Michel Serres, le moraliste espiègle.

Michel Serres a été souvent cité dans les mots du jour.

Il a été très inspirant pour moi, j’aimais ses fulgurances, sa vision décalée et surtout son art de raconter et ses qualités pédagogiques.

Suite à une émission de la chaîne catholique KTO qui l’avait interviewé à l’occasion de la publication de son livre «Darwin, Bonaparte et le samaritain» et la republication de deux autres de ses livres, j’ai voulu faire une série de mots du jour autour de cette émission et de ces 3 livres.

J’ai écrit ainsi 15 mots du jour au mois de mars 2017.

Mais sur cette page je vais y ajouter trois autres.

Le dimanche 26 mai 2019, Michel Serres avait été invité à France Inter par Ali Baddou. Et comme toujours, il a été lumineux pour présenter son dernier livre : «Morales espiègles”

J’en avais fait le mot du jour du mercredi 29 mai, veille du week end prolongé de l’ascension.

Week end pendant lequel, le samedi 1er juin à 19 heures, Michel Serres a quitté la communauté des vivants.

Le lendemain de ce week end, le mot du jour portait pour exergue : « Le moraliste espiègle s’en est allé … »

Et le mercredi qui a suivi, j’ai encore donné la parole à Michel Serres qui expliquait l’origine de l’appellation «des marques» qui jouent un si grand rôle dans le commerce et l’imaginaire mondiale.

Cette page regroupe donc 18 mots du jour consacrés aux réflexions et aux inspirations de cet homme si intelligent et si attachant.

Edgar Morin au moment de son décès a publié sur twitter : «Michel Serres était un exemple rarissime de vraie culture, qui lie au lieu de dissocier culture scientifique et culture des humanités. La créativité de sa pensée associait raison et poésie. Il pensait son siècle, non d’une tour d’ivoire mais en le vivant intensément.»

1. « Les gens qui nous permettent de nous ressourcer et les gens qui nous vident de notre énergie »
Réflexions personnelles pour présenter des livres et des émissions de Michel Serres

mot du jour du lundi 27/02/2017

Pour introduire cette série, j’ai développé d’abord une pensée personnelle qui s’appuyait sur un constat.

Ce constat était que lorsque j’écoutais Michel Serres ou que je le lisais cela me faisait du bien. J’utilisais cette expression qu’il me permettait de me ressourcer, revenir à la source.

Ce qui me conduisait à analyser que dans la vie on rencontre des gens qui nous «ressourcent » et d’autres qui nous «vident »

Et que s’il était possible d’aider et de soutenir quelqu’un qui était remporairement dans un moment difficile en lui apportant du temps, de l’énergie, de l’aide, il ne me semblait pas possible de le réaliser sur un temps long de façon unilatérale.

Et que parallèlement nous avons besoin de reconnaître et d’aller vers des personnes qui nous ressourcent.

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2. « Je n’enseigne point, je raconte »
“Michel de Montaigne
Essais – Livre III – Chapitre II ”

mot du jour du mardi 28/02/2017

C’est une parole de Montaigne, mais que Michel Serres mettait merveilleusement en œuvre.

Avant d’être philosophe, il était conteur et il racontait ce qu’il avait à dire.

Mais ce second article était aussi consacré à l’art de l’interview. Car je trouvais à la journaliste de l’émission de KTO une qualité rare.

Celle de savoir mettre en valeur la personne interviewée.

Cette qualité ne me semblant pas particulièrement partagée.

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3. « Une philosophie de l’Histoire »
Michel Serres

mot du jour du mercredi 01/03/2017

Dans son entretien à KTO, Michel Serres a d’abord abordé son livre sur l’histoire :

«Darwin, Bonaparte et le samaritain»

Et pour introduire ce livre, il a d’abord expliqué la nécessité d’une philosophie de l’Histoire

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4. «Le Grand Récit »
Michel Serres

mot du jour du jeudi 02/03/2017

L’Histoire commence avec l’écriture, c’est ce qu’on nous a raconté à l’école.

Mais Michel Serres interroge cette définition.

L’homme a inventé des sciences et des techniques qui permettent de lire…avant l’invention de l’écriture.

Il passe ainsi en revue ces sciences qui permettent de raconter l’histoire de l’humanité, ce qu’il appelle le grand récit.

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5. « L’âge du monde »
Pascal Richet

mot du jour du vendredi 03/03/2017

Les réflexions de Michel Serres m’ont conduit à revenir sur un livre qui se trouve dans ma bibliothèque et que j’avais acheté lors de mes études d’Histoire : « L’âge du monde » de Pascal Richet.

Car ce n’est que récemment que nous inscrivons l’Histoire de l’Humanité dans une très longue période.

Avant c’était les textes religieux qui avaient l’ambition de dater l’Histoire qui était dans ce cas très récente.

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6. « Une nuit de Paris réparera cela. »
Napoléon, propos qui lui sont attribués après le carnage de la bataille d’Eylau (1807)

mot du jour du lundi 06/03/2017

L’Histoire que nous raconte se présente en 3 étapes.

La première correspond au grand récit.

Dans ce mot du jour, nous en sommes à la seconde étape qui est l’âge de la guerre qu’il caractérise par le personnage de Napoléon.

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7. « Le premier âge est plus long qu’on ne le croit ;
Le deuxième pire qu’on ne le pense ;
Le dernier meilleur qu’on ne le dit. »”
Michel Serres, « darwin, Bonaparte et le samaritain »

mot du jour du mardi 07/03/2017

Et la troisième étape est représenté par le personnage du bon samaritain.

Car cette troisième étape est un âge plus doux pendant laquelle la guerre est beaucoup moins prégnante.

Avec d’autres, Michel Serres raconte ce paradoxe que nous pensons le monde violent, alors que l’Histoire de l’homme n’avait jamais connu aussi peu de guerres, aussi peu de morts violentes.

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8. « La parabole du bon samaritain »
Evangile selon Luc Chapitre 10

mot du jour du mercredi 08/03/2017

A ce stade, j’ai fait un pas de côté dans la série pour évoquer un autre ouvrage lu dans ma jeunesse.

Michel Serres utilise la parabole du bon samaritain comme le symbole de l’âge doux et du “prendre soin”, ce qui constitue un absolu de notre époque actuel.

Le médecin est omni-présent et sauf quelques irréductibles, dès le moindre ennui nous allons voir un ou des médecins pour qu’ils prennent soin de nous.

Et pour tous nos proches, à la moindre inquiétude, nous conseillons : il faut aller voir le médecin.

Il y a bien longtemps maintenant j’avais acheté un livre de François Dolto qui avait pour titre, « L’Evangile au risque de la psychanalyse » et je me souviens encore de son explication de cette parabole et surtout du décalage absolu avec ce que j’avais compris des cours de religion et des différents curés qui avaient un jour parlé de cette parabole.

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9. « De la manière de négocier avec les souverains »
François de Callières (1645-1717)

mot du jour du jeudi 09/03/2017

Ce qu’il y a de remarquable avec des hommes comme Michel Serres, c’est qu’ils ouvrent votre esprit et vous font connaître d’autres esprits féconds.

Je ne connaissais pas François de Callières, mais à partir du moment où j’ai appris à le connaître grâce à la lecture des pages 124 à 127 de son ouvrage sur une Philosophie de l’Histoire, une rapide recherche sur le « côté lumineux » d’Internet montre alors que cet homme compte et a compté dans l’histoire des idées et des relations internationales.

Michel Serres présente François de Callières comme symbole du deuxième héros de l’âge doux, le négociateur (le premier étant le médecin symbolisé par le samaritain).

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10. « Steve Job a fini par reconnaître que le logo de la pomme croquée d’Apple faisait référence à la pomme empoisonnée avec laquelle Alan Türing avait mis fin à ses jours »
Michel Serres

mot du jour du vendredi 10/03/2017

Le dernier livre de Michel Serres évoqué lors de l’entretien KTO est « La légende des anges », publié en 1993 et republié le 12/10/2016.

Les anges sont porteurs de messages, de nouvelles. C’est pour cela que Michel Serres utilise ce vecteur pour « raconter » notre monde de communication et de réseaux ou des milliers de messages sont transportés chaque jour.

Michel Serres désigne 3 anges : Hermès, Gabriel et Alan Turing.

Alan Turing, ce génie des mathématiques et de l’informatique qui s’est suicidé en mangeant une pomme parce qu’il avait été condamné par la justice britannique pour la seule raison de son homosexualité.

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11. « Michel, Michel, je ne suis pas aussi intelligent que tu ne le crois ! »
Hergé à Michel Serres qui lui expliquait la profondeur philosophique des albums de Tintin (dans l’interview d’Emmanuelle Dancourt (23:55))

mot du jour du lundi 13/03/2017

Michel Serres est un grand admirateur d’Hergé, le créateur de Tintin.

Le second ouvrage évoqué, lors de l’entretien était consacré à lui.

Il a rencontré Hergé tard dans sa vie. Il l’appelle un « ami de vieillesse », par opposition à la notion plus répandue et plus connue d’ « ami de jeunesse ». « Les meilleurs amis dit-on, reste de la jeunesse ; mais avez-vous eu des amis de vieillesse ?

Quand le mot n’existe pas, doit-on douter de la chose ? »

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12. « Le fétiche rafistolé »
Objet présent dans « L’oreille cassée » 6ème album de Tintin et sur lequel Michel Serres philosophe dans l’interview d’Emmanuelle Dancourt

mot du jour du mardi 14/03/2017

Emmanuelle Dancourt, lors de l’interview de KTO avait demandé à Michel Serres d’emmener un objet

Michel Serres a répondu de manière virtuelle, c’est à dire qu’il n’avait pas un objet sur lui mais il a parlé d’un objet présent dans l’album de Tintin : « L’Oreille cassée ».

Cet objet est le fétiche arumbaya qui est au centre de cette histoire et qui va être brisé au cours de l’histoire puis réparé, rafistolé.

C’est sur ce fétiche rafistolé que Michel Serres va philosopher

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13. « La science c’est ce qu’un vieux apprend à un jeune. La technologie , c’est ce qu’un jeune apprend à un vieux. »
Michel Serres, dans l’interview de KTO

mot du jour du mercredi 15/03/2017

Emmanuelle Dancourt a aussi demandé une citation à Michel Serres.t

L’exergue est celle qu’il a donné et expliqué en quelques mots.

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14. « Il n’y a pas qu’une vérité. Il y a des milliards de vérité»
Michel Serres

mot du jour du jeudi 16/03/2017

Michel Serres prend la nuit étoilée comme le modèle de notre savoir et non la caverne de Platon.

On se rappelle que selon cette allégorie, les humains sont enfermés dans une caverne et observent, sur une paroi, des ombres bouger.

L’un d’eux s’échappe et découvre la vérité à la lumière du Soleil.

Dans cette vision, « la vérité » se trouve en plein jour, le soleil est la vérité et il n’y en a qu’une.

Pour Michel Serres, il n’y a pas « une vérité »

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15. « C’est le chemin le plus important.»
Michel Serres

mot du jour du vendredi 17/03/2017

Ce fut le 15ème mot et dernier de cette série construite sur une seule interview d’une heure, mais c’était une interview de Michel Serres.

Nous savons que ce qui est important c’est de poser les bonnes questions pas forcément de trouver les réponses.

Et c’est aussi cette vision que défend le philosophe en disant : « C’est le chemin le plus important.»

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Sur cette page j’ajoute aux 15 mots de la série, les 3 consacrés à Michel Serres au moment de son décès.

16. « Les philosophes ne proposent pas un modèle alternatif au modèle capitaliste. »
Michel Serres

mot du jour du mercredi 29/05/2019

C’était un dimanche et Ali Baddou avait invité Michel Serres.

Et encore une fois, le vieux sage m’a happé et captivé mon attention.

Je ne savais pas que c’était sa dernière interview, au moment où j’ai écrit ce mot du jour, 3 jours après l’émission.

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17. « Le moraliste espiègle s’en est allé … »
Michel Serres est décédé samedi 1er juin à 19 heures

mot du jour du lundi 03/06/2019

Après son décès, une pluie d’hommages lui a été rendu.

Pourtant il avait des détracteurs, des gens qui ne le trouvaient pas assez rigoureux. Probablement trop espiègle.

Mon hommage, en me rappelant certaines histoires et émissions, ne pouvaient qu’être élogieux et plein de reconnaissance.

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18. « Le titulaire d’une marque est un fils, en droite ligne, de ces putains alexandrines »
Michel Serres

mot du jour du mercredi 05/06/2019

Nous avons tous, notamment avec nos enfants, été confrontés à la tyrannie des marques. Il faut des chaussures de telle marque, des vêtements de telle autre sinon l’enfant est ostracisé, exclu du groupe.

Les marques permettent des marges considérables, surtout depuis que les sociétés qui les possèdent ont trouvé le filon d’aller faire fabriquer le support de leur logo dans des pays de main d’œuvre peu chère et d’un droit du travail particulièrement accommodant pour les employeurs cupides.

Mais d’où vient cette appellation de « marque ».

Michel Serres prétend que cela remonte aux prostituées d’Alexandrie…

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