Mercredi 25/01/2017

Mercredi 25/01/2017
« Trickle down Economic »
La théorie du ruissellement
Croyance économique qui justifie qu’on avantage les riches pour le plus grand profit des pauvres
Nous sommes dans une théorie économique qui est répétée à satiété par tous les économistes libéraux et les responsables politiques qui écoutent ces économistes.
Il faut diminuer les impôts des plus riches et libérer les contraintes qui pèsent sur eux pour qu’ils puissent devenir plus riche et que par un système de ruissellement cette richesse irrigue le reste de la société jusqu’au plus modeste qui profiteront alors de cette manne.
La richesse est dans cette hypothèse une source qui se divise en multiples petites rigoles et ruisselle jusqu’en bas, permettant à tous de profiter de la richesse créée en haut, y compris les plus pauvres. C’est une théorie libérale qui prétend que plus les riches sont riches, moins les pauvres sont pauvres.
C’est sur cette théorie que Donald Trump s’appuie pour défendre sa politique de diminution des impôts des riches et aussi la politique de dérégulation.
C’est aussi l’argument essentiel de François Fillon qui veut diminuer la pression fiscale à l’égard des hauts revenus et encourager les riches à être plus riche.
Et c’est Marie Viennot qui dans son billet économique du 9 janvier 2017 fait le point des études économiques sur cette théorie :
« Difficile de trouver des études qui valident la théorie du ruissellement. La période Reagan est une belle période pour étudier ce phénomène, mais comme, en plus des baisses d’impôts sur les plus riches, il y a eu une augmentation massive de la dépense publique, et la baisse vertigineuse des taux directeurs de la Fed, difficile d’isoler le seul facteur de baisse d’impôts des plus riches.
Des chercheurs de Harvard ont étudié en 2009 la corrélation entre la baisse d’impôt pour les plus riches et la croissance dans 12 pays, dont la France entre 1905 et 2000… Avant 1960, il n’y a aucun lien selon eux, et après, ils trouvent un lien, mais il faut attendre 13 ans, avant que les 90% du dessous profitent du surplus de croissance liée à la baisse des taxes. Le ruissellement prendrait donc 13 ans, Mais si dans les 13 ans, il y a une crise ou une dépression, là c’est perdu nous explique cette étude.
Autre analyse qui dément la théorie du ruissellement, celle que l’OCDE a publié cet automne sur les 35 pays les plus développés de la planète. L’étude montre que les inégalités de revenu sont à des niveaux historiques, depuis 30 ans que les données existent, et plus intéressant encore, que la légère reprise de croissance de ces 3 dernières années profite plus aux ménages les plus aisés…
Les 10% les plus riches ont vu leurs revenus augmenter de 2.3% et les moins aisés de 1,1%. C’est moins vrai en France, note l’OCDE car les impôts des plus riches ont été augmentés, et les prestations sociales revalorisées, mais la tendance est la même. Les inégalités augmentent, et la croissance accroît ces inégalités.
Si on regarde sur une plus longue période, en 30 ans les 1% les plus riches ont captés 50% de la création de richesse aux USA, 20% en Grande Bretagne, et 10% en France, selon des chiffres communiqués par l’OCDE.
Le FMI partage le constat de l’OCDE. Comme l’OCDE, on ne peut pas soupçonner le FMI d’avoir un agenda marxiste caché. Dans un rapport en 2015, le FMI l’écrit noir sur blanc: quand les riches sont plus riches, les bénéfices ne ruissellent pas et la croissance est moindre que si on favorise les pauvres et les classes moyennes.
Pourquoi la croissance ruisselle moins ?
De fait, les riches ont une propension plus forte à épargner, et certains ont tendance à placer cette épargne dans des paradis fiscaux pour la soustraire au fisc, à la redistribution… et donc au ruissellement.
L’autre explication, c’est que la reprise créée des emplois de mauvaise qualité, et s’accompagne d’une modération salariale généralisée. […]
Depuis quelques années, le FMI, le Bureau International du Travail et l’OCDE cherchent à pousser le concept d’INCLUSIVE GROWTH, croissance inclusive qui prône la création d’emploi de bonne qualité et bien payés, met l’accent sur la formation, l’éducation, et les politiques de redistribution des revenus.
Le sujet a été abordé pour la première fois par le G20, les pays les plus puissants de la planète cet été. C’était directement lié au Brexit. Il n’y a pas encore d’étude pour dire combien de temps cette idée mettra à ruisseler à contre-courant de l’apesanteur jusqu’en haut pour se traduire dans les politiques économiques et devenir une réalité. »
Mais tout le monde n’est pas d’accord avec ces études et si vous souhaitez entendre la parole de la défense écoutez l’économiste libérale Agnès Verdier-Molinié chez Ruquier le 14/01/2017 : https://www.youtube.com/watch?v=EEPuWrYKYmA
A vous de voir si elle vous convainc…
Ce n’est pas mon cas, j’estime qu’elle est dans le domaine de la croyance et que les études contredisent cette croyance.
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