Mardi 17 mars 2020

« L’anachronisme d’une semaine sur l’autre »
Frédéric Says

Anachronisme vient du grec, ana : en arrière et khronos : le temps.

De manière très matérielle, on parle d’anachronisme dans une œuvre artistique, littéraire, dans un film lorsqu’on y trouve une erreur de chronologie qui consiste à y placer un concept ou un objet qui n’existait pas encore à l’époque illustrée par l’œuvre. Il est courant de trouver sur internet des sites comme <celui-ci> qui dévoile des anachronismes dans des films célèbres.

Mais ce sens est assez futil et superficiel.

L’anachronisme en Histoire présente un intérêt intellectuel d’une autre profondeur.

Pendant mes études d’Histoire, je me souviens de cet avertissement d’une professeure :

« Un historien doit toujours se prémunir devant l’anachronisme »

L’anachronisme en Histoire, c’est juger, apprécier une situation historique ancienne avec les valeurs, les connaissances, les mœurs d’aujourd’hui.

L’anachronisme doit bien sûr se comprendre par rapport à des évènements qui se sont passés il y a des siècles et qu’on ne comprend pas parce qu’on n’en apprécie pas le contexte de cette époque.

L’épidémie actuelle distord tellement notre rapport au temps que l’anachronisme se dévoile en l’espace de quelques semaines.

C’est ce que dévoile Frédéric Says dans sa chronique du 16 mars.

Il rappelle que des hommes politiques qui ont demandé, dimanche, le report du second tour des municipales comme une chose évidente et qui posaient la question de l’inconscience du président d’avoir organisé le premier tour dans ces conditions, avaient eux-mêmes, une semaine avant, affirmé que cette élection devait absolument se tenir, sinon nous n’étions plus dans un état de droit.

Une semaine avait suffi pour qu’ils oublient les conditions dans lesquelles leurs propos ont été tenus et la décision a été prise.

Il cite un autre exemple, celui de Carla Bruni Sarkozy.

« On se fait la bise, c’est dingue ! » avait-elle lancé au président-directeur général de LVMH avant de lâcher : « On est de l’ancienne génération, on a peur de rien nous. […] on craint pas le coronavirus » .

Elle a été filmée. Depuis elle a été attaquée sur ce point, elle s’est excusée.

Cet épisode avait eu lieu le 28 février, soit il y a 17 jours.

Frédéric Says pose alors de question de savoir où nous en étions, nous même, le 28 février au niveau de la bise, des contacts et de la conscience du danger de ce virus qui attaque le monde d’homo sapiens ?

Les propos qu’on attribue au Christ : « Que celui qui n’a jamais péché, jette la première pierre» semblent appropriés.

Moi-même, j’écrivais le 11 mars : « La plus grande menace qui nous guette, c’est une coronapanique » :

« Certes, c’est une épidémie, certes on n’a pas de vaccin, certes on n’a pas vraiment de médicament pour guérir cette maladie du Covid19 qui a débuté en décembre 2019 dans la ville de Wuhan en Chine.

Maladie qui est provoquée par le coronavirus SARS-CoV-2.

Mais quand même !

Je ne suis pas certain que nous sommes en face d’un grave danger de santé publique »

C’était, il y a 6 jours. Nous sommes dans un anachronisme accéléré.

Tout cela doit nous conduire à une grande humilité.

Frédéric Says dit :

« Le confinement doit aussi concerner les égos et les rodomontades »

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