Lundi 26 Janvier 2015

Lundi 26 Janvier 2015
« Enfin, les difficultés commencent ! »
Alexandre Bracke-Desrousseaux
Citation un temps attribué à Léon Blum lors de l’arrivée au pouvoir du Front Populaire, mais les Historiens ont fait leur travail et si la citation a bien été prononcée lors de l’arrivée au pouvoir du Front Populaire, son auteur est un député socialiste du Nord, Alexandre Bracke-Desrousseaux (1861-1955), éphémère maire de Lille.
Cette citation salue, bien sûr, la victoire de SYRIZA en Grèce. En France la victoire du parti anti austérité grec fait presque l’unanimité, du Front de Gauche au Font National en passant par le mini parti de Dupont Aignan et jusqu’à de nombreux membres du Parti Socialiste, du moins ceux qui s’expriment. Remarquons cependant que Moscovici, PS désormais commissaire européen est allé récemment en Grèce pour, à peu de choses près, appeler à voter conservateur.
En Allemagne, il semblerait aussi qu’il fait la quasi-unanimité, mais cette fois contre :
Le porte-parole pour les affaires étrangères du groupe parlementaire allemand CDU/ CSU, Philipp Missfelder, a déclaré que l’Allemagne est préoccupée par la montée des mouvements populistes en Europe, qui sont « très mauvais pour l’Europe et pour l’euro ». « Ce mouvement de protestation n’est pas une surprise. Les gens ne sont pas contents avec les mesures d’austérité, pas seulement en Grèce mais aussi dans des pays comme l’Italie. Mais Syriza ne doit pas attendre de l’Allemagne une renégociation des programmes. Ils doivent respecter ce que l’ancien gouvernement a promis »
Le président de la Banque centrale allemande, Jens Weidmann, a réagi très rapidement à la victoire attendue de Syriza. Il a appelé la Grèce à respecter ses engagements. « J’espère que le nouveau gouvernement ne fera pas des promesses que le pays ne peut se permettre » a-t-il déclaré […] estimant que l’administration, les finances publiques et l’économie avaient besoin de réformes. « J’espère que le nouveau gouvernement ne remettra pas en question ce qui a déjà été réalisé », a-t-il conclu. Le SPD semble sur la même longueur d’ondes.
Il y a bien le Parti “Die Linke” qui se réjouit de cette figure, j’ai l’impression que c’est le seul en Allemagne.
Oui les difficultés commencent !
La principale étant de ne pas avoir réglé immédiatement cette crise à ses débuts, les tergiversations conduisant à un coût de plus en plus élevé pour les contribuables européens.
Maintenant que va pouvoir faire SYRIZA, alors que toutes les puissances financières vont s’efforcer de le bloquer ou même de le piéger ?
<Lire aussi cette analyse décapante et très anti-allemande d’Emmanuel Todd > où il dit notamment : « l’Europe n’est plus le monde d’une démocratie libérale égalitaire. L’Europe prend la forme d’un empire avec en son cœur une démocratie ethnique. Les peuples européens ne sont plus tous égaux. Il y a une démocratie qui fonctionne : l’Allemagne avec Merkel qui est soutenue par sa population, de manière un peu particulière parce qu’elle pratique l’union de la gauche et de la droite. Les règles démocratiques ne s’appliquent plus aux peuples dominés de la périphérie. Les mécanismes démocratiques fonctionnent en interne dans le pays dominant mais les règles démocratiques, le droit de vote par exemple, ne s’appliquent plus vraiment aux peuples dominés de la périphérie. […]
je pense qu’on est dans le registre de la perversité : la politique austéritaire assure la domination de l’Allemagne créditrice et la soumission des peuples périphériques débiteurs. »
Je ne dis pas que Todd a raison mais il se situe dans des domaines Anthropologique et Historique qui me semblent plus féconds que la seule analyse des économistes dont la capacité d’anticipation et de prévision est proche du néant, selon notre expérience récente.