Mercredi 23 mars 2016

Mercredi 23 mars 2016
«La guerre […] c’est vivre dans une peur quotidienne de la mort, avoir sans cesse l’impression d’être en sursis, n’être en sécurité nulle part. C’est voir chaque jour des gens tomber autour de soi, sous les balles et les obus qui pleuvent sur des villes entières, et les cadavres joncher les trottoirs sans que personne n’ose les ramasser. »
Dominique Faget, photographe AFP
L’Europe a de nouveau été endeuillée par des fous qui sont aussi des fous de Dieu.
Il faut lutter contre ces extrémistes avec toute la force de la loi et à l’aide de nos services de sécurité et de renseignement.
Mais il n’est pas juste et pas pertinent d’appeler cela une guerre, comme l’a à nouveau déclaré notre premier Ministre.
Ce sont des terroristes, nous risquons des attentats, il existe un peu de risque, mais ce n’est pas la guerre.
Après les attentats du 13 novembre 2015, le photographe de l’AFP Dominique Faget avait posté ce billet :  
«Ces derniers jours, j’entends beaucoup parler de « scènes de guerre », de « situation de guerre », de « médecine de guerre ». Mais il faut tout de même relativiser. Ce vendredi 13 novembre, nous assistons à Paris à une série d’attentats terroristes, à des massacres aveugles, aux plus graves événements que la capitale française ait connus depuis la Libération. Mais ce n’est pas la guerre.
La guerre, comme celle que j’ai couverte au Liban, au Tchad, ou beaucoup plus récemment dans l’est de l’Ukraine, c’est vivre dans une peur quotidienne de la mort, avoir sans cesse l’impression d’être en sursis, n’être en sécurité nulle part. C’est voir chaque jour des gens tomber autour de soi, sous les balles et les obus qui pleuvent sur des villes entières, et les cadavres joncher les trottoirs sans que personne n’ose les ramasser. La guerre, c’est quand on risque à chaque instant de se retrouver à la merci d’un tireur isolé, d’un fou, ou d’un de ces innombrables voyous armés qui sillonnent sans contrôle la plupart des zones de conflit du monde. C’est quand on ne peut pas compter sur la police pour assurer sa sécurité, quand des milliers de réfugiés se lancent sur les routes. La médecine de guerre, c’est quand on doit amputer à la hâte un membre qu’on aurait pu sauver dans des circonstances normales.
Alors oui, dans un sens, c’est la guerre. La France est en guerre contre le terrorisme. Le groupe Etat islamique nous a déclaré la guerre. C’est une guerre au sens politique du terme, et sous le coup de l’émotion beaucoup de gens peuvent être tentés d’utiliser ce mot pour parler de la situation dans Paris ce 13 novembre.
Mais contrairement à ce qui se produit dans une vraie guerre, la police et les services de secours peuvent ici faire leur travail, établir des périmètres de sécurité, protéger les passants, soigner les blessés, évacuer les morts sans qu’ils restent à l’abandon des jours durant dans la rue. Même au cœur de cette nuit du 13 novembre, la plupart des bistrots et restaurants restent ouverts et, partout ailleurs dans la ville, la situation est normale. Deux jours après le drame, la vie a repris son cours. On assiste parfois à des scènes très dures, émouvantes, mais une fois que les attentats sont passés la situation ne présente plus aucun danger. Alors qu’une guerre, c’est tout autre chose. Pour ne parler que de nous, journalistes, ce sont les gilets pare-balles qui pèsent une tonne et les casques que nous devons porter dès que nous mettons le nez dehors, et la crainte permanente d’être pris pour cible.
Alors non, aussi tragiques que soient les attentats de Paris, je n’aime pas parler de guerre. La guerre, ce serait par exemple si de tels attentats se produisaient tous les jours pendant des semaines. C’est sans doute ce que souhaitent ceux qui ont causé cette tragédie. Mais ce n’est heureusement pas le cas. »
Mal nommer les choses, ajoute du malheur au monde disait Camus
Ce n’est pas la guerre, mais la Belgique et donc toute l’Europe est en deuil.
La Belgique qui est la patrie de la BD à laquelle elle a apporté ses plus grandes lettres de noblesse.