Vendredi 30 octobre 2020

«Ils parlent une langue que je ne comprends pas, pourtant c’est la même que moi.»
Parole de la chanson « l’autre rive » chantée par les facteurs chevaux

Sommes-nous condamnés à parler un jour de pandémie et le lendemain du terrorisme ?

Et quand ça va vraiment mal, faut-il parler des deux…

Heureusement, qu’il nous reste la culture et l’Art.

La culture dont nous avons tant besoin et qui souffre aujourd’hui de la situation créée par la pandémie.

La culture qui si l’on croit les annonces gouvernementales, n’est pas essentielle, puisque les salles de spectacles sont fermées.

Je ne connaissais pas Fabien Guidollet et Sammy Decoster qui ont fondé ensemble un duo qu’ils ont appelés « Facteurs chevaux. »

J’écoutais une émission de France Culture, « la Grande Table », l’invité était Fabrice Lucchini.

Et puis la journaliste Olivia Gesbert a brusquement annoncé : « Nous allons écouter une chanson »

Ce fut un moment sublime.

Et elle dévoila qu’il s’agissait de la chanson <L’autre rive> que les facteurs chevaux interprétaient et qui faisait partie de leur dernier album « Chante-nuit» paru en juin 2020, juste après le premier confinement.

Alors j’ai voulu en savoir un peu plus.

Ce site : https://www.detoursdechant.com/concerts/facteurs-chevaux/ les présente de manière subtile.

« Pénétrer dans l’univers des Facteurs Chevaux risque d’ouvrir une brèche spatio-temporelle dans votre quotidien, sans certitude de retour à la normale. […]

Suivre les Facteurs Chevaux, c’est accepter d’oublier le dernier métro et le café du lundi matin pour se propulser dans la pureté du son de la voix et du bois. C’est se laisser charmer par le murmure de l’un, le baryton de l’autre, s’ouvrir aux mots qui refusent toute temporalité et naviguer à vue dans un espace pétri de mysticisme, de légendes et de réflexions empiriques. […]

Ebloui, sonné, interloqué ou enchanté… chacun réagira à sa manière selon son pouvoir d’émerveillement et sa dose de nihilisme. Mais vous l’aurez compris le voyage auquel nous convie ce disque – gravé dans le vinyle de notre époque – est hors des cartes routières et c’est pour cela que son souvenir ne peut que s’imprimer de manière indélébile dans les méandres de ceux qui iront jusqu’au bout du chemin.»

Il me semble que c’est assez juste.

Leur premier album « La Maison sous les eaux » paru en 2016 avait été présenté par les Inrockuptibles de cette manière :

« Superbe premier album d’un duo français buissonnier, pratiquant un folk singulier.

D’abord il y a ce nom, Facteurs Chevaux, qui met la puce à l’oreille autant que l’eau à la bouche. Une telle référence oblique au facteur Cheval, fameux représentant de l’art brut admiré par les surréalistes, ne peut émaner que de gens aimant prendre la clé des champs et gambader allègrement sur les sentiers buissonniers. […]

Après avoir travaillé ensemble sur les disques de Verone, les deux gaillards se lancent avec Facteurs Chevaux dans une nouvelle aventure 100 % nature. Conçues dans un village du massif de la Chartreuse, avec deux guitares acoustiques, une autoharpe et deux voix, les huit chansons réunies sur leur premier album, La Maison sous les eaux, semblent jaillir, vives et claires, comme l’eau d’une source. Évoquant les comptines d’un folklore perdu ou inconnu, ces chansons mêlent des textes teintés d’une douce étrangeté à des musiques d’une fervente sobriété. A la fois spontané et raffiné, élégant et divagant, l’ensemble distille un parfum aussi subtil que pénétrant. »

<3C> est une société de production bordelaises de spectacles et tournées. Je pense qu’elle doit être, comme d’autres, en grande difficulté en ce moment. Elle présente le nouveau disque « Chante-nuit ».

« C’est dans un village du massif de la Chartreuse que Sammy Decoster et Fabien Guidollet façonnent leurs chansons épurées : une guitare et des harmonies vocales pour des textes-contes en français qui convient les esprits de la forêt ou les légendes des montagnes. A l’instar de l’illustre Facteur Cheval, Sammy et Fabien se font maçons d’édifices fragiles, triturent une glaise musicale faite d’argile harmonieuse pour en faire un palais idéal.

On avait laissé Fabien Guidollet et Sammy Decoster sur la branche de l’arbre où leur magnifique premier album La Maison sous les Eaux les avait assis en 2016 : duo acoustique aux harmonies vocales entêtantes parcourant les sous-bois d’une France rurale, largement ignorée par le milieu des musiques actuelles.

Le soleil s’est couché derrière le château et a laissé la place à une nuit peuplée de créatures fantastiques tandis que Facteurs Chevaux semblent s’être réconciliés avec l’humain, auquel ils concèdent une certaine empathie, quand il veut bien se donner la peine (comme eux) de regarder vers le haut.

Et de fait leur nouvel album, Chante-Nuit, est empreint tout au long de ses neuf titres d’une soif d’apesanteur, fuyant l’immobilisme, la boue et les rancœurs, pour mettre en valeur l’imagination, la danse et finalement susciter l’espoir. »

Les paroles de cette chanson « L’autre rive » sont les suivantes :

Oh ton cœur est si léger-beau qu’il ne prend pas racine dans un pot
oh ton coeur est si léger-beau qu’il ne prend pas racine dans un pot
c’est pourquoi tu trépignes au milieu des autres
ils parlent une langue que je ne comprends pas
pourtant c’est la même que moi
je suis le frère d’une autre rive
et je flotte à la dérive
je te rejoindrai ma fille à mille lieues de là
oh tu t’es envolée là-haut
moi je reste étrange et sot
étourdi détrempé d’eau

J’ai choisi, comme exergue, la phrase « ils parlent une langue que je ne comprends pas, pourtant c’est la même que moi. » parce qu’elle correspond à ce que je ressens.

Je ne comprends pas de quoi, ils parlent.

Evoquent-ils la mort ?

Je ne le sais pas.

Mais je sens que c’est très beau. <L’autre rive>

J’ai acheté l’album.

Il existe aussi <Cette vidéo>

Et si vous aimez cela, une autre chanson : <Facteurs Chevaux – Firmament>

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