Mardi 29 septembre 2020

«Un baiser d’amour pour mourir ? Je veux bien cela…
Violette, une grand-mère de 92 ans qui veut que ses petit-enfants l’embrassent et la touchent malgré la COVID 19

Beaucoup de questions se posent sur cette pandémie qui envahit notre espace, nos vies nos relations.

Michelle a posé beaucoup d’interrogations dans un commentaire au mot du jour d’hier.

Nous constatons qu’il y a des contradictions entre les scientifiques, mais cela nous savons que c’est normal. D’autres interrogations se portent sur certaines incohérences dans les décisions et la stratégie des pouvoirs publics.

Poser des questions est toujours une bonne démarche. Poser les bonnes questions constitue une quête.

J’ai aussi beaucoup de questions, mais j’ai si peu de réponses. Je ne sais pas, telle est la vérité

Mais il y a quand même une question pour laquelle j’ai l’intuition d’un début de réponse.

André Comte-Sponville, depuis plusieurs mois maintenant, alerte sur ce qu’il considère comme une erreur, celle de faire de la santé une valeur suprême :

« La santé n’est pas une valeur du tout, c’est un bien ! »

Et il continue

« Et si on la considère comme une valeur suprême nous avons tendance à tout déléguer à la médecine. Déléguer non seulement la gestion de nos maladies, ce qui est normal, mais aussi la gestion de nos vies et de notre société »

Il dit cela par exemple dans cette <vidéo> de deux minutes où il explique aussi la différence entre la générosité et la solidarité.

Et dans <celle-ci> il parle de Montaigne, il vient de publier un livre sur ce philosophe « Dictionnaire amoureux de Montaigne ».

En citant Montaigne, il parle de la COVID19 et appelle à ne pas continuer à nous laisser dominer par la peur :

« Ce dont j’ai le plus peur, c’est de la peur »

Et il ajoute que c’est une formule qu’il s’est souvent répété ces jours-ci.

Alors, il précise bien qu’il porte le masque et respecte les gestes barrières, mais il y a une sorte d’excès qu’il dénonce.

Elie Semoun n’est pas philosophe, mais humoriste.

Il vient de perdre son père qui est mort en Ehpad, dans le 8ème arrondissement de Lyon, pas loin de mon domicile.

Et il n’est pas content : « Le confinement a tué mon père » :

« La lecture des nouvelles mesures me met en colère, écrit l’acteur sur son compte Instagram. Il est très douloureux pour moi de l’écrire, mais le confinement a tué mon père. »

[…] Mais je dois rendre publique que l’arrêt obligatoire de nos visites à son Ehpad durant deux mois a accéléré son déclin déjà fragilisé par Alzheimer.

C’est quasi criminel d’empêcher nos anciens d’être entouré de l’amour de leurs proches. Parce qu’un Je t’aime, un baiser, un geste, valent mieux que la solitude dans laquelle nous plonge la peur de ce virus. »

Dans le même article, le journaliste donne aussi la parole à Nicolas et Victoria les enfants de Guy Bedos. Victoria dit :

« J’en veux [au] coronavirus, [au] confinement qui nous a éloignés de toi avec Nicolas. Pendant deux mois, on n’a pas pu te voir par peur de te tuer en t’embrassant. Et on t’a tué en ne venant pas t’embrasser, finalement. Tu as cessé de manger, de marcher, de lutter. À quoi bon puisque mes enfants ne m’aiment plus ? »

Nous t’avons tué en ne venant pas t’embrasser !

Et je veux partager avec vous <cette vidéo> dans laquelle une psychothérapeute raconte sa rencontre par le canal numérique avec une vieille grand-mère de 92 ans qu’elle appelle Violette.

Cette psychothérapeute, Gislaine Duboc, qui annonce aussi d’autres compétences plus spirituelles, a donc reçu en consultation la vieille Dame parce que cette dernière voulait qu’elle joue le rôle de médiatrice ou même qu’elle tranche le différend qui existait entre elle et ses petits-enfants.

Les enfants et les petits enfants venaient voir régulièrement Violette, ils étaient masqués, ne s’approchaient pas d’elle et par voie de conséquence ne la touchait pas, ce que Violette trouvait insupportable. Les petits enfants lui rétorquaient qu’il leur était impossible de risquer de lui apporter la mort, et que si tel était le cas il porterait cette culpabilité pour le restant de leurs jours.

Dans ces conditions la grand-mère ne voulait plus les voir, ce que les petits enfants trouvaient très injustes, car ils aimaient venir voir leur grand-mère.

Violette a demandé à Gislaine Duboc de trouver les mots pour convaincre ses petits-enfants de se ranger à ses arguments. Gislaine Duboc qui dit comprendre la position des deux, se dit incapable de jouer ce rôle mais elle demande à Violette de dire avec ses mots ce qu’elle désire. Et Violette parle :

« Je n’ai pas peur [de la mort]. Je sens que c’est la fin. Vous savez je suis à la fin de l’hiver, je le sens. Mes jours, mes mois ne seront pas très longs. Je vais avoir 92 ans, pour moi je suis à la fin de ma vie. Et c’est bien comme cela.

Mais je ne veux pas être privée des baisers. Je ne veux pas être privée des bras de mes enfants et de mes petit-enfants.

Je suis quelqu’un qui les touche depuis toujours […] Je caresse toujours […] j’ai besoin de toucher.

Et là depuis des semaines, j’ai l’impression de rentrer dans un froid incroyable.

Alors si je dois mourir dans le froid ça, ça ne va pas. Que j’aille vers le froid d’accord, mais pas mourir de froid.[…]

Comprenez bien, la mort elle vient par où elle veut. Tout est messager pour la faire venir. Eh bien, moi si c’est l’amour de mes enfants qui m’amène la mort, un baiser d’amour pour mourir, je veux bien cela. »

« Un baiser d’amour pour mourir ? je veux bien cela ! ». En quelques mots l’essentiel est dit.

Il y a un temps où ce qui compte c’est la qualité, la chaleur du lien et de la vie et non pas la quantité froide d’une vie dont on aurait extrait la substance.

Il faut regarder la vidéo c’est beaucoup plus émouvant que ce que je peux raconter.

Merci Violette pour cette leçon de vie dont la mort fait partie.

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2 réflexions au sujet de « Mardi 29 septembre 2020 »

  • 29 septembre 2020 à 9 h 01 min
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    Il me semble qu’on isole les personnes en Ehpad non pas principalement pour les protéger elles mêmes mais pour protéger la collectivité qui les entoure.
    Il y a de l’égoïsme à imposer certains comportements à titre individuel en ne tenant aucun compte de la santé des autres, je ne respecte pas cette attitude

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    • 29 septembre 2020 à 9 h 32 min
      Permalink

      Yvonne n’est pas en Ehpad selon ce que j’ai compris.
      Mais plus généralement il y a question de hiérarchie de valeur et de savoir ce qui est le plus important dans la vie et plus encore dans l’accompagnement du départ de la communauté des vivants.

      Répondre

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