Edgar Morin est né le 8 juillet 1921.
Il a publié une tribune dans le monde à cette occasion dans laquelle il retrace l’aventure humaine pendant les cents ans de sa période de vie : < Cette pensée humaine capable de créer les plus formidables machines est incapable de créer la moindre libellule >
Il y écrit notamment :
« Nous vivons donc en 2021 une étape nouvelle de la phase extraordinaire de l’aventure humaine où culmine le paradoxe de la toute-puissance et de la toute-faiblesse humaine.
L’infirmité ne vient pas seulement de la fragilité humaine (le malheur, la mort, l’inattendu) mais aussi des effets destructeurs de la toute-puissance scientifique-technique-économique, elle-même animée par la démesure accrue de la volonté de puissance et de la volonté de profit.
Cette pensée humaine capable de créer les plus formidables machines est incapable de créer la moindre libellule. Cette intelligence capable de lancer dans le cosmos fusées et stations spatiales, capable de créer une intelligence artificielle capable de toutes les computations, est incapable de concevoir la complexité de la condition humaine, du devenir humain. Cette intelligence capable de découper le réel en petits morceaux et de les traiter logiquement et rationnellement est incapable de rassembler et d’intégrer les éléments du puzzle et de traiter une réalité qui exige une rationalité complexe concevant les ambivalences, la complémentarité des antagonismes et les limites de la logique du tiers exclu.
Quand saurons-nous que tout ce qui est séparable est inséparable ?
Quand saurons-nous que tout ce qui est autonome est dépendant de son environnement, depuis l’autonomie du vivant qui doit renouveler son énergie en s’alimentant pour vivre et en information pour agir jusqu’à mon autonomie présente sur mon ordinateur, qui dépend d’électricité et de Wi-Fi ?
Aussi devons-nous comprendre que tout ce qui émancipe techniquement et matériellement peut en même temps asservir, depuis le premier outil devenu en même temps arme, jusqu’à l’intelligence artificielle en passant par la machine industrielle. N’oublions pas que la crise formidable que nous vivons est aussi une crise de la connaissance (où l’information remplace la compréhension et où les connaissances isolées mutilent la connaissance), une crise de la rationalité close ou réduite au calcul, une crise de la pensée. »
<Le Figaro> nous apprend que Emmanuel Macron le reçoit aujourd’hui à l’Elysée.
Le chef de l’État selon un communiqué de l’Elysée :
«prononcera un discours pour célébrer ce centième anniversaire et saluer le parcours de celui qui entra dans la Résistance alors qu’il n’avait pas encore 20 ans, ses engagements, en faveur de la « Terre-Patrie » depuis près de 50 ans et ses contributions à la compréhension des hommes et du monde en tant qu’humaniste et européen convaincu»
Et le Figaro de rappeler que :
« En février 2018, Edgar Morin signait dans Le Monde une tribune élogieuse à l’égard d’Emmanuel Macron, dont il saluait la capacité à «être un intellectuel littérairement et philosophiquement cultivé et un homme qui fait carrière aux antipodes de la philosophie, dans la banque et la finance».
Et en même temps
« Mais dans son dernier livre paru en juin, on lit aussi sa sympathie pour les opposants les plus farouches au chef de l’État. Selon lui, « bien des protestations, colères et révoltes populaires, comme le mouvement des « Gilets jaunes », comportent chez leurs participants, pas uniquement certes, mais incontestablement, le besoin d’être reconnus dans leur pleine qualité humaine – ce qu’on appelle dignité».
<mot du jour sans numéro>