Mercredi 30 novembre 2016

Mercredi 30 novembre 2016
«Les sœurs Mariposas»
Minerva, Patria et Maria Teresa Mirabal assassinées le 25 novembre 1960
Le 25 novembre est désormais chaque année, suite à une résolution de l’ONU, dédié à l’élimination de la violence à l’égard des femmes. 
Plus précisément, c’est le 17 décembre 1999, par sa résolution 54-134, que  l’Assemblée générale des Nations unies proclamait le 25 novembre Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. La date avait été choisie en Colombie, en 1981, par des militant-e-s des droits des femmes en hommage aux trois sœurs Mirabal, combattantes contre la dictature de Rafael Trujillo en République dominicaine, brutalement assassinées le 25 novembre 1960.
«Minerva, Patria et Maria Teresa Mirabal se faisaient appeler « Mariposas », papillons en espagnol. Derrière ce nom de code, il y a une lutte sans merci contre le dictateur Rafael Trujillo [qui exerçait en République Dominicaine]. […] Tout commence quand le dictateur tente d’approcher l’aînée, Minerva, qui le repousse invariablement. La jeune femme qui étudie le droit à l’université et se lie d’amitié avec des communistes est révoltée contre la terreur que fait régner Trujillo. Résultat, face aux refus de la jeune femme, son père est emprisonné et torturé. Minerva suivra le même chemin.
Les années de lutte passent. Les trois sœurs se marient avec des hommes tout aussi révoltés qu’elles par les injustices de ce régime. En 1957, Minerva est la première femme doctorante de l’université de droit. Quand le dictateur Trujillo lui remet son diplôme, il lui fait la promesse qu’elle ne pourra jamais exercer.
Coup d’état raté, arrestations fréquentes, tortures, voilà alors le quotidien des Mariposas et de leur entourage. Un soir qu’elles vont rendre visite à leurs maris emprisonnés (résistants, ils avaient tenté un coup d’état), sur une petite route de montagne, une voiture se met en travers de leur chemin. Les conditions dans lesquelles leurs corps ont été retrouvés sont particulièrement sanglantes: les trois femmes ont été massacrées à la machette puis replacées dans leur voiture qui a ensuite été poussée dans le vide.
Les trois sœurs n’auront jamais connu la démocratie mais la nouvelle de leur mort révolte. Le 30 mai 1961, Trujillo est assassiné et il faudra encore patienter plusieurs années pour que le pays sorte de la guerre civile. Seule la quatrième sœur, Belgica Adela, leur a survécu, elle est la mémoire de leur histoire. […]
La romancière Julia Alvarez a écrit un roman sur le sujet, « Au temps des papillons ». Un téléfilm avec Salma Hayek dans le rôle de Minerva a été réalisé en 2001, « In the time of butterflies ». En France, Elise Fontanaille a publié en 2013 pour un public jeunesse « Les trois sœurs et le dictateur ». En 2016, la dessinatrice Pénélope Bagieu a aussi raconté ce parcours dans son recueil de portraits de femmes, « Les culottées ».»
Le 25 novembre de cette année, France Culture a rediffusé une émission de 1976 où avait été invitée Benoite Groult qui à travers l’histoire racontait l’oppression de la femme depuis l’Antiquité. Parmi les 10 exemples qu’elle donnait je rapporte le quatrième : XVIe et XVIIe siècles : la chasse aux « sorcières » : «Pendant 2 siècles on a brûlé [des milliers] de sorcières en Europe, parce que c’était un pouvoir féminin qui commençait à inquiéter la société. Chaque fois que [les femmes] ont essayé de sortir, de réagir, que ce soit les féministes aujourd’hui ou les sorcières hier, ç’a été une réaction frénétique pour les ramener à leur place. »
Une autre émission de France Culture donne des précisions sur la situation actuelle en France : « En France, 15% des femmes se sont faites insultées au moins une fois, dans la rue, les transports ou les lieux publics, au cours de 12 derniers mois. Première cause de violence que subissent les femmes, les insultes les plus fréquentes sont : « salope », dans un quart des cas, « connasse », dans 19% des cas, « sale… », dans 16% et « pute », dans 13%. Les violences physiques ou sexuelles sont la seconde violence qu’elles subissent. On estime que chaque année, 84 000 femmes subissent des viols ou tentatives de viol, alors que seul 31 825 faits de violences sexuelles ont été comptabilisés sur un an, de novembre 2014 à octobre 2015, par les forces de sécurité.
Dans la plupart des cas d’agressions, qu’elles soient physiques, sexuelles ou psychologiques, le conjoint de la victime est en cause. On dénombre, en moyenne chaque année, près de 216 000 femmes âgées entre 18 et 75 ans victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur ex ou actuel partenaire. Un chiffre qui ne tient pas compte des violences verbales, psychologiques, économiques ou bien administratives que les femmes subissent.»
La journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes est donc une nécessité partout et aussi en France
Les sœurs Mariposas