Vendredi 19 décembre 2014

Vendredi 19 décembre 2014
« Mieux vaut une société où les riches ont 1000 et les pauvres 100, qu’une société où les riches ont 200 et les pauvres 50 »
Cela devient lassant de dire que les inégalités explosent dans le monde, mais un rapport de l’OCDE qui vient de paraître va plus loin en démontrant que les inégalités ne sont pas bonnes pour l’économie, en effet ce rapport publié le 09/12/2014  prétend que si on diminuait les inégalités cela doperait la croissance.
En effet «  L’effet le plus important constaté sur la croissance est provoqué par le creusement de l’écart entre, d’un côté, la classe moyenne inférieure et les ménages pauvres et, de l’autre, le reste de la société. L’éducation est la clé : c’est principalement à cause de l’investissement insuffisant des ménages pauvres dans l’éducation que les inégalités pèsent sur la croissance. »
Et Xavier Timbaut, directeur du Département analyse et prévision à l’OFCE et invité à cette émission a rappelé ce propos du philosophe libéral John Rawls qui est connu pour avoir développé la théorie de la justice qui est une théorie libérale qui justifie l’inégalité.
En la simplifiant on pourrait la développer en deux étapes :
Les inégalités sont efficaces parce que ceux qui travaillent plus, prennent plus de risques, font le plus d’efforts doivent toucher plus de revenus pour entretenir leur motivation. Sinon ces personnes qui sont les moteurs de l’économie ne produiraient pas autant d’efforts et de richesses.
La seconde  correspond au mot du jour, elle se base sur ce postulat c’est que dans une société où les riches sont beaucoup plus riches, les pauvres en profitent et sont aussi plus riches que dans une société où il y aurait des riches moins riches.
C’est ce second postulat qui est mis à mal par l’étude l’OCDE : dans la société d’aujourd’hui les pauvres ne profitent plus du fait que les riches deviennent plus riches et c’est même le contraire.
Julia Cagé, professeur d’économie à Sciences po Paris qui était aussi invité rapporte que « des études aux Etats Unis ont montré que l’augmentation des revenus des 1% les plus riches étaient directement liée à la diminution du taux marginal de l’impôt sur le revenu qui était appliqué à ces revenus. Dès lors l’Etat se prive de revenus qu’elle ne peut investir dans l’enseignement et c’est ainsi qu’on constate que dans toute une partie de la classe moyenne le nombre d’enfants qui font des études supérieures est en diminution constante. »
Xavier Timbaut a alors été encore plus explicite en élargissant le propos à la France et aux grandes écoles, c’est par le coût des études comme par la qualité des premiers niveaux que les riches évincent de plus en plus la classe moyenne des Grandes Ecoles et se retranchent derrière une méritocratie de façade pour justifier la réussite de leurs enfants et capter tous les débouchés rémunérateurs. Ce phénomène est général dans quasi  tous les pays. Cette émission nous apprend aussi que la Suède, si souvent montrée en exemple, est le pays où les inégalités ont le plus progressé ! Oui même la Suède, il est vrai qu’il partait d’un niveau très égalitaire.
Sur la page d’accueil de ce site, vous pourrez notamment lire :
« Ces éléments indiscutables montrent à quel point il est crucial de s’attaquer à l’aggravation des inégalités si l’on veut favoriser une croissance forte et pérenne, et combien il importe de placer cette question au premier plan des débats sur l’action à mener », constate Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE. « Ce sont les pays qui œuvrent à l’égalité des chances dès le plus jeune âge qui parviendront à relever le défi de la croissance et de la prospérité ».
« Le creusement des inégalités a coûté plus de 10 points de croissance au Mexique et à la Nouvelle-Zélande ces vingt dernières années, et entre 6 et 9 points aux États-Unis, à l’Italie et au Royaume-Uni. Le même phénomène s’observe en Finlande, en Norvège et en Suède, même si les niveaux d’inégalité étaient moins élevés. À l’inverse, une situation plus égalitaire a contribué à faire progresser le PIB par habitant en Espagne, en France et en Irlande avant la crise. 
Selon de nouveaux éléments mis en évidence dans ce rapport, les inégalités agissent principalement sur la croissance en limitant les possibilités d’instruction des enfants issus de milieux socioéconomiques modestes, ainsi que la mobilité sociale et le développement des compétences. 
Les résultats scolaires des personnes dont les parents ont un faible niveau d’instruction se dégradent à mesure que les inégalités de revenu sont plus prononcées. À titre de comparaison, ce n’est pratiquement pas le cas, voire pas du tout, lorsque le niveau d’instruction parental est moyen ou élevé.
Les effets des inégalités sur la croissance découlent de l’écart non pas entre les 10 % les plus pauvres de la population mais bien entre les 40 % les plus défavorisés et le reste de la société. L’OCDE estime que les programmes de lutte contre la pauvreté ne pourront, à eux seuls, résorber cet écart. Les transferts en nature et le renforcement de l’accès aux services publics, notamment à des services d’éducation, de formation et de soins de qualité, constituent un investissement social essentiel pour améliorer l’égalité des chances à long terme. »
Si c’est les économistes et plus seulement les moralistes et les gauchistes qui le disent, peut être qu’on va enfin s’occuper à réduire les inégalités !