Dimanche 5 avril 2020

«La symphonie N°2 « Résurrection »
Gustav Mahler

Mot de jour spécial pendant la période de confinement suite à la pandémie du COVID-19

Dimanche dernier, ARTE a retransmis, un concert qui a eu lieu en 2019 à Barcelone.

Dans une salle somptueuse

Une interprétation magistrale

D’un très grand chef d’œuvre symphonique du répertoire.

Vous trouverez ci-après trois liens qui vous permettront de regarder et écouter ce moment magique :

<REPLAY ARTE>    <Sur Youtube>   <Sur Molotov>

La lecture de ce mot du jour peut donc s’arrêter là et basculer vers le visionnage de ce concert. Voici l’essentiel.

Mais on peut aller un peu plus loin…

D’abord s’intéresser à cette extraordinaire salle de concert <
Palau de la Música Catalana> “Le palais de la musique catalane » construit entre 1905 à 1908.

Wikipedia nous apprend que les bâtisseurs ont fait appel à des structures avancées telles que l’utilisation de nouveaux profils laminaires : il s’agit d’une structure métallique centrale stabilisée par des contreforts et des voûtes d’inspiration gothique. L’architecte innove par l’utilisation de murs-rideaux et fait appel à une grande variété de techniques artistiques : sculptures, mosaïques, vitraux et ferronneries.
L’architecte est catalan comme il se doit à Barcelone Lluís Domènech i Montaner. Cette salle a d’ailleurs mêlé son histoire avec celle de la Catalogne et ses combats contre le fascisme et pour l’indépendance.

Certains prétendent qu’il s’agit de la plus belle salle de concert du monde.

La salle de concert est le seul auditorium en Europe à n’être éclairé pendant la journée que par la lumière naturelle.

Le chef d’orchestre de ce concert Gustavo Dudamel dit :

« La beauté, l’aura de cette salle sont uniques au monde.
C’est un espace qui n’a rien de conventionnel.
A chaque venue, on y découvre quelque chose de nouveau. »

Ensuite, on peut s’intéresser à l’interprétation et aux interprètes.

L’Orchestre est l’Orchestre Philharmonique de Munich.
Ce fut déjà l’Orchestre qui fut celui du concert de la 8ème symphonie de Mahler que j’ai essayé de raconter lors du <mot du jour du 20 février 2019>

Cet orchestre fondé en 1893 fut dirigé plusieurs fois par Gustav Mahler qui le dirige dès 1897, et qui y crée ses Quatrième et Huitième Symphonies. C’est le disciple de Gustav Mahler, Bruno Walter qui assurera la création du Chant de la terre de Mahler en 1911, toujours avec cet orchestre.

Orchestre qui connut son apogée, entre 1979 et 1996, lorsque son directeur musical fut Sergiu Celibidache, musicien exceptionnel à qui je n’ai pas encore consacré de mot du jour, mais cela ne pourra durer.

Le chef d’orchestre est Gustavo Dudamel.

Un des plus grands chef d’orchestre actuel, né en 1981, il a été nommé en 2009 donc à 28 ans directeur musical de l’Orchestre Philharmonique de Los Angeles, soit un des plus grand orchestre du monde, c’est absolument unique. L’orchestre a d’ailleurs décidé de renouveler son contrat jusqu’à 2026.

Très jeune, il était arrivé à convaincre et à se faire conseiller par les grands chefs : Claudio Abbado, Daniel Barenboïm et Simon Rattle.

Mais ses débuts et son apprentissage, a eu lieu dans ce formidable programme d’éducation musicale El Sistema qui a été fondé par José Antonio Abreu au Venezuela et qui propose une méthode d’apprentissage alternative de la musique en permettant une intégration sociale de jeunes défavorisés.

L’élite de ces musiciens intègre l’Orchestre symphonique des jeunes du Venezuela Simón Bolívar. D’abord violoniste dans cet orchestre, il en devient rapidement le chef et fait des tournées mondiales avec cet orchestre d’une qualité remarquable.

Il faut voir et écouter cet orchestre, dirigé par Dudamel, jouait <Mambo de West Side Story Bersntein>

Et voici avec cette même formation, <Dudamel qui dirige aussi la 2ème symphonie de Mahler>

Avec Annie et Florence nous avons eu la chance de le voir avec son orchestre de Los Angelés. Chef charismatique, formidable musicien, il emporte l’adhésion.

Ce concert a aussi mis en valeur un chœur espagnol « Orfeó Català & Cor de Cambra del Palau de la Música Catalana » (Simon Halsey Director)

Et aussi deux solistes remarquables :

La soprano israélienne Chen Reiss, soprano et surtout une mezzosoprano américaine que je ne connaissais pas : Tamara Mumford

Quand elle se lève pour chanter, la première surprise est sa voix grave et profonde.

Et puis, il y a l’émotion qu’elle dégage dans son interprétation et qui émeut même Gustavo Dudamel.

Après les interprètes, il faut aussi s’intéresser à l’œuvre.

D’ailleurs l’œuvre est première par rapport aux interprètes.

La 2ème symphonie est la symphonie la plus populaire de Mahler probablement celle la plus souvent jouée dans les salles de concert. Elle fut créée le 13 décembre 1895 à Berlin.

Gustavo Dudamel la décrit de la manière suivante :

« C’est un hymne à la vie éternelle
Un hymne à la continuité.
Un hymne à la résurrection perpétuelle »

Cette symphonie est si populaire que lorsqu’on a vendu la partition originale aux enchères, elle est devenue la partition la plus chère de l’Histoire, le 29 novembre 2016, à Londres. Le manuscrit d’un morceau du compositeur autrichien a atteint le prix record de 5,32 millions d’euros.

Photo dédicacée par Mahler au chef belge Sylvain Dupuis qui avait programmé la 2ème à Liège en 1899 et invita le compositeur à la diriger à son tour l’année suivante.

Pour en savoir plus, il peut être pertinent de se référer au site <Esprits Nomades> :

« La Deuxième symphonie semble d’une seule coulée, emportant l’auditeur vers l’élan final, vers l’au-delà. Pourtant elle aura mis plus de six ans à venir au monde. […]
Mahler aimera toujours cette œuvre et en ferra sa carte de visite auprès des orchestres […]
Mahler l’a dirigée treize fois et l’a choisie pour son concert d’adieu à Vienne afin de marquer la fin de son règne de 10 ans comme directeur de l’Opéra de Vienne. […]
Plus qu’une musique c’est une vision. Vision spirituelle et métaphysique et aussi description des combats tumultueux pour arriver à la lumière. Le thème est vieux comme le monde : le problème de la vie et de la mort résolu par la résurrection.

Bien des forces antagonistes se combattent, en cela elle est la plus beethovénienne des musiques de Mahler. »

La mezzo chante dans le quatrième mouvement :

« L’homme est accablé d’une si grande souffrance !
L’homme est accablé d’une si grande peine ! »

A cela le chœur et les deux solistes vont répondre dans le 5ème mouvement :

« Ressusciter, oui, tu vas ressusciter, […]
O crois, mon âme, crois
que rien n’est perdu pour toi !
Tu as maintenant ce que tu as désiré,
ce que tu as aimé, ce pour quoi tu as lutté !
O crois que tu n’es pas née en vain,
que ce n’est pas en vain que tu as vécu et souffert !
Ce qui a été engendré doit passer, ce qui est passé doit ressusciter ! Cesse de trembler ! Prépare-toi ! Prépare-toi à vivre ! […]
Ressusciter, oui, tu vas ressusciter, mon âme, seul instant !
Et ce que tu as vaincu
te mènera vers Dieu ! »

C’est merveilleusement beau.

La salle, les interprètes, l’œuvre et un dernier point pourrait être ma relation personnelle avec cette œuvre.

La relation notamment en concert. Je pense que c’est l’œuvre symphonique que j’ai le plus souvent entendu en concert.

Nous avons déjà eu deux concerts de la 2ème de Mahler à l’Auditorium de Lyon et cette saison, il est prévu le 23 mai que nous ayons à nouveau cette symphonie dirigée par Jukka-Pekka Saraste à Lyon. Le confinement sera-t-il terminé ?

Et puis je l’ai entendu plusieurs fois à Paris.

Mais deux concerts sont restés très forts dans ma mémoire.

  • Le mardi 26 avril 1988, à la salle Pleyel, nous avons assisté Annie et moi à notre premier concert en commun, ce fut la 2ème symphonie de Mahler avec l’orchestre de Paris dirigé par Eliahu Inbal.

Depuis nous ne nous sommes plus quittés.

  • Et puis le mercredi 30 mai 2012, à Angers, sur l’insistance de mon ami Didier, avec Didier et Hélène j’ai assisté au dernier concert dans lequel j’ai vu mon frère Gérard jouer.

Il était, alors, le super soliste de l’orchestre philharmonique des pays de la Loire et menait donc l’orchestre dans cette 2ème symphonie dans le cadre de la commémoration des 40 ans de l’Orchestre.

Dans le cadre de l’épreuve de COVID-19, il ne me semble pas trop tôt de parler de résurrection.

Il est important, quand on se trouve dans l’épreuve, de savoir qu’il y aura une fin et un nouveau départ.

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