Lundi 13/01/2014

Lundi 13/01/2014
« Les pays de l’OCDE ont gagné dix ans d’espérance de vie en quarante ans »
OCDE
L’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) est une organisation de 34 pays qui a succédé à l’Organisation européenne de coopération économique (OECE) issue du plan Marshall. Son siège se trouve au Château de la Muette dans le XVIème arrondissement de Paris.
L’OCDE produit des rapports ainsi elle a publié le « Panorama de la santé 2013 » le 21 novembre 2013.
Ce rapport nous apprend que l’espérance de vie a fait un bond de dix ans en quarante ans, comparé aux données de 1970. Certains pays ont connu une véritable révolution en la matière. Depuis 1970, la Corée et la Turquie ont gagné une vingtaine d’années d’espérance de vie pour atteindre respectivement 81, 1 et 74, 5 ans, le Chili plus de quinze ans. Même s’ils restent encore loin des standards OCDE, l’Indonésie et l’Inde, parmi les émergents, ont aussi gagné plus de quinze ans pour atteindre 69, 3 et 65, 5 ans.
Par contraste deux pays ont connu de sombres évolutions. L’Afrique du Sud décimée par le sida a une espérance de vie similaire à celle d’il y a quarante ans (52, 6 ans) et la Russie est retombée à son niveau de 1970 (69 ans). C’est aussi en Russie que les écarts hommes/femmes sont de loin les plus importants, les femmes vivant presque douze ans de plus que les hommes alors que l’écart moyen est de 5, 5 ans, 82, 8 pour les femmes, 77, 3 ans pour les hommes.
 « Cet écart énorme en Russie s’explique largement par les comportements à risque des hommes : les consommations d’alcool et de tabac et les morts violentes par accident de la route, homicide et suicides », explique Gaétan Lafortune, coordinateur du rapport.
Rien n’indique que cette tendance au long cours à l’allongement de la vie doive s’interrompre. Toutefois, le rapport souligne les « profondes répercussions » de la crise sur la vie des citoyens. En termes de santé ses effets sont contrastés. Ils ont paradoxalement eu des effets positifs en se traduisant par une baisse des consommations d’alcool et de tabac et par une moindre mortalité sur les routes.
Les dépenses de santé qui ont progressé plus vite que la croissance économique pendant des années ont marqué le pas depuis 2008. Elles ont même diminué dans onze des 34 pays de l’OCDE. Les économies se sont traduites par une rationalisation des dépenses. Il y a en la matière encore des marges de progrès, les génériques par exemple représentent encore moins de 25 % du marché des médicaments dans plusieurs pays comme la France, l’Italie ou le Japon, contre 75 % en Allemagne et au Royaume-Uni.
Ces économies n’ont pas eu d’impact sur la prise en charge de maladies potentiellement mortelles comme le cancer, les accidents vasculaires cérébraux ou les crises cardiaques, les taux de survie continuant globalement à s’améliorer. Cependant le rapport souligne plusieurs évolutions préoccupantes, voire « alarmantes ».
Il semble que « le long déclin du taux de mortalité infantile se soit inversé en Grèce après la crise », souligne ainsi le rapport, alors que les coupes budgétaires en matière de santé ont été drastiques dans le pays (– 11 %).
Il relève aussi « la hausse spectaculaire du nombre de nouveaux séropositifs parmi les toxicomanes par injection à Athènes ». Les personnes aux revenus les plus modestes sont les plus touchées par les baisses de prise en charge.
Plus largement, l’OCDE s’inquiète des coupes les plus faciles à faire, notamment celles touchant les programmes de prévention. Des « économies de bouts de chandelle », dénonce l’organisation : l’obésité croissante, les consommations d’alcool et de tabac ont des conséquences lourdes en termes de santé publique et d’espérance de vie. « Le Mexique est en queue de peloton des pays OCDE, notamment à cause de l’augmentation de ces facteurs de risque », relève Gaétan Lafortune.
Enfin, est-ce un effet de la crise, mais les consommations d’antidépresseurs ont cru de façon spectaculaire en dix ans. La France réputée pour être une grande consommatrice a été rattrapée et dépassée par de nombreux pays.
Ainsi l’Espagne et le Portugal ont doublé leur consommation en 2011 par rapport à 2000 pour atteindre respectivement 64 et 78 doses quotidiennes pour mille habitants, contre 50 pour la France (les données de la Grèce ne sont pas connues).
L’Allemagne n’a pas échappé à la contagion. Elle a aussi plus que doublé sa consommation pour rattraper la France.
Quelques particularités de la France
La France est en cinquième position en termes d’espérance de vie à la naissance, avec 82,2 ans. Mais elle est en première place pour l’espérance de vie à 65 ans : 23,8 ans pour les femmes et 19,3 ans pour les hommes. Bref, si vous atteignez 65 ans surtout ne quittez pas la France.
Avec 11,6 % du PIB dépensé dans la santé, la France figure au 3e rang des pays de l’OCDE, derrière les États-Unis et les Pays-Bas. Les dépenses à la charge des patients représentent 8 % des dépenses totales de santé (seuls les Pays-Bas ont un taux plus faible), contre 20 % en moyenne dans l’OCDE.
La proportion de fumeurs réguliers chez les adultes a baissé de 30 % en 1980 à 23 % en 2010 mais reste au-dessus de la moyenne de l’OCDE (21 %).
La consommation d’alcool a diminué, mais reste aussi la plus élevée de l’OCDE avec 12, 6 litres d’alcool pur par adulte en 2011 contre une moyenne de 9, 4 litres.
Que le ciel vous tienne en joie longtemps puisque vous devriez être amené à vivre encore de longues années

Vendredi 10/01/2014

Vendredi 10/01/2014
“Siemens E15”
Internet
Nous terminerons cette semaine avec une histoire simple et moderne.
Après l’envolée lyrique d’Ariane Mnouchkine, la poésie de John Lennon et la longue méditation de Michel Serres, le concept d’antifragilité de Taleb voici un moment de pur pragmatisme : une histoire d’aujourd’hui.
Notre lave-vaisselle Siemens ne fonctionnait plus et affichait E15… samedi soir 🙁
Nous avons comme des “vieux” regardé longuement la notice que nous avions bien rangée.
Il n’était pas question de l’erreur E15 mais d’autres erreurs et de dizaine de conseils.
Au bout de 2 heures de tentatives infructueuses où nous avons essayé de comprendre la notice et de faire diverses choses, nous avons raisonné en “jeune” et nous avons saisi sur un moteur de recherche “Siemens E15” (pas un mot de plus)
Et hop il y avait la solution, il fallait pencher le lave-vaisselle vers l’avant pour qu’un surplus d’eau qui se trouvait dans un bac de récupération s’écoule. Ce surplus d’eau enclenchait un capteur qui avait pour fonction d’éviter des dégâts des eaux et qui pour faire face à ce risque potentiel, arrêtait l’arrivée d’eau.
Peu importe la technique, ce qui est extraordinaire pour des “vieux” qui jouent aux” jeunes” c’est qu’en tapant simplement le code d’erreur avec la marque sur internet, ils trouvent en 2 mn une solution simple qui permet de réparer immédiatement le problème qui nous mettait dans l’embarras le samedi soir, en nous demandant à quel réparateur faire appel et ce que cela nous couterait ?
Nous vivons une époque moderne et formidable.
Pour ceux qui ne le savent pas, mon Administration a entendu mon désir et plus encore mon besoin de faire autre chose que le travail qu’on me demandait de faire.
J’ai donc été appelé à un autre métier, et pour cela il faut que je me forme.
Donc la semaine prochaine, je serai à partir de Mardi et jusqu’à Vendredi à Nevers.
Il n’y aura donc pas de mot du jour à partir de mardi.

Jeudi 09/01/2014

Jeudi 09/01/2014
« Antifragile »
Nassim Nicholas Taleb
Antifragile est un concept, plein de sens, inventé par Taleb.
Vous savez que ce qui est fragile casse tout de suite.
Vous comprenez que ce qui est solide résiste au choc. “L’antifragile dépasse la résistance et la solidité. Ce qui est résistant supporte les chocs et reste pareil ; ce qui est antifragile s’améliore. Cette qualité est propre à tout ce qui est modifié avec le temps” et Taleb de citer l’innovation technologique, les réussites culturelles et économiques, les recettes de cuisine, et notre propre existence en tant qu’espèce sur cette planète. Et “l’antifragile aime le hasard et l’incertitude”, nous avons besoin d’une dose de stress et de volatilité pour nous améliorer.
Taleb prend l’exemple de deux frères, l’un travaille dans une grande banque, l’autre est chauffeur de taxi. Le premier bénéficie de revenus réguliers contrairement au second, mais en moyenne sur l’année ils sont équivalents. Avec la crise bancaire le premier perd son emploi et voit ses revenus tomber à zéro tandis que l’autre se débrouille et maintient son activité. Les artisans, les professions indépendantes ont des revenus instables mais cette volatilité les oblige à mieux “sentir” le marché et à s’adapter en permanence, ce qui n’est pas le cas d’un salarié d’une grosse société (ou de l’administration…) qui se croit à l’abri. Taleb conclut : “Telle est l’illusion principale de la vie : croire que le hasard est risqué et néfaste, et qu’on l’élimine en s’appliquant à l’éliminer.”
Plus grave : “quand on supprime artificiellement la volatilité, ce n’est pas seulement que le système tend à devenir extrêmement fragile ; c’est qu’il ne présente en même temps aucun risque visible.” Et Taleb de rappeler Alan Greenspan qui voulait éliminer les cycles économiques et faisait l’éloge d’une “grande modération” qui n’aura finalement servi qu’à masquer la crise qui explosa en 2008.
Nassim Nicholas Taleb s’est fait connaître dans le monde entier avec son livre “Le Cygne noir” paru en 2007. Juste avant le déclenchement de la crise des subprimes, il expliquait la fragilité des modèles utilisés dans la finance et leur aveuglement face aux événements extrêmes, imprévisibles, mais qui se produisent toujours plus souvent qu’on ne le croit. Son livre a été l’essai le plus vendu dans le monde avec 3 millions d’exemplaires.
“Antifragile” (Les Belles Lettres, en librairie depuis le 23 août) est son nouveau livre qui veut apporter une réponse aux défis posés par son précédent ouvrage.
Il répète, “le hasard dans le domaine du Cygne Noir est insoluble. La limite est mathématique, voilà tout. Ce qui est non mesurable et non prévisible demeure non mesurable et non prévisible, si nombreux que soient les experts diplômés qui se consacrent à l’affaire.”
Le problème des prévisions est leur dimension iatrogène (1). Ainsi “ceux qui tablent sur les prévisions courent davantage de risques, s’attireront des ennuis et feront même peut être faillite. Pourquoi ? Quelqu’un qui fait des prévisions se fragilise face aux erreurs de prévision. Un pilote trop sûr de lui finira par s’écraser. Et les prévisions chiffrées incitent les gens à prendre davantage de risques.”
Alors que faire ? Se laisser aller au gré du hasard ? Pas du tout. S’appuyant sur la sagesse des Anciens, notamment Sénèque et les stoïciens, Taleb explique que “la sagesse en matière de décision est infiniment plus importante que la connaissance”. En somme, il faut se rendre antifragile. La fragilité implique que l’on a plus à perdre qu’à gagner en cas de volatilité importante, l’antifragilité que l’on a plus à gagner qu’à perdre dans la même situation.
Et Taleb d’expliquer : “Selon moi, le stoïcien moderne est quelqu’un qui transforme la peur en prudence, la douleur en information, les erreurs en une initiation, et le désir en entreprise.”
(1) iatrogène se dit d’un trouble, d’une maladie provoqués par un acte médical ou par les médicaments, même en l’absence d’erreur du médecin.
Ci-après quelques liens :
Que le ciel continue à vous tenir en joie

Mercredi 08/01/2014

« Que gagnons-nous, quand nous perdons ? »
Michel Serres

Pour continuer cette belle semaine de la pensée positive, je vous propose cette question posée par le texte de Michel Serres lors d’une conférence qu’il a tenu en 2007, lors d’une conférence sur les nouvelles technologies : révolution culturelle et cognitive.

Lors de cette conférence il analyse la révolution numérique et montre que nous perdons peu à peu notre mémoire qui est externalisée dans la mémoire informatique.

Pour analyser ce phénomène il montre les grandes évolutions de l’humanité :

1° Le passage du stade oral au stade de l’écriture

2° Le passage de l’écriture à l’imprimerie

3° et aujourd’hui le passage du livre au monde numérique

Chaque fois des humains et parmi les plus grands (Socrate pensait que passer de l’oral à l’écrit était une catastrophe) ont pensé qu’ils perdaient quelque chose d’essentiel.

Mais Michel Serres renverse cette question et se demande si nous avons perdu quelque chose, n’avons-nous pas gagné quelque chose?

Penser à ce qu’on gagne lorsqu’on perd, n’est-ce pas le summum de la pensée positive ?

Je vous en propose un extrait ci-dessous, pour vous permettre de percevoir la profondeur de cette question :

«Cette perte de la mémoire n’a rien à voir avec la catastrophe de la Renaissance où l’invention de l’imprimerie a totalement fait perdre la mémoire à ses contemporains. Nous en avons des preuves manifestes dans le texte de Montaigne où il affirme qu’il préfère « une tête bien faite à une tête bien pleine ». Il veut simplement dire qu’un historien de cette époque qui veut travailler sur sa discipline est contraint de savoir par cœur la totalité de la bibliothèque puisque celle-ci n’est pas accessible ailleurs que dans quelques bibliothèques dans le monde. Avec l’arrivée de l’imprimerie, il suffit de connaître l’endroit où se trouve le livre. C’est une catastrophe pour la mémoire. Par conséquence, avec la mise à disposition aujourd’hui de la totalité de l’information sur la toile, nous n’avons plus besoin de mémoire et nous n’en avons d’ailleurs plus. Comment se fait-il qu’une faculté, dont on nous a dit qu’elle était essentielle au cerveau humain, a une histoire telle que nous pouvons en mesurer la disparition ?

Nous devons analyser le mot « perdre » pour essayer de comprendre ce que signifie cette perte de mémoire et pour réaliser ce que nous avons gagné.

Pour expliquer la différence entre perdre et gagner du point de vue cognitif, j’en appellerais volontiers à ce qu’un de mes vieux professeurs de préhistoire racontait sur ce que veut dire « perdre ». Il disait que nous étions des quadrupèdes avant qu’un événement, qui a duré des millénaires, ne fasse perdre la fonction de portage à nos membres antérieurs. Nous avons alors inventé la main et avons gagné un outil universel.

Dans le même temps, la bouche a complètement perdu sa fonction de préhension au profit de la main. La bouche est donc à son tour devenue un outil universel par le biais de la parole. Les fonctions données que nous avons perdues nous ont donc permis de gagner des outils universels […] Si nous avons perdu la mémoire, voyons ce que nous avons gagné.

En revenant sur l’histoire, nous pouvons nous apercevoir que c’est précisément parce que nous avons perdu la mémoire que nous avons pu inventer à la Renaissance les sciences physiques. La perte de mémoire nous a libérés de l’écrasante obligation de « se souvenir » et a permis aux neurones de se consacrer à des activités nouvelles.

Voilà la différence qui peut exister entre perdre et gagner : perdre dans le domaine du reconnaissable pour gagner dans l’ordre inventif, indéfini, c’est-à-dire dans l’ordre humain. Si j’ai défini « perdre » par rapport à « gagner », le verbe « perdre » prend un tout autre sens dans la langue française. […]

Chaque fois que nous inventons un outil, l’organisme perd les fonctions qu’il externalise dans l’outil. Pour inventer la roue par exemple, il suffit d’externaliser la rotation de nos articulations. […]

L’écriture et l’imprimerie étaient des mémoires et aujourd’hui vous disposez de mémoires supérieures à celles de vos prédécesseurs. En effet, nous avons perdu la mémoire subjectivement, mais elle s’est externalisée objectivement. […]

Le support écrit a transformé la civilisation de telle sorte que nous avons complètement oublié le stade oral. Le support imprimé a complètement changé la civilisation telle qu’elle était avant. Je crains fort que nous soyons à un changement de culture tel que notre manière de connaître et de savoir tout entière, donc le cognitif en général, est sur le point de changer. […] »

 

Et puis, il finit par une histoire qu’il cite souvent, celle de Saint Denis :

« Pour finir, je souhaiterais parler de toutes les facultés en général. Il était une fois une ville appelée Lutèce, au IIème siècle après Jésus-Christ. L’empereur romain d’alors décréta que les premiers chrétiens seraient persécutés, et exécutés, sur toute la surface de l’Empire. Or le christianisme apparaît à Lutèce dès le Ier siècle et, un soir, les premiers chrétiens, qui venaient d’élire un évêque du nom de Denis, se rassemblent dans une salle. Ils s’y barricadent dans le cas terrifiant où la légion romaine les interpellerait et les jetterait en prison. Alors qu’ils écoutent pieusement les entretiens de leur évêque Denis, le drame se produit. Les portes et les fenêtres volent en éclat, la légion romaine pénètre la salle et le centurion, qui est monté sur l’estrade, coupe le cou à l’évêque Denis dont la tête roule par terre. Stupéfaction, épouvante et angoisse, mais miracle. L’évêque Denis se penche, prend sa tête à deux mains et la présente à ses ouailles pendant que les légionnaires épouvantés s’enfuient devant ce que nous appelons depuis le miracle de Saint-Denis.

Voilà l’histoire par laquelle je voulais terminer. Lorsque, le matin, vous vous asseyez devant votre ordinateur, vous avez en face de vous votre tête, comme celle de Saint Denis. En effet, les facultés dont je viens de vous parler se trouvent dans votre tête : la mémoire, l’imagination, la raison, des milliers de logiciels pour accomplir des opérations que vous ne feriez pas sans votre tête. Or votre tête est objectivée ; vous avez perdu la tête.

Pour parodier le titre du roman de Musil, j’appellerais volontiers l’homme moderne « l’homme sans faculté ». Vous avez perdu ces facultés, mais elles se trouvent toutes devant vous. »

Pour en savoir davantage sur cette légende vous pouvez consulter <ce blog>

Et tenter d’être heureux comme le souhaitait John Lennon

<216>

Lundi 06/01/2014

Lundi 06/01/2014
«Et surtout, surtout, disons à nos enfants qu’ils arrivent sur terre quasiment au début d’une histoire et non pas à sa fin désenchantée.
Ils en sont encore aux tout premiers chapitres d’une longue et fabuleuse épopée
dont ils seront, non pas les rouages muets, mais au contraire, les inévitables auteurs.»
Ariane Mnouchkine
Mediapart, depuis plusieurs années, propose de commencer l’année avec des vœux offerts par des personnes qui ont quelque chose à dire.
Ce fut Stéphane Hessel en 2010, Moncef Marzouki en 2011, Édouard Martin en 2012.
En 2014 ils ont fait appel à Ariane Mnouchkine, la metteure en scène et fondatrice du Théâtre du Soleil.
Voici ces vœux :
« Mes chères concitoyennes, mes chers concitoyens,
À l’aube de cette année 2014, je vous souhaite beaucoup de bonheur.
Une fois dit ça… qu’ai-je dit? Que souhaité-je vraiment ?
Je m’explique :
Je nous souhaite d’abord une fuite périlleuse et ensuite un immense chantier.
D’abord fuir la peste de cette tristesse gluante, que par tombereaux entiers, tous les jours, on déverse sur nous, cette vase venimeuse, faite de haine de soi, de haine de l’autre, de méfiance de tout le monde, de ressentiments passifs et contagieux, d’amertumes stériles, de hargnes persécutoires.
Fuir l’incrédulité ricanante, enflée de sa propre importance, fuir les triomphants prophètes de l’échec inévitable, fuir les pleureurs et vestales d’un passé avorté à jamais et barrant tout futur.
Une fois réussie cette difficile évasion, je nous souhaite un chantier, un chantier colossal, pharaonique, himalayesque, inouï, surhumain parce que justement totalement humain. Le chantier des chantiers.
Ce chantier sur la palissade duquel, dès les élections passées, nos élus s’empressent d’apposer l’écriteau : “Chantier Interdit Au Public“
Je crois que j’ose parler de la démocratie.
Etre consultés de temps à autre ne suffit plus. Plus du tout. Déclarons-nous, tous, responsables de tout.
Entrons sur ce chantier. Pas besoin de violence. De cris, de rage. Pas besoin d’hostilité. Juste besoin de confiance. De regards. D’écoute. De constance.
L’Etat, en l’occurrence, c’est nous.
Ouvrons des laboratoires, ou rejoignons ceux, innombrables déjà, où, à tant de questions et de problèmes, des femmes et des hommes trouvent des réponses, imaginent et proposent des solutions qui ne demandent qu’à être expérimentées et mises en pratique, avec audace et prudence, avec confiance et exigence.
Ajoutons partout, à celles qui existent déjà, des petites zones libres.
Oui, de ces petits exemples courageux qui incitent au courage créatif.
Expérimentons, nous-mêmes, expérimentons, humblement, joyeusement et sans arrogance. Que l’échec soit notre professeur, pas notre censeur. Cent fois sur le métier remettons notre ouvrage. Scrutons nos éprouvettes minuscules ou nos alambics énormes afin de progresser concrètement dans notre recherche d’une meilleure société humaine. Car c’est du minuscule au cosmique que ce travail nous entrainera et entraine déjà ceux qui s’y confrontent. Comme les poètes qui savent qu’il faut, tantôt écrire une ode à la tomate ou à la soupe de congre, tantôt écrire Les Châtiments. Sauver une herbe médicinale en Amazonie, garantir aux femmes la liberté, l’égalité, la vie souvent.
Et surtout, surtout, disons à nos enfants qu’ils arrivent sur terre quasiment au début d’une histoire et non pas à sa fin désenchantée. Ils en sont encore aux tout premiers chapitres d’une longue et fabuleuse épopée dont ils seront, non pas les rouages muets, mais au contraire, les inévitables auteurs.
Il faut qu’ils sachent que, ô merveille, ils ont une œuvre, faite de mille œuvres, à accomplir, ensemble, avec leurs enfants et les enfants de leurs enfants.
Disons-le, haut et fort, car, beaucoup d’entre eux ont entendu le contraire, et je crois, moi, que cela les désespère.
Quel plus riche héritage pouvons-nous léguer à nos enfants que la joie de savoir que la genèse n’est pas encore terminée et qu’elle leur appartient.
Qu’attendons-nous ? L’année 2014 ? La voici. »
PS : Les deux poètes cités sont Pablo Neruda et Victor Hugo »
Que l’optimisme de la volonté vous accompagne

Vendredi 03/01/2014

Vendredi 03/01/2014
« Au fond, la seule différence entre Monsieur Madoff et les gouvernements occidentaux,
c’est que Monsieur Madoff est en prison, à part ça ils font la même chose (…) »
Jacques Attali
C’est ce qu’il a dit lors du Grand rendez-vous d’Europe 1 du 29/12
Et il a ajouté :
“Une nouvelle crise aura lieu. Regardez les chiffres :
Partout la dette publique augmente,
Partout la planche à billets fonctionne,
Partout les moteurs réels de la croissance,
qui devraient être le progrès technique, ne fonctionnent pas…”
J’avais lu une blague : on avait demandé à Madoff d’où lui était venu l’idée de son escroquerie de type de chaine Ponzi ?
et il avait répondu de la Sécurité Sociale Française qui creusait des trous pour en remplir d’autres…
Lors de cette émission, jacques Attali toujours aussi pessimiste considère qu’il reste très peu de temps au gouvernement pour engager des vraies et profondes réformes de l’Etat, des collectivités et du système de redistribution.
Que le ciel vous tienne en joie jusqu’à la catastrophe comme dirait Philippe Meyer influencé par Jacques Attali