Jeudi 22 Janvier 2015

Jeudi 22 Janvier 2015
«Les écoles […] doivent rester l’asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas.»
Jean Zay, Circulaire du Ministre de l’Éducation nationale du 31 décembre 1936
Le président de la République a cité, dans <ses vœux au Monde éducatif> du 21 janvier 2015, cette phrase de Jean Zay, le Ministre de l’Education Nationale du gouvernement du Front Populaire de Léon Blum
A l’époque, d’autres forces totalitaires étaient à l’œuvre, Hitler, Mussolini et Staline étaient au pouvoir, la guerre d’Espagne faisait rage, des ligues d’extrême droite étaient actives en France. Et Jean Zay a rédigé une circulaire sur l’interdiction des propagandes politiques et confessionnelles dans les établissements scolaires qui se terminait par ces mots :
«Tout a été fait dans ces dernières années pour mettre à la portée de ceux qui s’en montrent dignes les moyens de s’élever intellectuellement. Il convient qu’une expérience d’un si puissant intérêt social se développe dans la sérénité. Ceux qui voudraient la troubler n’ont pas leur place dans les écoles qui doivent rester l’asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas. »
Jean Zay était un immense serviteur de l’Etat. Lorsque la guerre éclata il devint un héros et mourut assassiné à 40 ans par les fascistes de la Milice française.
Né le 6 août 1904 à Orléans dans le Loiret, il est un brillant élève boursier au lycée Pothier de la ville, puis un étudiant en droit, passionné de littérature et de journalisme. Il devient avocat en 1928, puis est élu député radical du Loiret en 1932.
Réélu en 1936, il devient Ministre de l’Education nationale et des Beaux-Arts de 1936 à 1939. Il reste à son poste sous les divers gouvernements du Front Populaire qui se succèdent jusqu’à sa démission le 2 septembre 1939 afin de rejoindre l’armée combattante.
Il a mis une grande volonté à démocratiser et moderniser le système scolaire français.
Nous lui devons de nombreuses réformes dans le domaine de l’éducation notamment l’unification du primaire, de nouvelles instructions pédagogiques qui invitaient déjà aux méthodes actives, l’obligation scolaire à 14 ans, l’accès aux bourses, les premiers pas des services d’orientation, l’amélioration de la formation des enseignants et le développement de la recherche pédagogique, le développement de l’éducation physique, le développement des classes transplantées…
Dans ses attributions figurait également la culture française. Dans ce domaine, il ne resta pas non plus inactif : il crée le Musée de l’Homme, le Musée d’Art Moderne, il réorganise les théâtres nationaux, développe la lecture publique et est à l’origine du CNRS. Il encourage par ailleurs le principe des bibliothèques mobiles (les bibliobus) et propose également la création du Festival de Cannes.
Engagé volontaire en 1939, il s’embarque sur le Massilia en juin 1940 avec les parlementaires opposés à l’armistice pour rejoindre l’Afrique du Nord. En octobre 1940, Vichy le condamne pour désertion en présence de l’ennemi, à la déportation à vie et à la dégradation militaire. Sa peine est commuée en internement et il est incarcéré à Riom.
C’est dans sa prison qu’il est enlevé le 20 juin 1944 par des miliciens français déguisés en résistants. Ces derniers l’abattront à Molles, dans l’Allier, puis le jetteront dans un puits. Il avait 40 ans. Son corps ne sera retrouvé qu’en 1946.
Étant juif par son père, protestant par sa mère, franc-maçon et radical de gauche… Il suscitait la haine de la part des nazis et miliciens en raison de ses convictions et de son combat contre le nazisme
Trouverons-nous parmi les hommes politiques d’aujourd’hui un homme de la qualité et du dévouement de Jean Zay ?