriture est une méthode de stockage de l’information à travers des signes matériels. Le système d’écriture sumérien y parvint en mêlant deux types de signes, pressés sur des tablettes d’argile.
Un type de signes représentait les chiffres. Il y avait des signes pour 1,10, 60, 600, 3600, et 36 000. (Les sumériens employaient une combinaison de système de numération de base six et de base dix.)
Et nous apprenons ainsi l’origine de la journée de 24 heures, au lieu d’une journée de 10 heures ou de 100 heures par exemple. De même que les 60 minutes d’une heure, ou les 60 secondes d’une minute ou encore les 360° d’un cercle viennent de Sumer :
« Leur système de base six nous a laissé plusieurs héritages importants, comme la division du jour en 24 heures est celle du cercle en 360°. »
Mais à côté des chiffres, il y avait d’autres signes qui n’étaient pas encore des lettres :
« L’autre type de signes représentait les hommes, des animaux, des marchandises, des territoires, des dates et ainsi de suite. En mêlant les deux types de signes, les sumériens réussirent à préserver plus de données que n’importe quel cerveau d’homme n’en pouvait mémoriser […]. »
Mais à quoi servait l’écriture des chiffres et des « pseudo-lettres » ?
« À ce premier stade, l’écriture était limitée aux faits et aux chiffres. Le grand roman sumérien, s’il exista jamais, ne fut pas livré aux tablettes argile. Écrire prenait du temps, et le lectorat était infime, en sorte que nul ne voyait de raison de s’en servir à une autre fin que la tenue des archives essentielles. Si nous recherchons les premiers mots de sagesse venue de nos ancêtres, voici 5000 ans nous allons au-devant d’une grosse déception.
Les tout premiers messages que nos ancêtres nous aient laissés sont du style : « 29 086 mesures orge 37 mois Kushim.» Très probablement faut-il comprendre : « Un total de 29 086 mesures d’orge a été reçu en 37 mois. Signé, Kushim. »
Il s’agit d’une tablette d’argile dont vous trouverez une reproduction dans le livre mais aussi sur Internet ce qui me permet de vous en montrer une photo :
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Les premiers textes d’histoire ne contiennent ni aperçus philosophiques, ni poésie, ni légendes, ni lois, ni même triomphes royaux. Ce sont de banals documents économiques enregistrant le paiement des taxes, l’accumulation des dettes et la propriété de tels ou tels biens. « Kushim » est peut-être le titre générique d’un dignitaire, ou le nom d’un particulier. Si Kushim était bel et bien une personne, c’est peut-être le premier individu dont le nom nous soit connu. « Grotte de Chauvet », « Neandertal », sont des inventions modernes. L’idée du nom que les constructeurs de [tel ou tel site préhistorique] donnait comme nom à ce site, nous est totalement inconnu.
Avec l’apparition de l’écriture nous commençons à entendre l’histoire à travers l’oreille de ses protagonistes. Quand ses voisins l’appelaient, ils criaient réellement «Kushim ! ».
Et Harari d’ajouter cette remarque pleine de facétie et de bon sens :
« Il est significatif que le premier nom attesté de l’histoire appartienne à un comptable, plutôt qu’à un prophète, un poète ou un conquérant. »
A travers les petites histoires vraies que l’auteur de « Sapiens » distille dans son ouvrage, il montre aussi les préoccupations premières et les points essentiels de nos ancêtres. En effet, à cette époque la plupart des humains sur terre étaient des agriculteurs. Ils avaient besoin de garder une trace de ce qu’ils possédaient et de ce qu’ils devaient – et c’est comme cela que l’écriture est arrivée. C’était une «technique» pour les gens normaux, pas, dans un premier temps, le support d’une philosophie ou d’une théologie.
Vous trouverez aussi une réflexion sur ce sujet et le livre sur le site des échos derrière ce lien :