Jeudi 2 avril 2015

Jeudi 2 avril 2015
« Bienvenue à Gattaca »
Andrew Niccol
Bienvenue à Gattaca est un film d’Andrew Niccol. Ce film décrit une société futuriste eugéniste, une sorte de Meilleur des mondes inégalitaire où la belle vie, les beaux postes et les beaux salaires sont réservés à une élite génétiquement triée sur le volet, issue d’embryons sélectionnés pour présenter un génotype le plus “parfait” possible.
Les humains dont la conception a été laissée au hasard sont des hommes de seconde zone.
Ce film date de 1997.
Un article du Monde (pièce jointe) nous explique que l’état de la science rend un Gattaca possible :
«Le quotidien britannique The Independent a en effet révélé, vendredi 13 mars, que des chercheurs de la Harvard Medical School, aux Etats-Unis, avaient essayé d’éditer le génome de tissus ovariens de manière à corriger un gène, le BRCA, qui, lorsqu’il a muté, prédispose au cancer du sein. Une tentative hautement symbolique car, jusqu’à présent, personne n’avait osé toucher au matériel génétique de cellules reproductrices humaines, à l’ADN d’un futur ovule ou à celui d’un spermatozoïde.
Les résultats de ces travaux n’ont pas encore été publiés… et peut-être ne le seront-ils pas. En effet, dans une tribune parue dans la prestigieuse revue Nature la veille de la révélation de The Independent, cinq chercheurs américains, conscients – ou sachant pertinemment… – que des expériences d’ingénierie génétique de ce genre avaient lieu, enjoignent leurs collègues du monde entier à faire une pause et à réfléchir ensemble aux conséquences de ces recherches. Pour résumer l’intention de cette tribune, disons qu’on est dans la crainte de l’apprenti-sorcier. Les auteurs écrivent que la modification du génome des gamètes ou des embryons humains peut avoir “des effets imprévisibles sur les futures générations. Cela la rend dangereuse et éthiquement inacceptable».
Les scientifiques sont parvenues à créer un outil que l’article compare à un traitement de texte permettant de réécrire des séquences du génome. Cet outil intervient sur « quatre bases azotées de l’ADN, adénine, thymine, guanine, cytosine, plus connues sous leurs initiales A, T, G et C – à partir desquelles s’écrit le nom Gattaca…»
Et la nouveauté que révèle l’article, c’est que cet outil est utilisé pour la première fois pour les cellules de reproduction et qu’ainsi on ne transforme plus le matériel génétique d’un être humain mais qu’on agit sur les générations futures car cette transformation va affecter les descendants de l’individu “modifié” :
«Depuis 2013, l’utilisation de cet outil explose chez les biologistes. Mais jusqu’à présent, ils ne s’en servaient que pour modifier l’ADN des cellules somatiques, c’est-à-dire toutes les cellules du corps à l’exception des cellules germinales. On a ainsi vu de nouvelles voies de recherche s’ouvrir pour le traitement du sida ou de la bêta-thalassémie, une maladie génétique de l’hémoglobine. En travaillant uniquement sur les cellules somatiques, on ne prend pas le risque, à terme, de transmettre une modification intempestive aux générations suivantes, ce qui serait en revanche le cas avec les cellules de la reproduction.»
Toutes ces études sont motivées par la volonté de trouver des solutions thérapeutiques à des maladies.
Mais l’utilisation possible de ces outils à d’autres fins ne peut que nous interpeller.
Il y a tant de choses qui préparent le monde de demain mais le débat politique et public n’en parle pas ou si peu.