Mardi 23 septembre 2014

Mardi 23 septembre 2014
«Dislocation à gauche»
Figure de style
Oui c’est une figure de style et non une description se rapportant à la situation politique française.
Il y a deux niveaux : d’abord la dislocation, puis la dislocation à gauche
Voilà la définition qu’en donne le Bescherelle:   «La dislocation détache un élément et le reprend ou l’annonce par un pronom personnel ou démonstratif.»
Exemple:  «Marie, elle commence son stage de voile en août.»
Comme le pronom vient renforcer le sujet, donnant de l’emphase à la phrase, on parle d’une dislocation anaphorique. Une tournure qu’il vaut mieux n’employer qu’à l’oral : le Bescherelle précise que «l’usage soigné évite les dislocations familières. On dit souvent, mais on évite d’écrire des phrases du type Pierre, il vous a déjà transmis les dossiers».
Le fait d’employer cette formulation en début de phrase est plus précisément qualifié de «dislocation à gauche», par opposition à la dislocation à droite, ou le sujet précis est rejeté en fin de phrase «Elle va faire 50 milliards d’économie, la France»
Slate, nous apprend l’actualité de cette figure de style, particulièrement fréquentée par notre président actuel. (Je sens que les mots du jour vont pouvoir à l’avenir se délecter de “président actuel”, “ancien président” et aussi “futur président”, un véritable régal)
Vous vous souvenez, que lors du débat de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle, nous avions grâce à lui redécouvert l’anaphore “moi président”. Lors de la dernière conférence de presse, il a récidivé avec : “C’est pas facile”.
Mais une autre figure de style récurrente frappe dans le discours présidentiel : la dislocation à gauche. Voici quelques exemples relevés notamment par l’AFP et Libération lors de la conférence de presse organisée ce jeudi 18 septembre:

«La France, elle va faire 50 milliards d’économie et ce n’est pas si facile. […] La France, elle ne fera pas davantage parce que ce serait mettre en cause la croissance.»

«L’Europe, elle a besoin de la France parce que nous sommes la deuxième économie de l’Europe. […] Alors la France, elle compte.»

«Les résultats, ils tardent à venir, je le sais, je le vois.»

«Le scepticisme, bien sûr qu’il est grand»

Je finirai par la conclusion de Slate : Le président, il a une grammaire frondeuse