Mardi 21 octobre 2014

Mardi 21 octobre 2014
«My government is pro-business»
Manuel Vals
C’est devenu son idée fixe. Manuel Valls veut déclarer sa flamme à l’entreprise dans toutes les langues. Après son «Moi, j’aime l’entreprise» ovationné par les dirigeants d’entreprise français à l’université d’Été du Medef en août et son «Ich liebe die Unternehmen» en allemand devant la Fédération de l’industrie fin septembre, le premier ministre français a cru bon de réitérer l’exercice en anglais, cette fois-ci à la City.
Pro business oui, bien sûr, si le business crée des emplois et va dans le sens du progrès.
Mais de quel business parle-t-on ?
Pour en savoir plus j’ai écouté” L’économie en question du 11 octobre 2014″, une émission de France Culture qui invite des économistes qui ne sont pas de “Gauche” Comme Nicolas Baverez ou Olivier Pastré.
On y apprend que :
Si on regarde en France la distribution des dividendes dans les entreprises sur plusieurs années, on constate que 50 à 60 % des bénéfices ont été donnés aux actionnaires avec un pic en 2009.
Si on regarde les entreprises financières c’est encore beaucoup plus, près de 90%.
Selon Jézabel Couppey-Soubeyran cela implique trois choses :
« 1/ Cela traduit un manque de confiance en l’avenir.
2/ C’est la conséquence d’une pression très forte des actionnaires ;
3/ Cela constitue un frein énorme à l’investissement. »
« En matière de gouvernance les boites sont repartis comme en 14 » a ajouté Olivier Pastré, il veut dire comme avant la crise de 2008.
« La raison en est » a ajouté Benjamin Coriat que « Les rentabilités financières que peuvent produire l’argent investit par les hedges funds et les fonds de pension n’ont aucune commune mesure avec le rendement que produirait l’argent investit dans les entreprises. On court vers la catastrophe, nous avons une masse de profit qui est redevenu importante et qui tourne sur elle-même au lieu d’aller vers l’investissement. »
Ces interventions commencent un peu  après 30 mn de l’émission que vous trouverez ci-après « http://www.franceculture.fr/emission-l-economie-en-questions-ebola-impact-de-l-epidemie-sur-les-economies-de-l-afrique-de-l-oues
Le gouvernement de Manuel Valls est-il pour ce business-là ?
Bien évidemment non ! Qu’allez-vous penser ?
Toutefois le fait que ce propos ait été tenu à la City, centre de toute cette dérégulation financière, est plus que troublant.
Pendant ce temps on apprend  que la commission européenne a décidé de changer les règles de la comptabilité publique des États membres. À partir de 2015, Eurostat, l’institut européen de statistiques, demande aux États d’inclure dans leurs calculs de PIB l’argent tiré de la vente de la drogue, de la prostitution, du trafic de cigarettes ou d’alcool.
Et Mediapart d’ajouter : “On se demande pourquoi les experts se sont arrêtés en si bon chemin : pourquoi ne pas y inclure aussi l’argent des enlèvements, des trafics d’armes ou d’organes et toutes les activités sur lesquelles prospèrent les mafias ? Ce sera pour une prochaine fois, peut-être…”
En tout cas, la commission européenne se prononce aussi de manière résolue “pro-business”
« Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark. » écrivait Shakespeare dans “Hamlet”. S’il devait le dire aujourd’hui, il ne s’arrêterait pas au Danemark.