Mardi 27 Janvier 2015

Mardi 27 Janvier 2015
« Mais le poids des mots est très très important.
Ne nous ramenez pas uniquement à [la religion] »
Najoua Arduini-Elatfani
Najoua Arduini-Elatfani est une française lumineuse.
Elle est de confession musulmane, mais elle est d’abord française.
Elle était sur le plateau l’émission des paroles et des actes du 22 janvier parce qu’elle est présidente du Club du XXIe siècle. Son père était ouvrier sa mère au foyer, elle a réussi après des classes préparatoires à intégrer une grande école et elle a désormais un emploi d’ingénieur à Vinci.
Elle a fait une intervention remarquable et à la fin de ce moment elle est revenue sur un propos de Pujadas qui le 13 janvier dernier, en lançant un reportage au journal de 20h de France 2 a présenté une victime d’acte islamophobe comme « musulman marié à une Française».
La formule de Pujadas, confondait allègrement religion et nationalité.
Un internaute a commenté :  Ça veut dire que Pujadas pense que le monsieur vient de Musulmanie ?
Najoua Arduini-Elatfani a expliqué : « Quand j’entends au journal de 20h qu’on nous prend en exemple et qu’on nous dit que c’est un musulman marié à une Française, c’est dramatique monsieur Pujadas. Ce n’est pas un musulman marié à une Française, c’est un Français musulman marié à une Française qui n’est peut-être pas musulmane ou qui est peut-être catholique. Mais le poids des mots est très très important. Ne nous ramenez pas uniquement à [la religion] »
« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du Monde» disait Albert Camus.
« un musulman marié à une Française»
Cela signifie énormément dans l’inconscient de celui qui décrit la situation de cette manière : D’abord le musulman il n’est pas tout à fait français, ensuite une française est chrétienne.
Cela nous rappellera cet extravagant et choquant propos de Raymond Barre, Premier Ministre à l’époque des faits, après l’attentat le 3 octobre 1980, rue Copernic près de la synagogue située dans cette rue : « Cet attentat odieux qui voulait frapper les Israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic». <Ici l’extrait de l’interview de TF1 mis en ligne par l’INA>
Là aussi Raymond Barre confondait une appartenance religieuse et une nationalité. Il y ajoutait une distinction odieuse entre “des français innocents” et des “Israélites” qui par voie de conséquence donc ne l’était pas.
Rappelons que ce 27 janvier, il y a 70 ans, l’armée rouge libérait le camp d’Auschwitz > <70 ans libération du camp d’Auschwitz histoire photos>
La France reste pleine d’espoir quand on donne la parole à des françaises et des français comme Najoua Arduini-Elatfani.