Lundi 17 novembre 2014

Lundi 17 novembre 2014
« La conjuration des imbéciles »
John Kennedy Toole
L’hebdomadaire “Marianne” a, pour décrire certaines “faiblesses récentes” d’hommes de pouvoir en France, utilisé pour titre “La conjuration des crétins”
Le serviteur de l’Etat que je suis ne saurait approuver l’outrance des propos de ce magazine habitué aux provocations.
Mais ce titre fait référence à un livre que m’avait fait découvrir, dans les années 90, mon ami Albert et je l’en remercie encore aujourd’hui, car je n’ai jamais autant ri en lisant un livre.
Et pourtant ce livre est un livre maudit pour son auteur.
En effet, la Conjuration des imbéciles (titre original : A Confederacy of Dunces) est un roman humoristique de John Kennedy Toole, non publié de son vivant. Le titre est une référence à une citation de Jonathan Swift, mise en épigraphe : « Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on le peut reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui. »
C’est précisément la déprime et l’épuisement provoqués par l’impossibilité de faire publier son livre, rejeté par plusieurs éditeurs américains, qui poussent Toole à se suicider en 1969, à l’âge de 31 ans.
Mais grâce aux efforts inlassables de la mère de Toole et de l’écrivain Walker Percy, à qui elle l’avait fait lire, le livre a été finalement publié en 1980 par la Louisiana State University Press.
« …Le plus drôle dans cette histoire, pour peu qu’on goûte l’humour noir, c’est qu’aussitôt publié, le roman a connu un immense succès aux États-Unis et s’est vu couronné en 1981 par le prestigieux prix Pulitzer. Une façon pour les Américains de démentir à retardement le pied de nez posthume que leur adressait l’écrivain… ».
Le roman est aujourd’hui salué comme un des plus grands classiques de la littérature humoristique américaine, et comme un des romans importants de ce qu’on appelle la « littérature du Sud », c’est-à-dire la littérature portant sur les États du Sud des États-Unis ou écrits par des auteurs originaires de ceux-ci.
La Conjuration des imbéciles a été vendue à plus de 1,5 million d’exemplaires et traduite en dix-huit langues. De nombreuses tentatives d’adaptation au théâtre ou au cinéma, frappées de la même malédiction que les tentatives malheureuses de Toole pour publier son ouvrage, ont avorté ou connu un succès limité.
L’histoire se situe aux États-Unis, à La Nouvelle-Orléans (Louisiane), au début des années 1963. Le personnage principal est Ignatius J. Reilly, un étudiant en littérature médiévale, remarquablement érudit et d’une intelligence qui confine au génie paranoïaque, mais vivant en vrai pacha chez sa mère arthritique et alcoolique. Ignatius, qui s’exprime pour son créateur, abhorre son époque. Il semble obstinément mais passionnément en décalage constant avec ses contemporains qu’il méprise férocement.
Et tous les archétypes de l’Amérique contemporaine y passent : les marlous, les beatniks, les rockers, le flic, les vieux chrétiens fondamentalistes, la voisine acariâtre, l’activiste anarcho-névrosée, les vendeurs de hot-dogs, etc.
Hypocondriaque et sans cesse tourmenté par son anneau pylorique qui se ferme à la moindre contrariété, Ignatius J. Reilly est un personnage littéralement odieux et égocentré dont les convictions réactionnaires s’expriment de différentes manières.
Marchant, ou plutôt tanguant dans les pas des auteurs anciens (Platon, Diogène, Boèce) et des grands théologiens du XIIIe siècle (la philosophie scolastique), Ignatius rêve d’un monde libéré des « dégénérés et semi-mongoliens » qui le peuplent. En auteur martyr de la décadence d’une humanité « privée de géométrie et de théologie », Ignatius se consacre, en autobiographe, à couvrir des cahiers « Big Chief (en) » de sa vision du monde.
Alors que sa mère est contrainte de rembourser les dégâts qu’elle a infligés au volant de sa voiture, Ignatius se trouve forcé de chercher un emploi pour la première fois de sa vie. Il tâchera lors de cette inévitable confrontation avec la réalité de rendre la société conforme à sa conception du monde
(J’ai tiré ces précisions de Wikipedia qui pour la part dont je me souviens est parfaitement conforme)
Et si on essayait la conjuration de l’intelligence ?