Vendredi 11 octobre 2019

« Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté. »
Paul Eluard, dernière strophe du poème « Liberté »

Lors de <l’entretien> que je vous invite vraiment à écouter, François Sureau a cité le poème d’Eluard : « Liberté »

Je trouve pertinent après avoir distillé l’argumentation rationnelle hier, à reprendre aujourd’hui le même sujet mais sous le format de la poésie.

« Liberté » est un poème que Paul Éluard a écrit en 1942 pendant la Seconde Guerre mondiale, comme une ode à la liberté face à l’occupation allemande. Il s’agit d’une longue énumération de tous les lieux, réels ou imaginaires, sur lesquels le poète écrit le mot « liberté ».

Le titre initial du poème était « Une seule pensée » : Paul Eluard a confié :

« Je pensais révéler pour conclure le nom de la femme que j’aimais, à qui ce poème était destiné. Mais je me suis vite aperçu que le seul mot que j’avais en tête était le mot Liberté. Ainsi, la femme que j’aimais incarnait un désir plus grand qu’elle. Je la confondais avec mon aspiration la plus sublime, et ce mot Liberté n’était lui-même dans tout mon poème que pour éterniser une très simple volonté, très quotidienne, très appliquée, celle de se libérer de l’Occupant »

Le poème est publié le 3 avril 1942, sans visa de censure dans un recueil clandestin « Poésie et vérité ». Il est parachuté à des milliers d’exemplaires par des avions britanniques de la Royal Air Force au-dessus du sol français

Liberté

Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom

Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté

Paul Eluard

Paul Eluard écrivait aussi : « Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d’autre »

On trouve sur internet plusieurs artistes qui déclament le poème <Liberté>:

D’abord <Paul Eluard> lui-même qui présente son poème, les conditions de sa création puis le récite.

Et aussi dans <cette vidéo> Paul Eluard récite le poème qui s’affiche strophe après strophe.

<Jean-Louis Barrault> le récite, comme <Gérard Philippe>.

Plus récemment <Guillaume Gallienne> a aussi interprété ce poème.

Et je finirai par <Le poème mis en musique par Yvonne Schmidt> et chanté par Francesca Solleville.

<1286>

Une réflexion au sujet de « Vendredi 11 octobre 2019 »

  • 11 octobre 2019 à 21 h 56 min
    Permalink

    Notre libre arbitre n’est que l’ignorance des causes réelles qui nous font agir d’après Spinoza

    Répondre

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