J’ai acheté le livre « Homo deus » dès sa sortie en septembre 2017. J’avais été tellement enthousiasmé par le premier livre d’Harari, « Sapiens », que j’étais impatient de lire le second.
Il m’a fallu pourtant un an pour le lire et être en mesure de publier 8 mots du jour..
J’avais écrit un premier article dès l’achat du livre (ici numéroté 0), ce qui fait que cette série compte 9 mots du jour.
« Sapiens » constituait l’histoire de notre espèce, il parlait donc du passé. « Homo deus » est selon le sous titre même donné par Yuval Noah Harari : « une brève histoire de l’avenir». Le premier livre parle donc du passé et le second du futur.
Il est plus facile de parler de ce qui est déjà arrivé que de prévoir le futur. Ce second livre est donc plus hypothétique. Mais j’ai aimé la manière dont Harari a abordé ce sujet de manière très humble et disons toujours que ce qu’il écrivait n’était pas notre futur et que notre avenir dépend éminemment de ce que nous voudrons et déciderons.
En revanche, il trace des perspectives. Si certains des travaux ou des évolutions qui sont en cours notamment dans la silicon valley ou en Chine continuent sur leur lancée, il nous décrit ce qui pourrait arriver.
S’il parle de l’enjeu climatique, il ne pose pas l’hypothèse que la trajectoire que pose les transhumanistes se fracasse sur le mur des limites d’habitabilité de notre terre, en raison de l’impact délétère que notre espèce fait subir à notre biosphère.
Le livre reste passionnant en raison des questions qu’il pose et du regard qu’il porte sur les évolutions en cours.
0. « Homo deus »
Yuval Noah Harari
Mot du jour du jeudi 14 septembre 2017
J’ai acheté le livre le jour de sa sortie. Je ne pouvais donc que m’appuyer sur ce que j’avais appris de la lecture de « Sapiens » et des articles de journaux qui annonçaient ce nouvel ouvrage.
Sapiens se terminait par un épilogue dont le titre est : « un animal devenu Dieu ? ». Il annonçait donc « Homo deus ».
Le Point citait Bill Gates, qui avait écrit sur son blog : « C’est un livre passionnant avec beaucoup d’idées stimulantes et peu de jargon. Il fera réfléchir au futur, autre façon de dire qu’il fera réfléchir au présent. »
Je citais aussi un entretien que Yuval Noah Harari avait accordé au Point et dans lequel il expliquait ses inquiétudes par rapport à notre vision humaniste lorsque des algorithmes, de plus en plus puissants, nous dicteront les bonnes décisions à prendre et que les techniques permettront de créer « l’homme augmenté » que désire les transhumanistes
1. « Tous les scénarios esquissés dans ce livre doivent être compris comme des possibilités et non comme des prophéties. »
Yuval Noah Harari « Homo Deus » Page 425
Mot du jour du lundi 1 octobre 2018
Ce que je trouve remarquable dans la démarche de Yuval Noah Harari c’est son humilité. Il explique notamment qu’il ne sait pas de quoi l’avenir sera fait.
L’essor de l’intelligence artificielle et des biotechnologies transformera certainement le monde, mais il n’impose pas un seul résultat déterministe. Tous les scénarios esquissés dans ce livre doivent être compris comme des possibilités et non comme des prophéties.
Harari refuse de jouer le prophète : « Ma crainte, c’est que l’on commence à me voir comme une sorte de gourou. Il est bon d’apprécier le savoir et de respecter l’opinion des intellectuels, mais il est dangereux d’en faire des idoles. Celui qui est placé sur un piédestal court le risque de se croire tout-puissant, de développer un ego surdimensionné et de devenir fou. »
Et il exprime cette espérance :
«Je souhaite que mes lecteurs trouvent dans mes livres des questions plutôt que des réponses. »
2. « Par rapport aux autres animaux, cela fait longtemps que les humains sont devenus des dieux. Nous n’aimons pas y penser trop sérieusement parce que nous n’avons pas été des dieux particulièrement justes ou miséricordieux. »
Yuval Noah Harari « Homo deus » page 85
Mot du jour du mardi 2 octobre 2018
Homo sapiens, espèce fragile et faible est parvenu à devenir l’espèce dominante sur terre.
Elle a d’abord fait des récits religieux qui lui ont permis de fédérer de nombreux humains autour d’une croyance commune.
Puis elle a avancé dans la science et la technique.
Aujourd’hui, elle se trouve à un stade auquel certains humains pensent être en capacité de changer l’homme, de faire reculer la mort à un tel point qu’ils osent parler d’immortalité et même de créer la vie.
Cette démarche si on la compare aux récits religieux consiste à vouloir se mettre à l’égal de Dieu.
3. « la révolution agricole a donné aux hommes le pouvoir d’assurer la survie et la reproduction des animaux domestiques, tout en ignorant leurs besoins subjectifs »
Yuval Noah Harari, « Homo deus » page 97
Mot du jour du vendredi 5 octobre 2018
Pour Harari, l’invention de l’agriculture constitue une rupture. Homo sapiens ne se pense plus comme un élément de la nature. Un animal parmi d’autres, certes plus évolué, plus intelligent et disposant d’une place privilégiée dans la chaine alimentaire, mais un animal.
Non ! L’homme ne se pense tout simplement plus comme un animal, mais d’une essence toute différente.
Dieu entre dans l’imaginaire d’homo sapiens.
Les religions du livre affirme que Dieu a créé l’homme à son image.
Le constat est plutôt que sapiens a créé un Dieu à son image.
Dès lors, l’homme se vit d’essence divine et les animaux n’ont plus rien de commun avec « les enfants de Dieu ».
Ce récit va permettre à l’homme de considérer que les animaux sont à sa disposition pour assouvir ses volontés et répondre à ses besoins.
La maltraitance des animaux viendrait de cette origine.
4. « Rien de métaphysique dans tout cela. Uniquement des problèmes techniques »
Yuval Noah Harari parlant de la mort dans « Homo deus » page 35
Mot du jour du lundi 8 octobre 2018
Harari parle du rapport de l’homme à la mort.
Depuis le début de l’humanité, plusieurs évènements étaient pourvoyeurs massifs de mortalité : La famine, les épidémies, la guerre.
Le progrès des techniques, de la médecine et de la diplomatie ont fait grandement reculer ces fléaux.
La maladie abrégeait aussi la vie des humains.
Pendant longtemps, les hommes accueillaient la mort en accusant le destin ou la volonté divine.
Nous avons changé de récit et de compréhension :
Aujourd’hui la mort est observée comme un problème technique.
Et tout problème technique trouve une solution technique.
5. « Les guerres et les conflits qui ont jalonné l’histoire pourraient bien n’être qu’un pâle prélude au vrai combat qui nous attend : le combat pour la jeunesse éternelle »
Yuval Noah Harari, « Homo deus » page 41
Mot du jour du mardi 9 octobre 2018
Et ceux qui croient que « la mort » est un problème technique et « le vieillissement » une maladie, investissent dans ce projet de repousser le seuil de la mort.
Les techniques, l’intelligence artificielle et la capacité de remplacer les organes défaillants sont au cœur de leur projet.
Harari prévoit des conflits majeurs si ce projet rencontre des résultats :
«Le jour où la science accomplira des progrès significatifs dans la guerre contre la mort, la vraie bataille se déplacera des laboratoires vers les parlements, les tribunaux et la rue.
Dès que les efforts scientifiques seront couronnés de succès, ils déclencheront d’âpres conflits politiques. Les guerres et les conflits qui ont jalonné l’histoire pourraient bien n’être qu’un pâle prélude au vrai combat qui nous attend : le combat pour la jeunesse éternelle. »
6. « La révolution humaniste, le libre arbitre et notre « moi » qui décide »
Développement de Yuval Noah Harari dans « Homo deus » pages 243 à321
Mot du jour du mercredi 10 octobre 2018
Harari cite beaucoup d’expériences sur les animaux dans lesquelles grâce à des stimulis extérieurs, ces animaux font exactement ce que le manipulateur du stimulis veut qu’ils fassent.
Le cerveau humain peut de la même manière être manipulé par des techniques de plus en plus performantes et manipulatrices.
Ces capacités de manipuler posent la question du libre arbitre des humains.
7. « Le dataïsme : l’humanité n’aura été qu’une ondulation dans le flux de données cosmique. »
Yuval Noah Hariri : « Homo deus » page 425
Mot du jour du jeudi 11 octobre 2018
Harari pose cette hypothèse que l’homme inventera une nouvelle religion le dataïsme.
C’est-à-dire que l’intelligence artificielle, appuyé sur le big data, autrement dit des milliards de données, donnera des réponses auxquelles les hommes croiront, comme jadis ils croyaient en Dieu ou plutôt en ceux qui prétendaient parler au nom de Dieu.
Et il nous livre cette inquiétude : «Mais du jour où l’autorité passera des hommes aux algorithmes, il se peut que les projets humanistes perdent toute pertinence. »
8. « Qu’adviendra-t-il de la société, de la politique et de la vie quotidienne quand des algorithmes non conscients mais hautement intelligents nous connaîtrons mieux que nous nous connaissons ? »
Yuval Noah Harari « Homo deus » ultime phrase du livre.
Mot du jour du vendredi 12 octobre 2018
Ce livre finalement nous informe de ce que certains humains ont la tentation de réaliser.
Il rapporte aussi ce qu’on sait d’ores et déjà faire et ce que probablement on saura faire demain.
Et il pose des questions. La principale est celle que j’ai mis en exergue.
Il faut tenter de comprendre ces choses et y réfléchir pour savoir si nous voulons cette évolution et ce qu’elle signifie vraiment.