Vendredi 31/01/2014

Vendredi 31/01/2014
« Celui qui touche le miel, lèche son doigt »
Proverbe turc
Cité lors de la revue de Presse Internationale de France Culture du 27/12/2013.
La citation provenait d’un journaliste turc qui parlait de la corruption endémique dans son pays et de ce proverbe qui l’illustre…
Rappelons que le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait annoncé, Mercredi 25 décembre, un vaste remaniement ministériel après la démission, le même jour, de trois ministres, mis en cause dans un retentissant scandale politico-financier.
Dix des vingt ministres de l’ancien gouvernement ont été remplacés
Je trouve que c’est une image suggestive de la corruption qui n’existe pas qu’en Turquie…

Jeudi 30/01/2014

Jeudi 30/01/2014
« Le libre-échange vaut-il qu’on lui sacrifie la démocratie ? »
Jean-Paul Vignal
19 janvier 2014 sur le blog de Paul Jorion
Loin de la pensée unique, Paul Jorion interpelle, crée le débat, pose des questions et esquisse même des réponses.
Il a créé un blog sur lequel des gens qui sortent de la pensée “mouton” tentent d’approfondir de vraies questions de fond.
Voici l’exemple d’une de ces contributions dont le titre constitue le mot du jour :
“La dégradation constante de la confiance des Français dans les partis politiques de gouvernement et dans leurs élus […] est le résultat logique de la domination croissante de l’économie sur le politique.
Elle intervient en effet dans un contexte où l’argent devient la mesure de toute chose. Cette évolution n’a pu avoir lieu que par un affaiblissement systématique des institutions traditionnellement garantes des valeurs et de l’intérêt communs, au profit des entreprises qui sont, elles, uniquement et légitimement centrées sur la promotion et la défense des intérêts particuliers de leurs actionnaires. Ce n’est pas le glissement vers l’attribution de plus de pouvoir aux organisations centrées sur la réalisation de projets qui est un mal en soi, car il permet quand il est réalisé avec discernement d’obtenir des résultats plus facilement mesurables et de compartimenter la complexité des systèmes politiques, sociaux et économiques en unités plus faciles à gérer. Mais, dans un contexte très tendu de concurrence de tous contre tous où l’optimum collectif ne peut pas être la somme des optima individuels, il devient extrêmement dangereux quand le « chacun pour soi » est la seule valeur véritablement commune, à défaut d’être partagée, comme c’est de plus en plus le cas.
Pour reprendre une analogie biologique, nous ne survivrions pas plus de quelques minutes si chacun des organes qui composent le corps humain cherchait à optimiser sa performance individuelle sans se soucier de ses voisins. Heureusement, le cerveau est doté de mécanismes de régulation, automatiques et inconscients pour l’essentiel, – conscients dans les cas exceptionnels -, qui permettent une survie harmonieuse. Il n’y a regrettablement plus de cerveau garant de l’intérêt collectif dans nos sociétés modernes : chassé par les grands prêtres du néolibéralisme, il a cédé la place à la main magique du marché.
La difficulté principale à court terme tient à l’inégalité croissante entre des citoyens ancrés dans leur territoire et des entreprises multinationales qui se posent là où les conditions commerciales, fiscales et sociales sont les plus favorables, et ne doivent des comptes qu’à leurs actionnaires, le dépôt de bilan bien préparé étant le fusible ultime en cas de confrontation locale sévère.
Longtemps vantées, parfois à juste titre, comme l’avant-garde du progrès, de la démocratie et du bonheur pour tous, elles négligent de plus en plus le citoyen/salarié relégué au rang de variable d’ajustement locale, pour ne plus s’intéresser qu’à l’électeur/consommateur que l’on abandonne sans remord à son triste sort, – au nom de la rentabilité des capitaux investis, rebaptisée « compétitivité » pour être plus digeste – […]
Ces organisations apatrides […] qui opèrent sur les « marchés financiers ». […] ont réussi le tour de force d’éliminer à leur seul profit, en les ringardisant, tous les contrôles qui permettaient aux États de garder un droit de regard sur la création de crédit, et aux autres organisations de ne pas leur être totalement asservies. Le résultat est étonnant : au terme d’une crise dont elles sont les principaux responsables, elles ont réussi un holdup parfaitement légal, – les banques centrales ayant le plus légalement du monde avalé au prix fort leurs créances pourries -, mais complètement immoral, que les autorités les plus prudentes chiffrent à au moins 10 % du PNB mondial ; Forts de leur statut de « too powerful to fail » elles nagent à nouveau dans l’opulence et se permettent sans vergogne ni pudeur de distribuer bons et mauvais points aux gouvernements qui les ont tirées d’affaire. Tout ceci aux dépens des citoyens/contribuables/épargnants qui doivent maintenant régler l’addition, car, comme toujours dans un jeu à somme nulle entre joueurs de force inégale. Quand l’arbitre tourne le dos ou se fait acheter par le plus fort, c’est le plus faible qui paye.
[…]
Que des élus mandatés pour représenter les peuples souverains des vieilles démocraties occidentales se résignent à un tel abandon de souveraineté dans le plus grand secret, relève au mieux de la déception, au pire de la trahison, même si l’on commence à prendre l’habitude de voir bafouer la souveraineté du peuple quand il n’est par exemple tenu aucun compte du résultat d’un vote qui n’est pas conforme aux attentes des oligarchies dirigeantes, comme cela a été le cas dans plusieurs pays européens, dont la France, pour la ratification du traité de Lisbonne.
[…] La croissance dont le néolibéralisme a tant besoin pour acheter l’oubli de son mépris pour l’humain vaut-elle vraiment qu’on lui sacrifie la démocratie et un système de protection sociale qui a fait ses preuves, sans même se poser la question de savoir si les promesses de croissance d’un libre-échange débridé sont crédibles ? Espérons que non !”
Pour ceux qui l’ignorent, Paul Jorion est un chercheur en sciences sociales, de nationalité belge, ayant fait usage des mathématiques dans de nombreux champs disciplinaires : anthropologie, sciences cognitives, et économie.
Il s’installe aux États-Unis en 1997 et y travaille dans le secteur du crédit à la consommation en tant qu’expert dans le calcul du prix et la validation des modèles financiers de 1990 à 2007 jusqu’à la faillite de son employeur, la banque Countrywide Financial. Il publie en 2003, Investing in a Post-Enron World, un ouvrage en anglais relatif aux répercussions pour les marchés boursiers de la faillite de la compagnie Enron. Il publie ensuite une série d’articles consacrés aux implications sociales et politiques du système financier américain. De 2005 à 2009, il est chercheur associé du programme interdépartemental « Human Complex Systems » de l’université de Californie à Los Angeles (UCLA). En 2004, il rédige La Crise du capitalisme américain qu’aucun éditeur français ne veut alors publier. En 2005, la revue Mauss publie l’introduction de l’ouvrage. Finalement, c’est en 2007, qu’Alain Caillé, informé de l’intérêt que porte Jacques Attali au manuscrit, édite le livre aux éditions de La Découverte en le réintitulant euphémiquement « Vers la crise du capitalisme américain ? ». Paul Jorion y annonce la crise des subprimes qui se révèlera au grand public effectivement quelques semaines plus tard. Il publie ensuite en mai 2008, L’Implosion. La finance contre l’économie : ce qu’annonce et révèle la crise des subprimes où il décrit et explique le déroulement de la crise des subprimes, puis en novembre 2008, La Crise. Des subprimes au séisme financier planétaire, en octobre 2009, L’argent mode d’emploi, en septembre 2010, Le prix, en mars 2011, Le capitalisme à l’agonie, enfin en octobre 2012, Misère de la pensée économique. Il participe au groupe de réflexion pour une économie positive présidé par Jacques Attali.

Mercredi 29/01/2014

Mercredi 29/01/2014
« Il faut être jeune pour être pauvre.
Quand on vieillit, il faut de l’argent. »
Tennessee Williams
La chatte sur un toit brulant
Acte 1
Je n’étais pas le seul de cette liste de diffusion à assister à ce magnifique spectacle, mise en scène par Claudia Stavisky au Théâtre des Célestins de Lyon en octobre et dans lequel Laure Marsac jouait le rôle époustouflant de Margaret.
Elle avait à déclamer cette réplique, dont on trouvera la suite ci-après.
Cette réplique a immédiatement résonné en moi et je me suis dit qu’elle est largement exacte en France, bien qu’il existe des vieux pauvres et des jeunes riches, mais globalement nous savons que les vieux improductifs et rentiers sont en général plus riches que les jeunes productifs en France.
Margaret nous explique qu’être vieux et pauvre est épouvantable.
Donc notre société semble bien évoluer ?
Voici la réplique dans son intégralité :
“Il faut être jeune pour être pauvre.
Quand on vieillit, il faut de l’argent.
Etre vieux et pauvre, c’est un supplice épouvantable.
C’est l’un ou l’autre , Brick
Jeune ou riche, pas de milieu.”

Mardi 28/01/2014

Mardi 28/01/2014
«La crise, c’est quand le vieux se meurt
et que le jeune hésite à naître.»
Antonio Gramsci (1891-1937)
Membre fondateur du Parti communiste italien.
Cette pensée m’a été suggérée par un autre texte consacré au revenu de base et publié sur le site de Mediapart.

Lundi 27/01/2014

Lundi 27/01/2014
« Un revenu de base pour tous »
Baptiste Mylondo
Je crois comprendre que le mot du jour du 20 janvier qui donnait la parole à des maîtres du monde économique prétendant que 1/5 de la population active pouvait suffire à maintenir l’activité économique mondiale a choqué ou déstabilisé nombre d’entre vous.
Certaines informations qui montrent que des régions économiques bien qu’en croissance actuellement ne créent pas d’emplois ou, comme en Allemagne, créent des emplois, mais de faibles revenus, semblent indiquer que cette affirmation péremptoire présente quelques indices de vraisemblance.
C’est dans ce contexte que l’émission de France Culture “Du Grain à moudre du 11/12/2013 m’a interpellé.
Le titre de cette émission était : “Toute existence mérite-t-elle salaire ? “
Parmi les invités il y avait un homme de gauche, Baptiste Mylondo, qui défendait l’idée d’un revenu de base pour tous, revenu distribué de manière inconditionnelle.
Ce qui est étonnant c’est qu’il y avait une femme politique, nettement de droite, Christine Boutin qui défendait le même principe. Les motivations n’étaient pas exactement les mêmes, mais le concept de revenu minimum ou de revenu de base était identique.
Que voilà une idée farfelue encore !! Peut-être que non ! Cette émission m’a rappelé que Dominique de Villepin, qui avait un moment imaginé se présenter aux présidentielles de 2007, avait défendu cette idée.
Et pour vous convaincre que ce n’est pas une idée saugrenue, je vous apprendrai que nos solides, riches et pragmatiques voisins suisses vont organiser une votation consacrée à la mise en place d’un revenu minimum pour tous ! Parfaitement !
Cette émission de France Culture vous apprendra que cette idée a été avancée dès le XVIe siècle par Thomas More et a continué à progresser jusqu’au au XXe siècle. Elle a même trouvé des défenseurs aux Etats-Unis, ainsi de l’économiste James Tobin (inventeur malgré lui de la taxe du même nom).
Un revenu minimum pour tous : que l’on soit jeune ou vieux, que l’on soit pauvre ou riche, que l’on travaille ou pas : pour tous donc !
Il aurait pour vertu :

de lutter contre la précarité

de faire diminuer le chômage

de mettre fin à la stigmatisation de plus pauvres

d’émanciper l’individu en ne l’obligeant plus à travailler.

Cette idée est largement débattue sur Internet.
Il existe même un site consacré à ce seul sujet : http://revenudebase.info/
J’aime beaucoup la phrase mise en exergue de la page d’accueil « Il n’est rien au monde d’aussi puissant qu’une idée dont l’heure est venue. » Victor Hugo (Encore une idée de mot du jour gâchée parce que je veux trop en dire en une seule fois362)
Que le ciel vous tienne en Joie et vous conserve l’esprit ouvert aux idées nouvelles

Vendredi 24/01/2014

Vendredi 24/01/2014
« Un geste de tendresse »
Wounda
Aujourd’hui, je veux partager avec vous une vidéo de Youtube.
Elle ne dure que 5mn, si vous êtes très pressé aller tout de suite à 3 mn.
Mais ce serait dommage parce que ce qui se passe avant explique ce qui va se passer.
C’est un moment rare où la frontière entre l’humain et l’animal s’évanouit.
C’est un instant d’éternité où il est question de tendresse, d’un geste de tendresse : le geste de tendresse de Wounda pour Jane
Mais Wounda est un chimpanzé et Jane est une femme.
Tout cela est filmé.
Suis-je naïf ? Je crois que ce geste est spontané.
En juin dernier, une jeune femelle chimpanzé prénommée Wounda recouvrait la liberté sur l’île de Tchindzoulou, en République démocratique du Congo.
L’animal, avait été secouru, tout bébé, par l’Institut Jane Goodall fondé une primatologue britannique du même nom.
Il avait été recueilli, entre la vie et la mort, alors que sa mère avait été tuée par des braconniers.
Après des moments difficiles ou ses soigneurs avaient pensé la perdre, suivis d’une longue convalescence au Centre de réhabilitation pour chimpanzés de Tchimpounga, Wounda était enfin prête à recouvrer la liberté, aux côtés des quatorze précédents chimpanzés relâchés, par l’institut, dans l’île.
Mais, avant de retourner à la vie sauvage, la jeune femelle chimpanzé a eu des gestes de tendresse poignants envers la directrice du centre de Tchimpounga, Rebeca Atencia, et, surtout, pour la primatologue Jane Goodall, qui a consacré sa vie à la sauvegarde des grands singes de son espèce.

http://www.youtube.com/watch?v=lf08i5vqIvQ

J’ai découvert ce moment de beauté ineffable grâce à un Article du Point : http://www.lepoint.fr/environnement/video-l-etonnant-elan-de-tendresse-d-un-chimpanze-rescape-pour-jane-goodall-23-01-2014-1783694_1927.php

C’est peut être l’occasion de faire remarquer, à celles et ceux qui ne l’auraient pas observé,
que ma signature se lit câlin.

<224>

Jeudi 23/01/2014

Jeudi 23/01/2014
«A Bruxelles, il y a deux écoles de pensée :
Les uns qui ne sont pas contents, jusqu’à ce qu’ils aient privatisé le dernier cimetière communal,
et les autres qui ne sont pas contents jusqu’à ce qu’on ait un règlement européen pour les enterrements.»
Martin Schulz Président du Parlement Européen Membre du SPD allemand
dans l’émission Tous Politique de France Inter du 12/01/2014
Et il a ajouté “Il faut terminer cela et que l’Europe se concentre sur le chômage, sur le commerce transcontinental, le changement climatique, l’évasion fiscale”.
Que voilà un bon programme !
Les institutions européennes qui émergeront après les élections européennes et les Etats seront-ils capables de le mettre en œuvre ?

Mercredi 22/01/2014

Mercredi 22/01/2014
« L’insoutenable légèreté de l’être »
Milan Kundera
Les aventures pathétiques d’un homme sur un scooter italien rejoignant une actrice n’inspirait de ma part qu’un silence gêné.
C’est alors qu’est revenu à ma mémoire ce livre de Kundera écrit en 1982 dont l’intrigue de situe à Prague en 1968 pendant l’intervention soviétique.
Au milieu des évènements historiques, le livre est une histoire d’amour compliquée entre Tereza qui est jalouse et son mari libertin.
“L’insoutenable légèreté de l’être”, tout est dit…

Mardi 21/01/2014

Mardi 21/01/2014
« Vous n’avez pas la majorité de votre politique. »
François Mitterrand
Je ne sais pas pourquoi, mais cette réplique de François Mitterrand d’il y a plus de 40 ans à Jacques Chaban-Delmas à propos de la «nouvelle société» présentée en 1969 à l’Assemblée nationale par ce dernier, alors Premier ministre de Georges Pompidou, me paraît d’une remarquable actualité.
Rappelons que ce projet réformateur et social, avait été concocté par Jacques Delors et Simon Nora. Et ajoutons que François Hollande s’est toujours inscrit dans les pas de Jacques Delors.
Pour rappeler cette Histoire d’une réforme de modernisation qui ne s’est pas faite :

http://www.liberation.fr/medias/2001/07/05/le-monument-chaban_370424

Que l’Histoire vous accompagne, pour éclairer le présent.

Lundi 20/01/2014

Lundi 20/01/2014
« Dans le siècle à venir, deux dixièmes de la population active suffiraient à maintenir l’activité de l’économie mondiale. »
Washington SyCip
et d’autres invités prestigieux de la fondation gorbatchev
fin septembre 1995
Hôtel Fairmont de San Francisco
Tous les femmes et hommes qui dirigent les riches pays occidentaux soutiennent la thèse que nous traversons une crise terrible, mais qu’avec de la rigueur, de l’innovation et beaucoup de libéralisme nous pourrons retrouver le chemin de la croissance et par suite presque le plein emploi.
C’est aussi le cas de François Hollande. Ils s’expriment comme s’il s’agissait d’une vérité scientifique.
Ce n’est pas une certitude scientifique, c’est la seule certitude que nous pouvons avoir.
Il s’agit d’une croyance, nous sommes dans l’univers de la foi, pas de la science.
Ce que ces femmes et hommes espèrent est dans le domaine du possible, mais il est aussi possible qu’ils aient absolument tort.
Le mot du jour n’est pas l’élucubration de quelques cerveaux utopistes. Il s’agit d’une réflexion des patrons des plus grands groupes internationaux, en 1995, dans le cadre de la fondation Gorbatchev.
J’entends de ci de là que cette affirmation “qu’il n’y a pas de travail pour tout le monde” est fausse, pensons aux services à la personne, au monde culturel etc…
Oui, mais ces métiers, dans le cadre d’une logique de marché libérale ne génère pas des plus valus capable de distribuer des salaires convenables pour un niveau de vie moyen des occidentaux qui souhaitent se loger, se nourrir, s’habiller, se soigner et même avoir quelques loisirs. C’est cela que voulaient dire, en 1995, ces maîtres du monde économique. Ces métiers ne peuvent être payés convenablement que si l’on accepte des mécanismes sociaux de redistribution importante. Ce qui n’est pas acquis.
Cette réflexion provient d’un livre écrit il y a déjà 20 ans par deux auteurs germaniques : Hans-Peter MARTIN et Harald SCHUMANN, “le piège de la mondialisation”
Ce livre m’avait été prêté par mon ami Fabien, l’emblématique responsable du Service de la Publicité Foncière de Trévoux.
Ce n’est pas non plus une certitude scientifique, c’est une thèse concurrente de la précédente et dont la plausibilité est au moins égale.
Vous trouverez ci-joint un extrait de ce livre, et ci-dessous un extrait de l’extrait.
Ainsi votre lecture peut être de 4 niveaux : s’arrêter ici et maintenant ou lire le message jusqu’au bout ou lire aussi la pièce jointe ou enfin tenter de se procurer le livre…dont on parle beaucoup sur Internet.
Hôtel Fairmont de San Francisco
C’est dans ce cadre chargé d’histoire qu’à la fin septembre 1995, l’un des rares personnages à avoir lui-même écrit l’histoire accueille l’élite du monde : il s’agit de Mikhaïl Gorbatchev. En signe de reconnaissance, les mécènes américains viennent de lui créer une fondation au Presidio, une ancienne zone militaire située au sud du Golden Gate, que les Américains ont abandonnée après la fin de la guerre froide. Cette fois, Gorbatchev a fait venir, de tous les continents, cinq cents hommes politiques, leaders économiques et scientifiques de premier plan. Ce nouveau “brain-trust global”, pour reprendre la définition que donne de cette assemblée triée sur le volet le dernier président de l’Union soviétique et prix Nobel de la paix, doit ouvrir la voie au XXIe siècle, “en marche vers une nouvelle civilisation1*”. D’anciens dirigeants mondiaux expérimentés comme George Bush, George Schultz ou Margaret Thatcher sont venus retrouver les nouveaux maîtres de la planète. On y rencontre le patron de CNN, Ted Turner, dont l’entreprise a fusionné avec Time Warner pour en faire le plus grand groupe médiatique du monde, ou le magnat sud-asiatique du négoce, Washington SyCip. Trois journées durant, ils comptent mener une réflexion intensive, travailler en petits groupes de travail avec les global players de l’informatique et des finances, mais aussi avec les grands prêtres de l’économie, les professeurs d’économie enseignant aux universités de Stanford, Harvard et Oxford.
[…]
David Packard, cofondateur du géant de la haute technologie Hewlett-Packard […] préfère poser la question centrale : “De combien d’employés as-tu vraiment besoin, John ?” “Six, peut-être huit, répond sèchement Gage. Sans eux, nous serions fichus. Cela dit, l’endroit de cette Terre où ils habitent est parfaitement indifférent.” C’est alors au tour du président de séance, le professeur Rustum Roy, de la Pennsylvania State University, de demander : “Et combien de personnes travaillent actuellement pour Sun Systems ?” Gage répond : “Seize mille. A une petite minorité près, ce sont des réserves de rationalisation.” On n’entend pas le moindre murmure dans la salle : pour les personnes présentes, l’idée qu’il existe des légions de chômeurs potentiels encore insoupçonnées est une évidence.
Aucun de ces managers de carrière aux salaires considérables, provenant des secteurs du futur et des pays d’avenir, ne croit plus que l’on retrouvera un jour, dans les anciens pays riches, et dans quelque secteur que ce soit, un nombre suffisant d’emplois nouveaux et correctement rémunérés sur les marchés de croissance, avec leur grande consommation de technologie. […]Dans le siècle à venir, deux dixièmes de la population active suffiraient à maintenir l’activité de l’économie mondiale. “On n’aura pas besoin de plus de main-d’œuvre”, estime le magnat Washington SyCip. Un cinquième des demandeurs d’emploi suffira à produire toutes les marchandises et à fournir les prestations de services de haute valeur que peut s’offrir la société mondiale. Ces deux dixièmes de la population participeront ainsi activement à la vie, aux revenus et à la consommation – dans quelque pays que ce soit. Il est possible que ce chiffre s’élève encore d’un ou deux pour cent, admettent les débatteurs, par exemple en y ajoutant les héritiers fortunés. Mais pour le reste ? Peut-on envisager que 80 % des personnes souhaitant travailler se retrouvent sans emploi ? “Il est sûr, dit l’auteur américain Jeremy Rifkin, qui a écrit le livre La Fin du travail, que les 80 % restants vont avoir des problèmes considérables.”
[…] Les managers débattent sobrement des dosages envisageables et se demandent comment le cinquième fortuné de la population pourra occuper le reste superflu des habitants de la planète. La pression accrue de la concurrence ne permettra pas de demander aux entreprises une participation à cet effort social. D’autres instances devront donc s’occuper des sans-emploi. Les participants au colloque comptent sur un autre secteur pour donner un sens à l’existence et garantir l’intégration : le bénévolat en faveur de la collectivité, les services de proximité, la participation aux activités sportives et aux associations de toute espèce. “On pourrait valoriser ces activités en les couplant avec une rémunération modeste, ce qui aiderait des millions de citoyens à garder conscience de leur propre valeur”, estime le professeur Roy. Les patrons des groupes industriels s’attendent en tout cas à ce que l’on revoie prochainement, dans les pays industrialisés, des gens balayer les rues pour un salaire pratiquement nul, ou accepter des emplois de domestiques en contrepartie d’un logement misérable.
Il fallait bien un mot du jour conséquent après ces 4 jours de jeûne….