Lundi 16 février 2015

Lundi 16 février 2015
« Renvoyer aux calendes grecques »
expression utilisée par l’empereur Auguste
selon l’historien Suétone dans son ouvrage “La vie des douze Césars”
L’expression « repousser aux calendes grecques » signifie repousser quelque chose à une date lointaine, voire qui n’existe pas
Je trouve cette expression particulièrement appropriée à la délicate question de la dette qui est aussi grecque
D’abord un peu d’érudition :
C’est sous Jules César, vers 45 avant J.C. que le calendrier romain est réorganisé pour être en accord avec les mouvements connus des astres. L’année de 365 jours et les années bissextiles datent de cette époque.
On parle du calendrier Julien. En effet, dans Jules César, c’est Jules qui est le nom patronymique.
Ce calendrier constitue la base de notre calendrier qui a cependant été légèrement modifié à l’époque du pape Grégoire XIII. En effet, il fallait corriger la dérive séculaire du calendrier julien. Le calendrier julien établi par l’astronome Sosigène insérait une journée bissextile tous les 4 ans, et attribuait donc à l’année une durée moyenne de 365,25 jours. Or, l’année tropique moyenne dure 365,24219 jours (soit environ 365 jours 5 h 48 min 45 s).
Ceci induisait un décalage d’environ 8 jours par millénaire par rapport au temps vrai. Ce décalage avait pour effet que l’équinoxe de printemps légal glissait progressivement en s’éloignant de l’équinoxe de printemps réel, et que ce dernier « remontait » donc lentement dans le calendrier. La date de Pâques, fixée au dimanche suivant la première pleine lune de printemps en fonction de l’équinoxe théorique (21 mars), dérivait lentement vers l’été, et avec elle tout le calendrier liturgique.
La réforme principale était celle du mode d’application des années bissextiles lors des années séculaires. La différence principale entre le calendrier grégorien et son ancêtre, le calendrier julien non réformé, repose dans la distribution des années bissextiles.
L’introduction du calendrier grégorien comprend aussi une deuxième réforme d’application plus délicate, le décalage grégorien qui supprima 10 jours du calendrier du 4 octobre au 15 octobre 1582. Ces 10 jours permettaient de rattraper d’un coup le retard croissant pris par l’ancien calendrier julien sur les dates des équinoxes depuis le concile de Nicée, plus de 12 siècles avant, et de retrouver la concordance entre l’équinoxe de printemps et le 21 mars calendaire.
La suppression de ces 10 jours du calendrier a conduit à un fait historique particulièrement troublant : Thérèse d’Avila meurt une nuit, mais cette nuit était justement celle qui a fait basculer du 4 octobre au 15 octobre 1582.
Adopté à partir de 1582  dans les États catholiques puis dans les pays protestants, l’usage du calendrier grégorien s’est progressivement étendu à l’ensemble du monde au début du XXe siècle.
Les deux calendriers ont ainsi coexisté dans le monde pendant un certain temps et cela encore créé deux ambigüités historiques :
William Shakespeare meurt le 23 avril 1616, le même jour que son contemporain Miguel de Cervantès. Mais ils ne sont pourtant pas morts le même jour ! L’Angleterre, réticente aux innovations du continent, vivait encore avec le calendrier Julien tandis que l’Espagne avait adopté depuis longtemps le calendrier Grégorien. <23 avril 1616>
Et la Russie en 1917 appliquait encore le calendrier Julien. La révolution d’Octobre de 1917 était située dans le référentiel du calendrier Julien,  car selon le calendrier grégorien cette révolution s’est déroulée en novembre. La Russie révolutionnaire adopte le calendrier grégorien en 1918. L’Église orthodoxe russe, quant à elle, n’a jamais accepté ce calendrier imposé par le gouvernement athée.
Si vous voulez en savoir plus sur le calendrier grégorien : http://fr.wikipedia.org/wiki/Calendrier_grégorien
Et si vous voulez en savoir davantage sur le passage de l’un à l’autre : http://fr.wikipedia.org/wiki/Passage_du_calendrier_julien_au_calendrier_grégorien
On revient aux calendes grecques :
Dans le calendrier romain, les calendes désignaient le premier jour de chaque mois, jour pendant lequel les débiteurs devaient payer leurs dettes. Mais les Grecs, n’utilisaient pas, au temps de l’empereur Auguste, le terme de calendes.
L’expression d’Auguste se comprend donc comme renvoyer à une date qui n’existe pas.
Nous avons aussi l’expression renvoyer à la Saint Glinglin qui n’existe pas davantage ou quand les poules auront des dents…
Pour revenir à la dette grecque, qui constitue un problème très complexe, vous pouvez écouter la seconde partie de l’émission l’Esprit Public du 15/02 où différentes thèses s’affrontent : <Esprit Public du 15-02-2015>