Jeudi 2 Juillet 2015

Jeudi 2 Juillet 2015
«Si nos villes ne s’adaptent pas au réchauffement climatique, elles exploseront»
Gilles Antier
Géographe–urbaniste
Nous vivons une nouvelle  canicule : 39 degrés prévus à Paris, 35 à Strasbourg, 37 à Lille… Au total, 40 départements sont placés en vigilance orange pour le plan canicule.
Gilles Antier parle d’une urgence d’adapter nos grandes métropoles au réchauffement climatique. Il est l’auteur de “Comment vivrons-nous demain en ville ?(éditions Le Pommier, 2015).
Il écrit : «Le dérèglement climatique va rendre de plus en plus flou le contraste entre villes du Nord et du Sud quant aux risques […]
 
On constate des effets accentués d’îlots de chaleur urbains, plus denses, moins aérés, et dont la température reste bien plus élevée la nuit qu’en périphérie de la ville. Cela implique de leur opposer des “coupures froides” (espaces verts, toits et murs verdis..). Tout simplement parce que les zones vertes sont 2 à 8 degrés plus fraîches que le reste de la ville. L’eau fraîche des bassins, lacs et  rivières constitue l’autre élément fort, et la combinaison des deux en une “trame verte et bleue” peut avoir des effets très positifs.
Berlin a ainsi eu le mérite d’élaborer depuis dix ans un programme à l’échelle de tout son Land, avec un réseau en forme de croix le long des rivières et une double ceinture d’espaces verts et naturels. Le tout favorise une circulation des courants froids au-dessus de la ville qui brasse l’air pollué et réduit les effets de chaleur. Mais cette initiative reste hélas encore bien rare dans le monde des grandes villes mondiales. […]
Non seulement les risques naturels sont donc accrus par le dérèglement climatique, mais leur impact est démultiplié par la croissance des villes, par leur densification et leur étalement. Voilà donc la “résilience urbaine”, pour aller au-delà de la seule prévention des risques. Car les perturbations pouvant affecter une ville peuvent être une opportunité pour un développement urbain plus durable. […]
Dans la même logique, des “plans climat territoriaux” font aussi leur apparition en Amérique du Nord, aux Pays-Bas ou en France, où ils deviennent obligatoires pour les collectivités de plus de 50.000 habitants. Objectif : adapter un territoire urbain au changement climatique, en le rendant, là aussi, le plus résilient possible au bénéfice des habitants et des activités économiques. Ainsi le “plan action climat” de la région capitale de Washington se concentre-t-il sur l’énergie (efficacité, alternatives renouvelables), les ressources (recyclage, trame verte) et le cercle vertueux entre transports et ville compacte.
Bref, nos grandes métropoles sont à la veille de péter les plombs, mais les exemples qui précèdent témoignent au moins d’une certaine prise de conscience. »
Les villes françaises se dotent désormais d’un plan climat
Le dernier numéro de Sciences et avenir est entièrement consacré au réchauffement climatique.